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L'Archipel Raoul Ruiz

L'Archipel Raoul Ruiz

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Emmanuel Plasseraud)

L’Archipel Raoul Ruiz 


Colloque 1 et 2 juin 2023
 Université Bordeaux Montaigne
 
Comité d’organisation : Pierre Beylot (Bordeaux Montaigne), Andrea Cabezas Vargas (Université d’Angers), Emmanuel Plasseraud (Bordeaux Montaigne) 

 
Entamée au Chili, à la fin des années 1960, et marquée par la rupture de l’exil, en 1973, puis l’installation en France et le développement d’une carrière internationale, l’œuvre de Raoul Ruiz est connue essentiellement pour le caractère prolifique de sa production cinématographique, qui compte plus d’une centaine de films (long et court-métrages). Mais elle possède également une dimension protéiforme, puisqu’il faut ajouter à cela quelques séries de télévision, œuvres théâtrale et opératique, plusieurs textes littéraires (du roman au conte), ainsi qu’une activité théorique ayant donné lieu aux deux tomes publiés de Poétique du cinéma
           

Cette œuvre immense a souvent été comparée à un archipel, tant elle obéit à des principes de dispersion, d’hétérogénéité et d’incommensurabilité. Cela rappelle aussi le goût de Ruiz pour la mer, lui qui est né dans le port de Puerto Montt, face à l’île de Chiloé, et dont le père était capitaine dans la marine marchande. Elle est donc ouverte à tous les vents, offerte à de multiples points de vue, que ce colloque ambitionne d’explorer à partir de plusieurs thématiques, destinées à renouveler les études ruiziennes. La critique et certains théoriciens ont longtemps eu tendance à résumer l’esthétique du cinéaste au qualificatif de baroque. Si cette étiquette n’est pas à répudier, notamment pour ses films des années 1980, qui ont paru être les exemples les plus probants de l’existence de ce style au cinéma, il convient aujourd’hui d’envisager selon d’autres perspectives cette œuvre qui déborde largement la seule esthétique baroque. Nous proposons de regrouper diverses problématiques autour de quatre grands axes de réflexion (plus un) :


1 / Ruiz et la théorie du cinéma
L’œuvre de Ruiz se prête éminemment à de nombreux questionnements théoriques sur le cinéma, non seulement parce que Ruiz a alimenté ces questionnements par ses nombreux articles, interviews, et ses deux tomes de Poétique du cinéma, mais aussi parce que ses films intègrent de multiples figures méta-réflexives (ombres, miroirs, dédoublements, bifurcations narratives, etc.). Les propositions pourraient concerner les relations entre la théorie ruizienne et sa pratique filmique, entre sa théorie et celles d’autres théoriciens (comme Jean-Marie Schefer, avec lequel il a collaboré), ou encore la dimension théorique méta-réflexive de ses films. Ces derniers pourront être envisagés à partir du défi qu’ils posent à la narratologie, dans leur dispositif donnant la prépondérance au visuel sur le récit, dans leur traitement souvent ludique de certains genres filmiques (documentaire, reportage télévisuel, film de danse, roman-photo, genre fantastique, de science-fiction, etc.), ou encore à partir de leurs réception critique.


2 / Les périodes de Ruiz
La carrière de Ruiz a connu plusieurs périodes, qui peuvent être questionnées comme des sous-ensembles permettant d’envisager l’œuvre ruizienne plus en détail, à partir de problématiques stylistiques, mais aussi économiques (à quel type de production correspond-elle ?), sociologiques (dans quel état de la société s’inscrit-elle ?) ou encore politique (son appartenance au Nouveau Cinéma Latino-américain, son engagement avec Chile Films et la Unidad Popular). A cet égard, les périodes, mais aussi les transitions ou les chevauchements entre elles peuvent être abordées, ainsi que les films qui font exception, ou pourraient anticiper et rappeler les périodes suivantes et antérieures. Nous proposons la périodisation suivante, qui demande à être redessinée à partir des communications proposées : période chilienne (1967-1973), les années INA (1973-1979), la période baroque (1980-1991), les films à « stars » (1992-2002), le retour au Chili (2002-2011).


3 / Ruiz et les arts
Les relations que Ruiz entretient avec les arts non-cinématographiques peuvent être évaluées à partir de ses pratiques intertextuelles, dans le cadre de ses films, de ses séries de télévision et de ses créations dans les domaines théâtral et littéraire, ainsi qu’à partir de son engagement politique et social. Ruiz a réalisé de nombreuses adaptations de romans, de Klossowski (La Vocation suspendue, L’Hypothèse du tableau volé), Proust (Le Temps retrouvé), Giono (Les Âmes fortes), Stevenson (L’Île au trésor) ou encore Balzac (La Maison Nucingen). Il s’est également servi de pièces de théâtre de Racine (Bérénice), Shakespeare (Richard III), Calderon (Mémoires des apparences), ainsi que d’un ballet (Mammame). Ses films sont constellés de références au monde des arts sous toutes ses formes, majeures et mineures. Ruiz a aussi réalisé des émissions sur des œuvres d’art (le château de Chambord dans Les divisions de la nature), et le portrait documentaire du peintre Jean Miotte. L’intertextualité filmique avec les autres arts est donc abondante, et si elle a déjà été commentée, elle est loin d’avoir livré tous ses secrets. Par ailleurs, après la légendaire écriture, dans sa jeunesse, d’une centaine de pièces de théâtre, Ruiz en a publié une, Le Convive de Pierres, et mis en scène La Vie est un songe de Calderon, ainsi qu’un opéra (Médée). Il a également écrit plusieurs textes littéraires, Le Transpatagonien (avec l’auteur de bandes dessinées Benoît Peeters), A la poursuite de l’île au trésor, Le Livre des disparitions et L’Esprit de l’escalier. Moins commentées, ces œuvres bénéficieraient d’analyses les mettant éventuellement en rapport avec l’œuvre filmique de Ruiz.


4 / Ruiz et ses collaborateurs
Ruiz s’est entouré de collaborateurs fidèles tout au long de sa carrière, notamment à partir de son installation en France. Des chiliens, comme la monteuse de ses films, Valeria Sarmiento, elle-même réalisatrice, ou encore le musicien Jorge Arriagada. Des portugais, comme Paolo Branco, qui a produit nombre de ses films à partir des années 1980, dans le cadre de budgets réduits ou plus ambitieux, ou comme le chef opérateur Acacio de Almeida. Des français, comme les chefs opérateurs Henri Alekan et Sacha Vierny, à l’époque de l’INA, ou le scénariste Pascal Bonitzer dans les années 1990. Des acteurs et actrices, peu connus lorsqu’ils ont commencé à tourner avec lui dans les années 1980, comme Melvil Poupaud, Anne Alvaro, Jean Badin ou Jean-Bernard Guillard, ou qui ont trouvé avec lui, à partir du moment où la notoriété venant, le monde des « stars » lui a été accessible, un univers leur permettant de jouer avec leur persona : John Malkovich, Elsa Zylberstein, Arielle Dombasle, Marcelo Mastroianni, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, etc. L’apport de ces nombreuses collaborations pourrait donner lieu à des études de cas selon une perspective génétique, voire économique, montrant combien l’univers ruizien, à l’apparence si singulière, doit aussi aux diverses rencontres qui ont émaillées la carrière du cinéaste.


5 / Miscellanées
Tout ce qui ne rentre pas dans le cadre des ensembles précédents, mais qui aide à mieux connaître le travail de Raoul Ruiz, dans son « incommensurable diversité » (Voyage d’une main)…
 

***
Les propositions de communication (en français, en anglais et en espagnol), accompagnées d’un résumé de 250 à 300 mots, et d’une courte biographie, sont à déposer avant le 30 MAI 2022. Merci de soumettre ces documents directement sur le site du colloque (https://raoulruiz.sciencesconf.org) et/ou à l'adresse suivante : emmanuel.plasseraud@u-bordeaux-montaigne.fr.


 
Pour le dépôt sur le site du colloque, il faut créer un compte avant de pouvoir remplir les différents champs du formulaire de depôt et d'y transférer votre document.
 
Vous serez informé·e de l’acceptation de votre soumission avant le 15 juillet 2022.
 
Les frais de transport seront à la charge de chaque participant·e.
 
Dans la mesure où les conditions sanitaires le permettront, les présentations « en présentiel » seront privilégiées. Veuillez indiquer si vous envisagez de vous déplacer à Bordeaux pour le colloque. Nous gardons toutefois la possibilité de donner la possibilité à des présentations en distanciel de se dérouler.
 
Les communications seront d’une durée de 25 mn.
 
Bibliographie indicative
Ruiz Raoul, Peeters Benoît, Le Transpatagonien, Paris-Bruxelles, Casterman, 1989
Ruiz Raoul, Le Livre des disparitions, Paris, Dis voir, 1990
Ruiz Raoul, Le Convive de pierre, Arles, Acte Sud, 1992
Ruiz Raoul, Poétique du cinéma 1, Miscellanées, Paris, Dis voir, 1995
Ruiz Raoul, Entretiens, Paris, Editions Hoëbeke, 1999
Ruiz Raoul, Poétique du cinéma 2, Paris, Dis voir, 2006
Ruiz Raoul, A la poursuite de l’île au trésor, Paris, Dis voir, 2008
Ruiz Raoul, L’Esprit de l’escalier, Paris, Fayard, 2012
 
Buci-Glucksmann Christine, Revault d’Allonnes Fabrice, Raoul Ruiz, Paris, Dis voir, 1987
Martin Adrian, Ruiz Raúl, Raúl Ruiz: Sublimes obsesiones, Buenos Aires, Editorial Altamira, 2004
Plasseraud Emmanuel, Cinéma et imaginaire baroque, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2007
Bégin Richard, Baroque cinématographique, Essai sur le cinéma de Raoul Ruiz, Vincennes, Presses Universitaires de Vincennes, 2009
de los Ríos Valeria, Pinto Iván, El cine de Raúl Ruiz. Fantasmas, simulacros y artificios, Santiago de Chile, Uqbar Editores, 2010
Cortinez Veronica, Engelbert Manfred, La Tristeza de los tigres y los misterios de Raúl Ruiz, Santiago de Chile, Cuarto Propio, 2011
Sánchez Garfias Cristián, Aventura del cuerpo: El pensamiento cinematográfico de Raúl Ruiz, Santiago de Chile, Ocho Libros Editores, 2011
Marías Miguel, Rosenbaum Jonathan, Margolin François et alt., Raúl Ruiz, Madrid, Cátedra, 2012
Goddard Michael, The Cinema of Raúl Ruiz: Impossible Cartographies, Londres-New York, Wallflower Press, Columbia University Press, 2013
Scarpetta Guy, Peeters Benoît, Raoul Ruiz, le magicien, Paris, Les Impressions nouvelles, 2015
Marinescu Andreea, López-Vicuña Ignacio, Raúl Ruiz's Cinema of Inquiry, Detroit, Wayne State University Press, 2017
Villarroel Mónica, Aguilar Gonzalo Moisés, De Ruiz a la utopía contemporánea del cine chileno y latinoamericano, Santiago de Chile, LOM Ediciones-Cineteca Nacional de Chile, 2017
Navarro Mayorga Sergio, La naturaleza ama ocultarse: El cine chileno de Raúl Ruiz (1962-1975), Santiago de Chile, Metales Pesados, 2019
de los Ríos Valeria, Metamorfosis. Aproximaciones al cine y la poética de Raúl Ruiz, Santiago de Chile, Metales Pesados, 2019