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La légèreté au XIXe siècle (Dijon)

La légèreté au XIXe siècle (Dijon)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Ange Fougère)

La légèreté au XIXe siècle

Dijon, 25-26 mars 2021

 

Si le XVIIIe siècle, jugé frivole voire immoral, mettant en scène le plaisir sous un jour avantageux (esprit de salon, contes libertins, style rococo et autres fêtes galantes), a pu être considéré comme celui de la légèreté, qu’en est-il du XIXe siècle qui inaugure notre modernité ? À l’heureux temps de l’otium aristocratique aurait succédé l’âge de fer du negotium bourgeois, celle d’une société marchande balançant entre nostalgie et mépris à l’encontre de la légèreté d’Ancien Régime. Mais quelle est précisément la spécificité du XIXe siècle dans son approche de la légèreté ?

Telle est la question que voudrait soulever ce colloque. Il s’agira aussi de saisir en quoi la légèreté et le léger (la nuance sera à interroger) offrent au XIXe siècle un angle de vue tout à la fois inattendu et pointu pour penser la relation revendiquée par le siècle entre les disciplines et les savoirs (philosophique, éthique, esthétique, rhétorique, juridique, politique, scientifique…), les arts (peinture, sculpture, architecture, arts décoratifs, arts visuels, danse, spectacle vivant), et les pratiques (la mode, l’alimentation et la gastronomie, les transports…).

A quoi la légèreté et le léger au XIXe siècle prêtent-ils leur nom : quelles convergences et différences avec la facilité, la frivolité, la superficialité, la liberté, la grâce, l’aérien… ? Et, d’abord, à quoi disent-ils non : le lourd, le grave, le sérieux, le profond, le chargé ? Pourquoi et en quoi, tout à la fois objet de condamnation et d’admiration, la légèreté suscite-t-elle un discours axiologique si ambivalent ?

Dans une perspective nécessairement et résolument interdisciplinaire (histoire des représentations et des sensibilités, histoire culturelle, histoire des sciences, philosophie, politique, poétique, esthétique, rhétorique, histoire de l’art et du spectacle), l’on s’attachera plus particulièrement à certaines questions articulées entre elles et susceptibles d’en engendrer d’autres :

- dans la mode (matières et manières) et les modes de vie (alimentaires, sanitaires), les pratiques (le ballon, l’aérostat à vapeur) et usages sociaux, n’observe-t-on pas un intérêt et un goût récurrents tout au long du siècle pour le léger, négation du gonflé, du boursouflé, nés de la tabula rasa qui ouvre le siècle ?

- si la légèreté se pense en relation, voire en opposition, avec le lourd, le grave, le pesant, ne permettrait-elle pas de repenser les rapports entre le comique et le sérieux et d’aborder sur nouveaux frais la notion d’humour (à partir de Jean Paul) – liée à celle de la blague –, de bêtise aussi (M. Prudhomme, M. Grave, l’ingénieur Bottom) ? Se démocratise-t-elle, la légèreté ne se voit-elle pas à la fois applaudie par le public bourgeois et méprisée par les lettrés (vaudeville, opérette), quand elle n’est pas condamnée par la morale (légèreté des coquettes, des politiques, des financiers) ?

- se réclamer du léger, n’est-ce pas s’autoriser l’arabesque, l’improvisation, la comparaison incongrue voire la polémique, et donc renoncer à l’exhaustivité et à l’érudition, autant de postures auctoriales qu’il conviendra d’interroger (l’amateur, le dilettante, le touche à tout) ?

            - n’assiste-t-on pas à l’apparition d’une nouvelle esthétique, sous le signe de la condensation et de la vaporisation (« Et pour cela préfère l’Impair / Plus vague et plus soluble dans l’air »), de l’allègement (l’architecture de fer et de verre admirée par Zola, la touche impressionniste dont la légèreté contrebalance les empâtements, la vogue des esquisses et de estampes, japonaises notamment), voire de la lévitation ? Même la charge caricaturale n’est pas surcharge pondérale (voir la caricature, réflexive, par Daumier, de Nadar photographe, passionné des Funambules et du ballon, volant au-dessus de Paris), mais captation et expression de la quintessence du transitoire, soit la mode en « mode éternité », dont les passages et ses oiseaux sont la parfaite illustration.

            - la légèreté n’engagerait-elle pas un certain mode d’appréhension de l’espace (fluidité, empressement) autant que du temps (l’éphémère, le temporaire) et des figures voire des métiers et des pratiques sociales : le gamin des rues, la passante contre l’épicier ventru ou le député verbeux ?

            - dans ce siècle de l’avènement de « l’état social démocratique », qui s’affranchit de toute autorité autre que la sienne, au risque de s’y perdre, la légèreté ne se trouverait-elle pas au cœur de la dissociation entre éthique et esthétique – dont la danseuse, condamnable pour sa légèreté de cœur et louable pour sa légèreté de corps, serait la figure imposée –, qui se joue au XIXe siècle ?

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Les propositions de contribution (environ 2000 signes) sont à envoyer avant le 15 septembre 2020 à l’adresse suivante : marie-ange.fougere@u-bourgogne.fr, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique.

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Comité scientifique

Florence Fix

Marie-Ange Fougère

Alain Montendon

Nathalie Preiss

Jean-Didier Wagneur