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La littérature et le

La littérature et le "vivre ensemble". L’autre, identité et différence (Centre Congolais de Recherche en Littérature Française, n° 11)

CENTRE CONGOLAIS DE RECHERCHE EN  LITTERATURE FRANCAISE (CRLF)

B.P : 2249 – BRAZZAVILLE-REPUBLIQUE DU CONGO

TEL : (00242) 06 623  61  21

E-mail : crlfcenter@yahoo.fr

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APPEL A CONTRIBUTION

CAHIERS DU CRLF N° 11

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Thème : LA LITTERATURE ET LE « VIVRE ENSEMBLE »

L’autre, identité et différence

Au titre de la publication de sa revue numéro 11, le Centre Congolais de Recherche en Littérature Française (CRLF) se propose de mener une réflexion sur le thème : « La Littérature et le vivre ensemble : l’autre, identité et différence ».

La recherche du « vivre ensemble » demeure une quête permanente, dans une aspiration à mieux prendre en compte la diversité qui caractérise  nos sociétés, non pas comme un obstacle, mais plutôt comme une richesse : diversité de race, de cultures, de religions, de genres, d’opinions politiques d’orientations sexuelles, ou tout simplement, une diversité dans la composition de nos sociétés. Cette liste n’est certes pas exhaustive, mais elle traduit à suffisance la complexité des composantes qui concourent à la constitution d’une communauté.

Un esprit pessimiste, observant ce qui prévaut actuellement un peu partout dans le monde, pourrait considérer qu’il faut une force extérieure pour préserver la cohésion de la société, car les hommes ne semblent vraiment pas sociables. Pourtant, l’édification de toute l’histoire s’est sédimentée dans des institutions sociales, et nous vivons dans un monde qui est ce qu’il est grâce au dynamisme de la société. Ne devons-nous pas tout ce que nous sommes à la société ? N’est-il pas naturel pour l’homme de se sentir membre d’une société ?

Aborder le problème de l’autre, des autres, devrait conduire à des constats rassurants : la diversité est source de connaissance, de découverte, elle est donc enrichissement. Pourtant ce sont bien souvent des attitudes différentes, crainte, rejet, hostilité, méfiance, que provoque la rencontre des autres. D’un repli individuel aux phénomènes collectifs d’intolérance, la peur de l’inconnu engendre des réflexes passionnels dont les conséquences peuvent conduire aux pires formes de l’ethnocentrisme.

On peut observer, historiquement, que les attitudes intolérantes, les comportements de rejet de l’autre reviennent avec régularité, toujours provoqués par les mêmes causes : manifestation de domination et mépris à l’égard des peuples vaincus. Les différences immédiates comme la couleur de la peau, le langage, ou diffuses comme la manière de vivre, les coutumes, les croyances, sont alors prises comme critères de dévalorisation et comme justification d’attitudes négatives. On commence par mépriser pour mieux rejeter. Les Grecs appelaient ainsi « barbares » ceux qui déformaient la langue athénienne. Les esclavagistes, eux justifiaient leurs manières de traiter les Noirs par des arguments raciaux dont Montesquieu a dénoncé avec ironie l’incohérence.

L’histoire est donc jonchée de « cultures mortes », victimes de l’ethnocentrisme forcené de ceux qui furent persuadés que leur civilisation était la seule valable et qu’il fallait imposer, par la force et le mépris, ces valeurs aux autres. Mais l’histoire est aussi ce qui se fait sous nos yeux : les régressions alimentent les articles de presse et les conférences internationales. 0n s’entre-tue ici et ailleurs au nom d’un refus des différences qui prend la forme de la loi.

Julia Kristeva étudie dans Étrangers à nous-mêmes, la complexité de la relation de tout individu avec l’étranger. Image de l’altérité, de la différence, mais aussi révélation de nos propres contradictions internes, l’autre est à ce titre, le destinataire de notre agressivité.

L’intérêt porté à l’autre et à ses différences est l’occasion d’une réflexion sur le caractère relatif des critères de jugement. Montaigne nous rappelle dans ses Essais que « chacun appelle barbare ce qui n’est pas de son usage ». Et, c’est en généticien qu’Albert Jacquard aborde le problème de la diversité, dans son livre Eloge de la différence, pour affirmer « qu’on ne peut parler scientifiquement de la suprématie des races ». 

Notre relation à l'autre ne réside-t-elle pas essentiellement dans notre communication ? Communiquer, nous a appris Bakhtine, ne consiste pas à s'échanger des signes, mais du sens à travers un dialogue. Rien n'est premier. Le sens advient avec le dialogique.

Il s’agira, dans cette réflexion, de décrire et d’analyser la relation entre la littérature et le concept de « vivre ensemble ». La vraie littérature n’est pas le lieu de revendication d’identité, mais plutôt le lieu de contact faste avec l’altérité : on ne lit pas pour se reconnaître mais pour rencontrer l’autre. Il ne faut pas prendre cela dans un sens mystico-levinasien mais plutôt dans le sens où la littérature apparait comme un des rares moyens de sortir de son solipsisme natif, de pénétrer dans ce qui est par nature impénétrable, c’est-à-dire la conscience d’autrui telle qu’elle est reconstruite imaginativement dans les textes littéraires.  Ce désir d’entrer dans la conscience de l’autre que la vie quotidienne nous refuse, la littérature nous le donne. Nous avons ainsi un accès à l’altérité et cet accès nous permet de revenir sur nous-mêmes dans de meilleures conditions.

Une telle réflexion suscite donc plusieurs questions d’ordre stylistique, rhétorique, mais également esthétique et éthique.

Elles pourraient porter sur les axes suivants :

-        Diversité des pratiques littéraires du vivre ensemble ;

-        Utopie du vivre ensemble ;

-        Engagement politique et pratique du vivre ensemble ;

-        Lecture comme vecteur de sociabilité ;

-        Art comme expression du  vivre ensemble ;

-        Mariage mixte comme enjeux du vivre ensemble ;

-        Valeurs religieuses au service du vivre-ensemble.

Les propositions d’articles, rédigées en français, seront envoyées jusqu’au 30 avril 2019 aux deux adresses électroniques ci-dessous. Elles comprendront le nom de l’auteur, le titre de l’article accompagné d’un court résumé en français et en anglais et d’une courte notice biographique de l’auteur. crlfcenter@yahoo.fr ; bellarmin.iloki@umng.cg

 

Calendrier :

30 avril 2019 : réception des propositions de contributions

30 mai 2019 : notification aux auteurs

Juin 2019 : publication de la revue