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Le désir d’ordre par les nombres dans les pratiques artistiques contemporaines (Paris 1)

Le désir d’ordre par les nombres dans les pratiques artistiques contemporaines (Paris 1)

Publié le par Marc Escola (Source : Adrien Abline)

Appel à communications

Le désir d’ordre par les nombres dans les pratiques artistiques contemporaines

Journée d’étude à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

en collaboration avec le séminaire « Le langage autorisé » organisé par Christophe Viart,

avec le soutien de l’école doctorale 279 APESA.

Paris, février 2018.

 

La journée d’étude a pour problématique le désir d’ordre par les nombres dans les pratiques artistiques contemporaines. Le sujet de la recherche s’applique à spécifier la question d’un ordre (à soumettre ou soumis) dans l’emploi des nombres dans les pratiques artistiques contemporaines. L'enjeu de la recherche, au regard de productions artistiques récentes, consiste à interroger l'omniprésence des nombres dans notre environnement quotidien. L'analyse d'emplois multiples des nombres dans les pratiques artistiques a pour ambition de porter un regard critique sur les mécanismes communicationnels consistant à simplifier une information en un nombre. A l’image des chroniques type « le chiffre du jour », des spéculations chiffrées de tâches à accomplir ou encore des estimations du vivant dans le monde médical ou politique, la mise en scène des nombres est devenue symptomatique d’une démarche quantitative banalisée qu'il nous apparaît, à l'ère des Datas, important de discuter.

 

Les artistes avec souvent beaucoup d'humour ont proposé des interprétations originales aux nombres. Tels font exemples les dessins Mieux que rien (1995), Le 2 de 25 (1991), Un 3 qui commence bien (1994), Un 4 qui ne sert à rien (1993), 143 écrit avec un 5 (1994) de l'artiste Claude Closky. Dans l'entreprise consumériste de cet artiste, le caractère informationnel des nombres sort du langage communément entendu. L’artiste s’autorise des écarts, des réagencements permettant de constituer un ordre, de classer pour mieux déployer les possibles.

Le désir d'ordre inhérent à l'entreprise de nombres sera ainsi étudié à travers deux pistes.

Une première piste consiste à questionner une attitude « sérielle » chez des artistes contemporains. L’attitude sérielle a été pour la première fois développé par Mel Bochner dans son article intitulé The serial attitude1 publié dans la revue ArtForum en décembre 1967. L'attitude sérielle défendue par Mel Bochner se détache du travail « en série » qui, par exemple, insiste ou regroupe dans un ensemble, un thème que l'artiste poursuit. L'attitude sérielle consiste pour un artiste à établir un système et à y méthodologiquement épuiser les possibilités de ce système. Mel Bochner précise cette manière de faire en trois postulats fondamentaux.

« 1. Les éléments ou les divisions internes de l’œuvre découlent d'un procédé numérique ou de toute autre méthode systématiquement prédéterminée (permutation, progression, rotation, renversement).

2. L'ordre prend le pas sur l'exécution.

3. L’œuvre achevée obéit fondamentalement à un principe d'économie et épuise systématiquement toutes ses possibilités. »2

La seconde piste se concentre sur le désordre relatif à un résultat. Dans son ouvrage La Mesure. Histoire, science et technique, Jean Perdijon pose la question de la tentation du truquage dans la production scientifique. Il précise : « Le fraudeur peut agir à tous les niveaux de la mesure : sur le matériel étudié, sur les expériences réalisées, sur les résultats obtenus. »3 Faisant état du terme peu élogieux de découvertes dites bidonnacées : « Les bidonnacées sont l’œuvre de chercheurs qui, succombant à la tentation du résultat fabriqué, inventent des chiffres fictifs, manipulent leurs animaux de laboratoire, trafiquent leurs données, etc. »4 Jean Perdijon pose ainsi le problème du caractère « trop » manipulable des nombres. Les nombres ne sont pas les vecteurs d'une réalité et la méthode qui les dicte peut parfois être contestable. Mis à l’étude dans le champ artistique, les nombres seront étudiés pour leur dessein d'ordre qu'ils exposent et qu'il est parfois bon de rejeter. Les stratégies mises en place par les artistes pour déjouer à travers les nombres, les systèmes ou processus quantifiables qui nous ordonnent seront précisés. A l’exemple de la contribution féconde de Julien Prévieux dans l'ouvrage Statactivisme Comment lutter avec des nombres, la pratique artistique devient résistante à un ordre.

Les propositions attendues devront entrer en discussion avec le sujet et une pratique artistique contemporaine. Cette journée d’étude transdisciplinaire est ouverte à d’autres disciplines (musique, cinéma, danse, littérature…). Elle évoque le souhait de présenter, à travers des pratiques artistiques variées, comment un artiste, dans son désir d’ordre, organise les nombres de manière singulière. Les réponses devront interroger une pratique artistique à partir d’œuvres, d'expositions, d'écrits d'artistes ou d'entretiens réalisés avec les artistes de leur choix. Les interventions des sélectionnés dureront 20 minutes et se suivront par des échanges avec les participants et le public.

 

FORMULATION D’UNE RÉPONSE :

La journée d'étude aura lieu en février 2018. Les propositions de communication, d’une page accompagnée d’une brève notice biographique, devront être adressées simultanément à Adrien Abline et Nolwenn Michel avant le 01 décembre 2017 aux adresses électroniques suivantes : adrien.abline@gmail.com et mi.nolwenn@gmail.com. Une réponse sera rendue le 15 décembre 2017.

ORGANISATEURS :

Adrien Abline (doctorant en arts plastiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Nolwenn Michel (doctorante en arts plastiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

 

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :

Bertin, Jacques, Sémiologie graphique : les diagrammes, les réseaux, les cartes, Paris, EHESS, 2005.

Bochner, Mel, Spéculations Écrits, 1965-1973, Genève, Mamco, 2006.

Bruno, Isabelle, Didier, Emmanuel, Prévieux, Julien, Statactivisme : Comment lutter avec des nombres, Paris, Découverte, 2014.

Ifrah, Georges, Histoire universelle des chiffres, Paris, Robert Laffont, 1994.

Perdijon, Jean, La mesure. Histoire, science et technique, Paris, Vuibert, 2012.

Perec, George, Cahier des charges de La vie mode d’emploi, Paris, Édition CNRS, 1993.

L’œuvre en programme, catalogue d’exposition, Bordeaux, CAPC, 2005.

Paul, Frédéric, Claude Closky, Paris, Hazan, 1999.

 

1. Article disponible en version originale et traduit en français dans l'ouvrage Bochner, Mel, Spéculations Écrits, 1965-1973, Genève, Mamco, 2006, p. 137-150.

2. Bochner, Mel, Spéculations Écrits, 1965-1973, op. cit., p. 137.

3. Perdijon, Jean, La mesure. Histoire, science et technique, Paris, Vuibert, 2012, p.14.

4. Ibidem, p.14.

  • Responsable :
    Adrien Abline
  • Adresse :
    Centre Saint Charles (Paris 1)