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La critique culturelle sur le web : espaces, discours, valeurs

La critique culturelle sur le web : espaces, discours, valeurs

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Marianne Bouchardon)

 

               4-5 février 2021 - Colloque Université de Caen/Université de Rouen

               La critique culturelle sur le web : espaces, discours, valeurs

 

Depuis une dizaine d’années, l’essor de la critique sur le web se poursuit de façon spectaculaire, mais avec une nouvelle structuration : portails et sites de critique littéraire, cinématographique, musicale et de critique d’art, revues numériques, forums, blogs ou groupes dédiés sur les plateformes sociales manifestent un foisonnant dynamisme. De son côté, la critique « savante » réaffirme sa légitimité en cherchant à circonscrire sa place, dans un espace aux frontières mouvantes où la critique est aussi pratiquée par des amateurs, de simples spectateurs, auditeurs ou lecteurs, ou par des fans. Visant à confronter approches réflexives et cas concrets d’études, et à réunir des spécialistes d’horizons divers (études cinématographiques et théâtrales, musicologie, littérature, philosophie, sociologie), ce colloque a l’ambition de scruter les formes et les enjeux de la critique culturelle sur le web selon trois axes privilégiés.

 

1) Quels espaces occupe la critique sur le web ? Comment sont-ils nommés, présentés, structurés ? Par quelles communautés sont-ils investis, à qui sont-ils dédiés ? Quels objets ou contenus font leur spécificité ? Quelles classification et nomenclature peut-on aujourd’hui proposer ? S’agissant des revues conservant un support imprimé, comment s’opère le partage entre leurs versions imprimée et numérique ? Quelle séparation ou, au contraire, quelles formes d’hybridités s’établissent entre critique savante et critique spontanée sur le web ? Doit-on aborder ces pratiques avec les outils des études de réception ou s’agit-il de véritables médiations auxquelles pourraient être liées par exemples les notions de « succès critique », de « popularité », de « promotion » ?

 

2) Quels discours critiques se déploient sur le web ? Comment distinguer et analyser leurs différents registres, leurs rhétoriques, leur possible vigueur polémique (et ses éventuels débordements), leur impact sur leurs destinataires, le dialogue instauré avec ces derniers comme avec les professionnels de la filière, voire les auteurs, artistes et autres producteurs culturels ?

Quelles images, postures, scénographies du critique sont-elles mises en œuvre et construites sur le web ? Entre le spécialiste et l’amateur, quels personnages critiques peut-on inventorier, selon quelles oppositions ou quel continuum ?

Comment analyser certains gestes ou messages minimaux tels que les « like », les « smiley » ou les « tweet » qu’on poste sur les réseaux sociaux en réaction à un spectacle, un concert, une lecture ? Où situer la frontière entre critique et « infra-critique » ? Quelles transformations apporte la critique sur le web dans les pratiques effectives vis-à-vis des œuvres culturelles et les discours à leur propos ?

 

3) Quelles sont les valeurs de la critique culturelle sur le web ? Quelles hiérarchies, anciennes ou nouvelles, trouve-t-on au cœur des commentaires et jugements formulés, mais aussi entre les différents espaces de la critique numérique ? Quel dialogue, quelle continuité, mais aussi quels distorsions et conflits peuvent s’installer entre la critique numérique et la critique académique ? Comment la critique sur le web intervient-elle dans la démarcation mais aussi la dialectique entre art populaire et art élitiste ?

Par ailleurs, en quoi la critique sur le web est-elle tributaire de mécanismes économiques, quels sont ses moyens (financiers) d’existence et de pérennité, et quelles sont ses conséquences réelles sur la consommation des produits culturels ? Où situer la frontière entre prescription et consommation ?

Enfin, en quoi la critique culturelle sur le web peut-elle s’envisager comme une forme efficace de critique sociale ? Quels sont ses différents types d’engagement ?

 

Le colloque aura lieu les 4 et 5 février 2021 à l’Université de Caen et à l’Université de Rouen, dans le cadre du programme de recherche (2019-2022) « Des critiques : frontières et dialogues des discours critiques et des champs disciplinaires (cinéma, littérature, philosophie, sociologie) » soutenu par la Région Normandie et dirigé par Julie Anselmini et Valérie Vignaux (Université de Caen, LASLAR), en partenariat avec le CERREV (Université de Caen Normandie), le CEREDI (Université de Rouen), Dysolab (Université de Rouen), Identité et subjectivité (Université de Caen Normandie) et l’IMEC.

 

Les propositions de contributions, d’une dizaine de lignes, accompagnées d’une brève présentation bio-bibliographique de l’auteur, sont à déposer avant le 15 juin 2020 sur le site https://critiqueweb.sciencesconf.org (onglet : « Nouveau dépôt »). En cas de problème, vous pouvez vous adresser à julie.anselmini@unicaen.fr ou valerie.vignaux@unicaen.fr

 

Comité d’organisation du colloque : Julie Anselmini, Valérie Vignaux, Vassili Rivron, Marianne Bouchardon, Philippe Chanial, Maud Pouradier.

 

Comité scientifique du colloque : Julie Anselmini (Littérature, Université de Caen), Marianne Bouchardon (Littérature, Université de Rouen), Philippe Chanial (Sociologie, Université de Caen), Antoine Gaudin (Cinéma, Université Sorbonne Nouvelle), Tony Gheeraert (Littérature, Université de Rouen), Nathalie Heinich (Sociologie, CNRS-EHESS), Maud Pouradier (Philosophie, Université de Caen), Vassili Rivron (Sociologie, Université de Caen), Carole Talon-Hugon (Philosophie, Université de Nice), Valérie Vignaux (Cinéma, Université de Caen).

 

 

Indications bibliographiques :

 

  • Allard Laurence (2002). « Cinéphiles, à vos claviers ! » réception, public et cinéma », Réseaux, 18 (99), p. 131-168.
  • Beuscart Jean-Samuel ; Beauvisage, Thomas ; Beuscart, Jean-Samuel, Cardon ; Vincent, Mellet ; Kevin, Trespeuch, Marie (2013), « Notes et avis des consommateurs sur le web. Les marchés à l'épreuve de l'évaluation profane », Réseaux n° 177, p. 131-161.
  • Becker Howard (1988). Les Mondes de l’art, Paris, Flammarion [1982].
  • Belvaux Bertrand & Marteaux Séverine (2007). « Les recommandations d’internautes comme source d’information. Quel impact sur les entrées des films au cinéma ? », Recherche et Applications en Marketing, 3 (22), p. 65-82.
  • Béra Matthieu (2003). « Critique d’art et/ou promotion culturelle ? », Réseaux, 1 (117), p. 153-187.
  • Bois Géraldine, Saunier Émilie et Vanhée Olivier (2015). « La promotion des livres de littérature sur Internet. L’agencement du travail réputationnel des éditeurs et des blogueurs », Terrains & Travaux, 1 (26), p. 63-81.
  • Bois Géraldine, Emilie Saunier et Vanhée Olivier (2016). « La critique littéraire amateur sur les blogs de lecteurs », RESET, n° 5 (La critique culturelle : déclin ou hégémonie ?)
  • Bourdieu Pierre (1977). « La production de la croyance : contribution à une économie des biens symboliques », Actes de la recherche en sciences sociales, 1 (13), p. 3-44.
  • Carou Alain (2013). « Situation de la critique de cinéma en ligne », dans Marion Chénetier-Alev et Valérie Vignaux (dir.), Le texte critique. Expérimenter le théâtre et le cinéma aux XXe-XXIe siècles, Tours, PUFR, Coll. Iconotextes, p. 393-408.
  • Dujarier Marie-Anne, Le travail du consommateur, Paris, La Découverte, 2014.
  • Flichy Patrice (2010). Le Sacre de l’amateur, Paris, Seuil.
  • Hein, Fabien. (2011) « Le fan comme travailleur : les activités méconnues d’un coproducteur dévoué », Sociologie du travail, 53.
  • Heinich Nathalie (2012). De la visibilité : excellence et singularité en régime médiatique, Paris, Gallimard.
  • Heinich Nathalie (2017). Des valeurs. Une approche sociologique, Gallimard, « Bibliothèque des Idées ».
  • Hennion Antoine, Maisonneuve Sophie & Gomart Émilie (2000). Figures de l’amateur. Formes, objets pratiques de l’amour de la musique aujourd'hui, Paris, La Documentation Française.
  • Janssen Susanne (1997). « Reviewing as Social Practice : Institutional Constraints on Critics’ Attention for Contemporary Fictions », Poetics, 1 (24), p. 275–297.
  • Kammer Aske (2015). “Post-industrial Cultural Criticism : The Everyday Amateur Critic and the Online Cultural Public Sphere”, Journalism Practice, 8 (6), p. 872-889.
  • Larre David, Reiss Myrto et Robert Catherine (2013). « Situation de la critique théâtrale en ligne », dans Marion Chénetier-Alev et Valérie Vignaux (dir.), Le texte critique. Expérimenter le théâtre et le cinéma aux XXe-XXIe siècles, Tours, PUFR, Coll. Iconotextes, p. 409-417.
  • Le Guern Philippe (2006). « De l’amour de l’art ou du… : les fans, un objet problématique pour la sociologie de la culture et des médias ? », in Deniot Joëlle & Pessin Alain (dir.) Les Peuples de l’art, t. 2, Paris, L’Harmattan, p. 365-383.
  • Menger Pierre-Michel (1986). « L’oreille spéculative. Consommation et perception de la musique contemporaine », Revue française de sociologie, 27 (3), p. 445-479.
  • Moulin Raymonde (1992). L’Artiste, l’institution et le marché, Paris, Flammarion.
  • Naulin Sidonie (2010). « Qui prescrit aux prescripteurs ? Place et rôle des attachées de presse dans la construction de la prescription des critiques gastronomiques », Terrains & Travaux, 1 (17), p. 181-196.
  • Pasquier, Dominique ; Beaudouin, Valérie ; Legon, Tomas (2014) "Moi, je lui donne 5/5". Paradoxes de la critique amateur en ligne, Presses de l'École des mines.
  • Pourtier Héloïse (2006). « Avant-propos : la critique culturelle, positionnement journalistique ou intellectuel ? », Quaderni, 1 (60), p. 51-53.
  • Shrum Wesley (1991). « Critics and publics: Cultural mediation in highbrow and popular performing arts », American Journal of Sociology, p. 347-375.
  • Verboord Marc (2014). “The Impact of Peer-produced Criticism on Cultural Evaluation : A Multilevel Analysis of Discourse Employment in Online and Offline Film Reviews”, New Media & Society, 16 (6), p. 921 - 940.
  • Adresse :
    Université de Caen et Université de Rouen