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La représentation en langues, littératures et arts :Quelles mutations à l’ère du digital ? (Rabat)

La représentation en langues, littératures et arts :Quelles mutations à l’ère du digital ? (Rabat)

Publié le par Marc Escola (Source : Abdellah Baïda)

Université Mohammed V / École Normale Supérieure de Rabat

Laboratoire Sciences de l’Éducation, Sciences Humaines et Langues (SESHUL)

Colloque international

30 et 31 mars 2022

La représentation en langues, littératures et arts :

Quelles mutations à l’ère du digital ?

Appel à communication

« Représentation », mot clé qui accompagne la production culturelle de l’humanité ainsi que sa réception depuis ses balbutiements, demeure d’une actualité brûlante vu son caractère transversal et ses capacités de renouvellement. Ce terme désigne de manière globale ce rapport qu’établit l’être humain avec la réalité. Il fait donc intervenir un intermédiaire entre lui et le réel en ayant recours à une sorte de médiation. Cette dernière pourrait être une langue, un produit culturel, un symbole, une création ou une convention... La littérature et les arts peuvent être considérés comme des outils de médiation mais ne peuvent se limiter à cette fonction puisqu’ils sont censés constituer des œuvres. Ils sont appelés à jouer parfois un rôle indépendant de leur référent initial ou de leur source d’inspiration… Toutefois, l’interprétation de cette relation pourrait aussi dépendre de la réception. Le regard-esprit qui reçoit une œuvre-représentation n’est jamais neutre. 

Alors s’impose d’ores et déjà la question du rapport entre l’œuvre et la représentation. Doit-on entendre par représentation une certaine analogie, correspondance, ressemblance, similarité, voire identité ?

Dans son ouvrage La Crise de la représentation, le philosophe Daniel Bougnoux affirme : « Représenter implique l’extraction d’un schème à partir d’un territoire et sa transposition dans un autre monde – dont les matériaux, les supports ou l’élément sont généralement plus diaphanes ou faciles à manier – appelé carte. »

Ce sont bien cette transposition et son résultat qu’il convient d’interroger. En nous inscrivant dans l’actualité et en prenant en compte l’évolution des concepts et de la technologie, une interrogation s’impose : pourquoi représenter aujourd’hui par des formes classiques et traditionnelles (peinture et récit…) alors que nous sommes à l’ère du numérique ?

Toutefois, il faut signaler que l’impact du numérique ou du digital n’est pas absent. Ceci est pris en compte et influence de plus en plus la représentation dans différents domaines. Que l’on choisisse la méthode traditionnelle ou que l’on implique les nouvelles technologies dans ce processus, « l’acte de se représenter n’est pas un acte gratuit », comme l’affirme Pierre Guenancia qui ajoute : « on ne se représente pas quelque chose seulement pour le plaisir de faire vivre en imagination un fragment du monde, il n’a donc pas un caractère « esthétique » mais un caractère « pratique » parce qu’il modifie la conscience qui se rapporte à une chose et constitue de ce fait une actualisation et une activité plus grandes de la conscience de soi, des autres et du monde. »[i].

Il est intéressant de constater que les outils mis à notre disposition par le développement technologique pourraient aussi constituer des obstacles. L’évocation de la caverne dans le constat fait par Pierre Guenancia mérite toute notre attention : « En tous les domaines nous serions séparés des choses mêmes ou de l’être par des écrans qui nous cachent la réalité en même temps qu’ils nous présentent des images, des représentations, des artifices de tous ordres, comme dans la célèbre allégorie de la caverne. »

Alors, les apports de l’ère du digital facilitent-ils ou compliquent-ils l’opération de représentation ? De quelle manière les mutations sous leur impact se manifestent-elles dans les divers domaines qui nous préoccupent ? 

Nous savons, par exemple, que l’intégration du concept de représentation en sciences de l’éducation en général, et en didactique plus particulièrement, a contribué à la mise à l’écart des méthodes traditionnelles et à l’ouverture sur de nouvelles pratiques pédagogiques.

André Petitjean dissocie la Représentation des représentations : « Ce qui me permet de définir la Représentation comme l'activité socio-cognitive, j'ajouterai discursive, par l'intermédiaire de laquelle chaque individu catégorise et interprète les objets du monde et les représentations, comme les produits de la pensée ordinaire, telle qu'elle se matérialise dans les croyances, les discours et les conduites des individus. »[ii]. Ainsi qu’elles soient processus ou produits, les représentations sont à la fois « obstacles et points d’appui, elles doivent être repérées, objectivées, travaillées par les pratiques d’enseignement. »[iii]

Il sera donc question, dans cet axe, de présenter des dispositifs de repérage et d’objectivation des représentations au sein d’une classe de langue, ainsi que d’exposer des outils à même d’analyser les pratiques d’enseignement / apprentissage en relation avec ce concept. C’est à ce niveau qu’il serait légitime d’interroger l’impact des nouvelles technologies et de la digitalisation, notamment après l’expérience de l’enseignement à distance imposée par la pandémie de la Covid 19 (2020-2021).

Dans d’autres domaines, les mêmes interrogations s’imposent. La représentation dans les œuvres littéraires a connu et continue de connaitre d’innombrables mutations aussi bien au niveau de la forme que du fond. Le livre numérique aurait, selon certains observateurs, un impact direct sur l’esthétique même du texte de création. La dimension esthétique est remise en question. Cependant ce que nous appelons « esthétique » est en lui-même problématique. Jean-Pierre Cometti pointe du doigt cet aspect : « Le mot « esthétique » désigne un ensemble de pratiques, d’intérêts ou de conceptions passablement étendu, dont les frontières sont vagues et instables. D’un strict point de vue critique ou théorique, les études littéraires, l’histoire, les sciences sociales, la linguistique, la philosophie, voire les sciences de la nature peuvent revendiquer des intérêts dans ce domaine, avec l’ambition d’apporter un éclairage que nul n’a le droit de sous-estimer a priori. »[iv]

Il faut dire que la langue n’est pas figée et son évolution amène à poser la question de la représentation dans ses rapports avec la précision sémantique. Par ailleurs, au-delà d’une seule langue, il est aussi tout à fait essentiel d’interroger la traduction et son rôle dans le transfert des représentations à l’ère de la mondialisation.

S’agissant de la représentation, la palette des domaines qui nous interpellent s’élargit assez rapidement. Cependant, afin de mieux cerner notre propos, nous envisageons focaliser le colloque international de 2022 sur les mutations introduites par l’impact de la digitalisation sur la représentation.

Nous suggérons à titre indicatif ces quelques axes :

Littérature : représentation entre produit final, processus et influence du numérique

Didactique et représentation : quelles nouvelles pratiques ?

Le livre numérique : usages et transformations

La réception comme représentation : en classe, face à un spectacle et dans l’espace public.

Cinéma, théâtre, peinture et les nouveaux défis de la représentation.

Représentation et réseaux sociaux

TICE : digitalisation et son impact sur la réception

Traduction et transfert des représentations

Éducation et construction des représentations

…etc.

*

Modalités de soumission :

Les communications orales auront une durée de 20 minutes. Les propositions doivent nous parvenir en prenant en compte les paramètres suivants : 

- Langues du colloque : arabe, français et anglais

- Fichier Word incluant le nom de l’auteur, affiliation, coordonnées complètes, titre de la communication, 5 mots-clés, un résumé́ d’environ 500 mots et une brève notice bio-bibliographique de l’auteur.

- A côté des chercheurs et des universitaires, les doctorants sont également vivement encouragés à soumettre des propositions soit sous forme de communication ou de posters.

- La procédure de publication des actes du colloque s’enclenchera dès le mois d’avril 2022 et les participants recevront la feuille de route de cette autre étape.

- Envoyer les propositions aux trois adresses suivantes :

samira.dlimi@ens.um5.ac.ma ; abdellah.baida@ens.um5.ac.ma ; baidabdel@yahoo.fr

Frais de participation :

Etudiants : 400 dh (40 euros)

Autres : 900 dh (90 euros)

Ce montant couvre la documentation, les pauses-café et les repas de midi

Dates à retenir : 

05/08/2021 : ouverture des soumissions en ligne 

30/10/2021 : date limite des soumissions

30/11/2021 : notification des décisions aux auteurs 

30-31/03/2022 : tenue du colloque

Coordination du colloque : 

Abdellah Baïda & Samira Dlim

Comité scientifique :

Rachida AZDOUZ (Université de Montréal, Canada)

Abdellah BAÏDA (ENS – Université Mohammed V – Rabat)

Juliana Bertucci BARBOSA (Université fédérale de Triângulo Mineiro, Brésil)

Valdir Heitor BARZOTTO (Université de São Paulo, Brésil)

Mohamed CHIGUER (ENS – Université Mohammed V – Rabat)

Samira DLIMI (ENS – Université Mohammed V – Rabat)

Abdelkhaleq JAYED (Université Ibn Zohr, Agadir) 

Abdelhamid EL JEMLI (ENS – Université Mohammed V – Rabat)

Touriya FILI-TULLON (Université Lyon 2)

Bérénice HAMIDI-KIM (Université Lyon 2)

Antoine KATTAR (Université Picardie Jules Vernes)

Abdelouahed MABROUR (Université Chouaib Doukkali, Eljadida) 

Lahcen MADI (ENS – Université Mohammed V – Rabat)

Mustapha TRABELSI (FLSH – Université de Sfax, Tunisie) 

Comité d’organisation : 

Adil AZHAR 

Abdellah AZOUR 

Abdellah BAÏDA 

Saif Islam BENMHAMMED 

Samira DLIMI 

Malika EDDAKHCH 

Abdelhamid EL JEMLI 

Abdesselam FERRATI

Azz-Eddine HAMDAN

Jihad KARRAMI 

Lahcen MADI 

Abdellah SALMI

Siham YAKRIB

 

[i] Guenancia Pierre, Le regard de la pensée. Philosophie de la représentation, Paris,  PUF, 2015.

[ii] Petitjean André, « La transposition didactique en français » In: Pratiques : linguistique, littérature, didactique, n°97-98, 1998. pp. 7-34.

[iii] Halté Jean-François, La didactique du français, Paris, PUF, Collection « Que sais-je ?», 1992.

[iv] Cometti Jean-Pierre, Art, représentation, expression, PUF, 2002