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Le journal de lecture comme pratique de recherche     

Le journal de lecture comme pratique de recherche

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À la croisée de la lecture et de l'écriture, les journaux de lecture peuvent être aussi des outils de recherche et d'enseignement stimulants pour qui souhaite enquêter sur l'interprétation et la réception des œuvres littéraires et/ou proposer des exercices favorisant l'appropriation des œuvres par les étudiant·e·s. Dans un essai inédit qui forme une nouvelle entrée de l’Atelier de Théorie Littéraire, Anne-Claire Marpeau revient sur cette pratique qu’elle a mis plusieurs fois en place, comme en témoigne aussi sa contribution sur la réception d’Emma Bovary dans la récente livraison de Fabula-LhT. Comparativement à d’autres pratiques de constitution de sources, le journal permet de récolter les traces d’une lecture sur une temporalité longue, intégrant les variations émotionnelles et interprétatives de l’enquêté·e. S’il autorise un accès plus précis à l’intimité du sujet lisant, sa mise en place ne peut s’imaginer sans plusieurs précautions méthodologiques, qu’Anne-Claire Marpeau détaille, tout en exemplifiant à la fois ses usages, ses fondements théoriques et ses limites. Si les enquêtes de réception sont largement installées aujourd’hui dans les perspectives sociologiques et didactiques, l’article montre comment le journal de lecture permet d’inscrire une démarche de recherche dans le champ des études culturelles, et il ne fait aucun doute que les théories de la littérature et du récit pourraient aussi y trouver un laboratoire riche ou mettre en question leurs hypothèses sur les effets supposés des textes, les cadrages sociaux de la lecture comme pratique ou encore l’appartenance de chaque lecteur·trice à différentes communautés interprétatives.