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Appels à contributions
La santé et la colonisation

La santé et la colonisation

Publié le par Université de Lausanne (Source : Madhura Joshi)

Appel à contributions

La santé et la colonisation

 

La Société d’Activités et de Recherches sur les mondes Indiens (SARI) et la revue plurilingue et pluridisciplinaire Miroirs (www.revuemiroirs.fr) lancent un appel à contributions sous forme d’articles afin de publier un numéro thématique en lien avec la crise sanitaire actuelle et de la situer dans une perspective pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales.

Les crises sont aussi des occasions de choix. Les fantômes qui hantent encore notre monde post-colonial doivent être affrontés si nous voulons mieux conjurer les épidémies récurrentes et ne plus voir en elle que la conséquence d’un destin imprévisible.

Santé et hygiène furent partie prenante de l’idéologie fasciste et du capitalisme. Raskolnikov, le protagoniste de Dostoïevski, veut tuer les poux semblables à la vieille femme qu’il projette d’assassiner afin d’être un homme nouveau. Hitler voulait éliminer ce parasite qu’était pour lui la race juive. Les démocraties qui colonisaient sans remords le monde se présentaient comme des facteurs de santé et de progrès apportés à ceux qui étaient prisonniers du passé.

La réalité fut bien différente. Les « indigènes » étaient vus comme des porteurs de maladies (physiques et mentales) et ils furent confinés à des quartiers sous équipés éloignés des centres coloniaux protégés par les lois, la police et l’armée. En 1930 il y avait 30 lits d’hôpital pour 50 blancs à Ibadan et 50 lits pour 50 000 Nigérians alors qu’en France on comptait un médecin pour 1700 habitants contre 1 pour 60 000 aux colonies. Au fond, la médecine coloniale protégeait les hommes blancs des épidémies qui tuaient chez les sujets colonisés. Déjà avait commencé cette destruction des habitats forestiers qui contribua à tant de sécheresses et d’épidémies dues aux contacts ainsi créés entre l’homme et des virus qui jusque-là ne l’avaient guère affecté.

Nous voyons clairement un lien entre destruction de la nature, maladies, refus de prévoir, guerres et inégalités.

Une publication sur ces questions nous aiderait à comprendre pourquoi notre monde commet toujours les mêmes erreurs. En tant que spécialistes des littératures, cultures et sociétés du Sud nous n’avons rien à dire du point de vue scientifique, mais nous pouvons révéler la pensée et ses illusions qui peuvent encore nous empêcher de remédier au mal et de rendre plus improbable la répétition de ce que nous vivons.

Devons-nous réellement sortir du confinement pour revenir à cette globalisation où les virus voyagent en avion sans passeports et en première classe et où les communautés locales produisent pour vendre au loin en oubliant de produire des masques ou des médicaments utiles pour se prémunir et se guérir ? Pouvons-nous tolérer un monde qui détruit les conditions même de la vie et les valeurs de solidarité ? Un retour sur l’expérience coloniale ou un détour par le thème des épidémies dans les littératures d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pourraient nous aider à répondre à ces questions. D’autres perspectives des sciences humaines et sociales (civilisation, histoire, philosophie, anthropologie, analyse du discours…) sont également les bienvenues pour ce numéro thématique sur la santé et la colonisation. 

Les avant-projets (3000 caractères) accompagnés d’un titre provisoire, de cinq mots clés et d’une courte biographie de l’auteur.e peuvent être soumis jusqu’au 5 juin 2020 aux deux adresses : michelnaumann.naumann@gmail.com et à revue.miroirs@gmail.com

L’acceptation des avant-projets vaut encouragement mais non pas engagement de publication.

Les textes, originaux (non encore soumis à la publication, entre 5000 et 10.000 mots), doivent respecter les consignes de rédaction de la revue Miroirs (disponibles sur http://www.revuemiroirs.fr/appels.html) et devront être envoyés avant le 5 septembre 2020 à Michel Naumann : michelnaumann.naumann@gmail.com  et à revue.miroirs@gmail.com

Les contributions peuvent être rédigées en anglais, en espagnol, ou en français en suivant les consignes de rédaction de la revue (http://www.revuemiroirs.fr/appels.html). Selon les critères de la publication, les textes anonymés seront soumis à une évaluation en double aveugle.

Les auteur.e.s seront contactés vers le 25 octobre 2020, pour une remise des textes avec les modifications (éventuellement demandées) jusqu’au 10 novembre 2020.

Les textes retenus seront publiés sur le site de la revue Miroirs en fin 2020/début 2021.