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L’adaptation – roman/film, BD/film, théâtre/film, film/littérature (Atelier n°1, colloque virtuel APFUCC)

L’adaptation – roman/film, BD/film, théâtre/film, film/littérature (Atelier n°1, colloque virtuel APFUCC)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marie Pascal)

Congrès virtuel

14–17 mai 2022

ATELIER  1 



L’adaptation – roman/film, BD/film, théâtre/film, film/littérature



Les responsables de l’atelier : 

Marie Pascal, University of Western Ontario, mpascal3@uwo.ca 

Jeri English, University of Toronto, jeri.english@utoronto.ca 


Il appert que, de nos jours, un grand nombre des films produits sont des « adaptations » cinématographiques. Pourtant, la recherche concernant le dialogue texte-film est si peu avancée que l’adaptation n’est toujours pas, à ce jour, considérée comme une discipline à part entière et est reléguée aux marges des départements de cinéma. Quant aux chercheurs et chercheuses qui tentent d’en étudier les spécificités et les apports, et de théoriser sur ce qui pourrait s’avérer une discipline riche, ils ou elles aront toutes les peines du monde à se revendiquer de l’un et de l’autre des deux pôles (hypo vs hyper)— des études littéraires et cinématographiques.

Bien qu’elle soit prolifique, la critique n’a pourtant jamais mené à un consensus en ce qui concerne le terme même d’« adaptation ». Dès 1948, dans « Pour un cinéma impur. Défense de l’adaptation », André Bazin explique que les premiers films sont « emprunt et pillage » (p. 87) de la littérature, ce qui, paradoxalement, s’avère profitable aux deux. S’attaquant à une attitude anti-adaptation généralisée, il explique qu’« il est absurde de s’indigner des dégradations subies par les chefs d’œuvres littéraires à l’écran, du moins, au nom de la littérature. Car si approximatives que soient les adaptations ne peuvent pas faire de tort à l’original auprès de la minorité qui le connaît et l’apprécie » (p. 93) Georges Bluestone (1957) parle de « métamorphose » et Marie-Claire Ropars-Wuilleumer (1998) actualise tour à tour les termes « translation », « médiation », « mutation », « transécriture », et « réécriture » (p. 131). Quelques années plus tôt, dans Ecraniques (1990), elle avait rappelé la force du lien texte/film en se focalisant sur la manière dont le second poursuit et complète le premier : « l’écriture cinématographique s’est construite dans le sillage de l’écriture littéraire ; mais en empruntant à la littérature ses matières et ses modes, elle lui retourne l’image agrandie, déformée, démultipliée de son fonctionnement » (p. 12-3). 

Au cours d’un colloque sur la « transécriture », André Gaudreault et Philippe Marion (1998) proposent le néologisme « intermédialité » (p. 31) pour revendiquer d’une part l’idée que chaque sujet est doté de « sa propre configuration intrinsèque » et rappeler d’autre part, à l’instar de Bazin, que « plus les qualités de l’œuvre sont importantes et décisives, plus l’adaptation en bouleverse l’équilibre, plus aussi elle exige de talent créateur pour reconstruire» (p. 97). Suivant la même idée, André Gardiès (1998) définit le texte comme un « réservoir d’instructions » (p. 68) et substitue « transécriture » à « adaptation ». Après avoir rappelé la multitude de termes péjoratifs utilisés par les détracteurs de l’adaptation dans Literature Through Film (2005), Robert Stam propose plusieurs concepts qui, l’éloignant de toute aspiration éventuelle à la fidélité, pourraient lui être substitués (parmi lesquels figurent : « actualisation », « détournement », « dialogisation », « transmutation », « cannibalisation », « incarnation », « lecture critique » et « performance »). Enfin, dans A Theory of Adaptation (2006), Linda Hutcheon élicite trois définitions de l’adaptation, qui apparait à la fois comme un « produit formel », un « procédé de création », et un « procédé de réception » (nous soulignons). Au pied de cette surenchère terminologique et définitoire, il reste étonnant de conclure que peu de critiques se concentrent sur les enjeux mêmes de cette métamorphose d’un récit littéraire en récit cinématographique, ce que nous proposons de faire dans cet atelier.

Pour conserver le statut intermédial, interculturel, intertextuel et ludique de notre discipline balbutiante, nous invitons des propositions (250-300 mots) dont l’objet sera d’élaborer une théorie personnelle concernant l’adaptation ou de mettre en regard deux visages d’un même récit (roman et film ; BD et film ; pièce de théâtre et film ; film et littérature, pour ne citer que ces exemples). Si la terminologie est libre, nous donnerons la préférence aux présentations établissant un cadre théorique préalable à leur analyse. Parmi les pistes de réflexion possibles, nous proposons les axes suivants :

-          Théorie de l’adaptation : proposition de grilles d’analyse, études quantitatives, etc.

-          Musique et adaptation

-          Du film au texte

-          Évolution de la narration entre texte et film, film et texte

-          Désirs de continuations

-          Études de cas de dialogues texte/film (théorisation préalable attendue) : roman/film, théâtre/film, nouvelle/film, BD/film

 Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) : le 15 décembre 2021 

Le colloque annuel 2022 de l’APFUCC sera virtuel et se tiendra dans la cadre du Congrès de la Fédération des sciences humaines. Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2022 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. 

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2022.

Bibliographie 

Bazin, André, « Ontologie de l’image photographique » (1945), Qu’est-ce que le cinéma ? Poitiers : Les Editions du cerf, 1975, p. 9–17.

Bazin, André, « Pour un cinéma impur. Défense de l’adaptation » (1948), Qu’est-ce que le cinéma ? Poitiers : Les Editions du cerf, 1975, p. 81–106.

Bazin, André, « Théâtre et Cinéma » (Esprit 1951), Qu’est-ce que le cinéma ? Poitiers : Les Editions du cerf, 1975, p. 129–178.

Bluestone, George, Novels Into Films, Baltimore/London : Johns Hopkins University Press, 1957.

Boozer, Jack, Authorship in Film Adaptation, University of Texas Press, 2008.

Buckland, Warren (dir.), Puzzle Films—Complex Storytelling in Contemporary Cinema, Chichester, West Sussex ; Malden, MA : Wiley-Blackwell, 2009.

Châteauvert, Jean, Des Mots à l’image. La voix over au cinéma, Paris : Méridiens Klincksieck, 1966.

Chion, Michel, La Voix au cinéma, Paris : Editions de l’Etoile, 1982.

Chion, Michel, Le Son au Cinéma, Paris : Editions de l’Etoile, 1985.

Costanzo Cahir, Claire, Literature into Film—Theory and Practical Approaches, North Carolina: McFarland, 2006.

Fleishman, Avrom, Narrated Films: Storytelling in Cinema History, Baltimore/London : Johns Hopkins University Press, 1992.

Gagnon, François, « Histoire de l’adaptation filmique », Cinéma et Littératures au Québec : Rencontres médiatiques (dir. Michel Larouche), 2003, Montréal : XYZ Editeur, p. 151–188.

Gardies, André, « Le narrateur sonne toujours deux fois », La Transécriture—Pour une théorie de l’adaptation (dir. André Gaudreault, Thierry Groensteen), 1998, Québec : Nota Bene, p. 65–79.

Gaudreault, André, Du Littéraire au filmique—Système du récit, Paris : Méridiens Klincksieck, 1988.

Gaudreault, André ; Marion, Philippe, « Un art de l’emprunt. Les sources intermédiales de l’adaptation », Littérature et cinéma au Québec (1995–2005) (dir. Carla Fratta ; Jean-François Plamondon), 2008, Bologna : Pendragon, p. 13–29.

Hutcheon, Linda, A Theory of Adaptation, London/New York : Routledge, 2006.

McFarlane, Brian, Novels to Films—An Introduction to the Theory of Adaptation, Oxford : Clarendon Press, 1996.

Metz, Christian, Le Signifiant imaginaire—Psychanalyse et cinéma, Paris : Union générale d’éditions, 1997.

Ouellet, Josianne, « L’adaptation cinématographique québécoise depuis Séraphin. Un homme et son péché : résurgence d’un phénomène cyclique ou exploration de nouvelles voies ? », Littérature et cinéma au Québec (1995–2005) (dir. Carla Fratta ; Jean-François Plamondon), 2008, Bologna : Pendragon, p. 93–111.

Ropars-Wuilleumier, Marie-Claire, Ecraniques—Le Film du texte, Presses Universitaires de Lille, 1990.

Ropars-Wuilleumier, Marie-Claire, « L’œuvre au double : les paradoxes de l’adaptation », La Transécriture—Pour une théorie de l’adaptation (dir. André Gaudreault, Thierry Groensteen), 1998, Québec : Nota Bene, p. 131–149.

Stam, Robert, Literature Through Film—Realism, Magic, and the Art of Adaptation, Malden : Blackwell, 2005.

Stam, Robert, Literature and Film—A Guide to the Theory and Practice of Adaptation, Malden : Blackwell, 2005.