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Appels à contributions

"La Langue française face à la mondialisation : Une question d’identité, de normativité et d’ouverture" (Yaoundé, Cameroun)

APPEL À COMMUNICATIONS

La Langue française face à la mondialisation : Une question d’Identité, de Normativité et d’Ouverture.

Hommage au Professeur Etienne Dassi

Sous la direction de : Germain Moïse EBA’A et Gérard Marie NOUMSSI

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Argumentaire :

L’onde de choc provoquée par la disparition soudaine du Professeur DASSI en novembre 2019 reste encore vivace dans l’esprit de tous ceux qui l’ont côtoyé, fréquenté ou aimé.

Le présent ouvrage collectif à lui dédié, comme il sied dans la tradition universitaire, vise à rendre un hommage à cet enseignant-chercheur chevronné, au travers de recherches empruntant quelques itinéraires heuristiques de l’illustre disparu dans le domaine des sciences du langage.

Docteur d’Etat ès Lettres Modernes Françaises, chef du Département de Français de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé I jusqu’à son décès, enseignant associé dans plusieurs établissements et institutions d’enseignement supérieur au Cameroun, en Afrique comme en Europe, le Professeur a consacré sa carrière de chercheur au rayonnement de la grammaire française. C’est dans ce cadre qu’il a fondé le Laboratoire de Langue, Identité, Normativité et Ouverture (LINOU), véritable espace d’émulation et de recherche mettant l’emphase, comme il aimait à le souligner lui-même, sur « le métissage multiforme et le dialogue des sociocultures » qui sous-tendent l’hypothèse d’une osmose progressive de la diversité socioculturelle à l’heure de la mondialisation. ». (Dassi 2010).

Ses nombreux travaux dans ce domaine gravitent autour d’un projet fédérateur qui postule la flexibilité de la grammaire traditionnelle et de ses principes immuables, en vue de son éventuelle réactualisation. Celle–ci serait alors à même de représenter, de manière aboutie, la francographie, l’identité et la réalité africaines à tous les niveaux. Grammairien socio-culturaliste, il fonde ses publications sur la « dynamique et la normativité de langue française en francophonie, en nimbant l’incidence du dialogue socioculturel induit du contact des langues partenaires » (Dassi 2010), sans minorer la grammaire classique traditionnelle du français dans sa double dimension synchronique et diachronique.

Depuis plusieurs décennies, en effet, les modèles littéraires et linguistiques de l’espace francophone se construisent autour des schèmes révélateurs d’une esthétique de renouvellement, de croisement et d’ouverture. Cette reconfiguration prend progressivement corps avec le lancement, en 1978, des travaux sur l’Inventaire des particularités du Français en Afrique noire (IFA), travaux qui ont consacré l’exploration et l’exploitation des grandes mutations de la langue française en Francophonie. Ces pratiques langagières (orales ou écrites), alimentées par le grand brassage des peuples, sont fortement représentatives des dynamiques sociales, culturelles et linguistiques. Avec l’actuelle mondialisation (brassage des peuples, contacts et fusions culturels, interaction des différents parlers dans l’espace francophone…), celles-ci ont réussi à se fixer dans l’univers francophone, ébranlant ainsi les formes stéréotypées et la rigidité de la langue française, en générant de nouvelles façons de dire la réalité, avec pour corollaire un métissage des formes et des structures littéraires et linguistiques. Cette nouvelle orientation, en se cristallisant clairement sur les problèmes liés à l’actualisation littéraire et linguistique, affirme, à l’instar de Morot-Sir (1982), que le langage doit désormais être pensé comme « un être de valeur » évoluant dans un univers spécifique, qui le module et le modélise. On aboutit de la sorte à un hybridisme profond sous-tendu par quatre pôles majeurs, qui ont porté les recherches du Professeur Dassi : la Société, la Langue, l’Homme et le Discours.

Tout cela laisse ouverte une question majeure à laquelle les contributeurs pourraient tenter de répondre : comment et en quoi l’Homme, la Société, le Discours pèsent-ils sur la production littéraire et linguistique dans l’espace francophone? Des éléments de réponse pourraient découler de l’aperception du contexte : 

- Un contexte dans lequel s’enracine l’acte de dire englobant aussi bien l’espace phrastique que le lieu-source de l’écriture ;

- Un contexte qui intervient dans la construction de la signification, tant il est vrai que des pratiques atypiques, nouvelles, innovantes et non théorisées que justifient l’usage, les us, les coutumes et comportements culturels et sociaux parasitent le discours et la langue française, par le biais des particularismes phonético-phonologiques, lexicaux, morphosyntaxiques et sémantiques ;

- Un contexte intrinsèquement né du contact avec la vie sociale et extrinsèquement porteur des valeurs idéologiques et politiques, qui conditionne en amont la production textuelle et en aval son orientation sémantique.

La notion de contexte acquiert donc une autorité incontournable et inaltérable dans l’espace francophone. Cheval de bataille de la pensée « dassienne », le(s) contexte(s) « contiennent une multitude de paramètres sémantisants et pragmatisants qui sont susceptibles de mieux éclairer le fonctionnement (d’une unité linguistique), d’un socioculturème dans le discours francophone » (2010). Faisant écho à cette pensée, Thoiron et alii (2006) renchérissent en ces termes : « la linguistique de corpus remet en cause les frontières entre disciplines. Le contexte cesse d’avoir valeur d’illustration et représente l’élément fondamental de la gestion du sens. » Ainsi perçue, cette notion interpelle à plus d’un titre l’usager de la langue: le grammairien, le pédagogue, le didacticien…, car avec la révolution interne et externe que connaissent la langue et la littérature françaises, se développent des normes endogènes, représentatrices de la diversité socioculturelle et du partenariat linguistique en francophonie.

En se positionnant comme le moyen d’expression de l’identité et de la personnalité socioculturelles en francophonie, il devient urgent que la langue française se réadapte aux niveaux lexicologique, morphosyntaxique, sémantique, stylistique et pragmatique. Sa socialisation et son appropriation par les locuteurs invitent à une possible normalisation et normativisation de ses usages, de ses formes et de ses représentations en contexte francophone.

Les propositions de communications, non exhaustives, peuvent s’orienter autour des axes suivants :

  • Description et interprétation grammaticales ;
  • Relation entre l’Homme, la société, l’écriture et la langue française ;
  • Normativité à la normalité en francophonie ;
  • Question de l’imaginaire en milieu francophone ;
  • L’hybridité en contexte francophone ;
  • Quête identitaire dans le texte francophone ;
  • Construction et déconstruction des formes et du sens en contexte francophone ;
  • Représentations du contexte dans la littérature francophone ;
  • Oralité et écritures francophones ;
  • Enjeux de l’interculturel ou du transculturel dans les littératures francophones ;
  • Etc.

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Calendrier de soumission des propositions de communication

Réception des propositions (titre et résumé 300 mots maximum) : 28 février 2020

Réception des articles : 30 avril 2020

Retour des contributions aux auteurs pour corrections éventuelles : 30 mai 2020

Réception des articles corrigés : 30 juin 2020

Date de publication de l’ouvrage : septembre 2020

Les propositions d’articles (n’excédant pas 32 000 caractères espaces compris) accompagnées d’un résumé, d’un abstract (300-400 mots) et d’une courte bio-bibliographie sont à envoyer à Germain EBA’A (germain.ebaa2@yahoo.fr) et Gérard Marie NOUMSSI (noumssige@yahoo.fr)

La sélection et la publication des contributions seront effectuées après évaluation par le comité scientifique.

Comité scientifique : Christiane- Félicité Ewane Essoh (Université de Yaoundé I), Richard Laurent Omba (Université de Yaoundé I), Louis Martin Onguéné Essono (Université de Yaoundé I), Edmond Biloa (Université de Yaoundé I), Alphonse Tonyè (Université de Yaoundé I), Christine Onguéné Essono, Gérard Marie Noumssi (Université de Yaoundé I), Barnabé Mbala Ze (Université de Yaoundé I) Germain Moise Eba’a (Université de Yaoundé I), Omer Massoumou (Université de Marien Ngoabi), Robert Fotsing Mangoua (Université de Dschang), Edouard Ngamoutsika (Université de Marien Ngoabi), Pierre Fandio (Université de Buéa), Martine Fandio Ndawouo (Université de Buéa) ; Raymond Mbassi Ateba (Université de Maroua), Célestin Ndzié Ambena (Université de Yaoundé I), Clément Dili Palaï (Université de Maroua), Ladislas Nzessé (Université de Dschang), Jean-Jacques Rousseau Tandia Mouafo (Université de Dschang) Jean-Benoit Tsofack (Université de Dschang), Théophile Calaïna (Université de Ngaoundéré), Christophe Désiré Atangana Kouna (Université de Yaoundé I), Jacques Evouna (Université de Douala), Flora Amabiamina (Université de Douala), Jules Assoumou (Université de Douala), Lydienne Ebehedi King (Université de Maroua), Valentin Feussi (Université de Tours), Adama Samaké (Université Félix Houphouët Boigny), Jean-Marcel Essiene (Université de Douala).

Comité de lecture : Solange Medjo Elimbi (Université de Douala), Venant Eloundou Eloundou (Université de Yaoundé I), Donald Vessangou (Université de Yaoundé I), Irène Kebiheng à Maben (Université de Douala), Joseph André Watcha (Université de Yaoundé I), Aimé Simplice Kengni (Université de Yaoundé I), Lysette Nanda (Université de Yaoundé I), Marie- Michelle Nganmo Foyet (Université de Yaoundé I).

  • Responsable :
    Département de Français - Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines - Université de Yaoundé I - Cameroun
  • Adresse :
    Yaoundé - Cameroun