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La chanson à Montmartre, 1860-1960 (EHESS Paris)

La chanson à Montmartre, 1860-1960 (EHESS Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Michela Niccolai)

La chanson à Montmartre, 1860-1960

Paris, 15 juin, 2020

 

Le quartier de Montmartre a subi de nombreux changements entre les XIXe et XXe siècles : annexé à Paris en 1860, il s’impose à la Belle Époque comme « le » lieu de rencontre des peintres, puis des compositeurs et interprètes. Cette cohabitation favorise le partage de diverses pratiques artistiques. Picasso côtoie Satie, Modigliani se fait héberger par Utrillo, tandis que Willette écoute la chanson réaliste d’Aristide Bruant et Yvette Guilbert. Tiraillé entre avant-garde et conservatisme, Montmartre a été un terrain fécond pour la chanson de café-concert, de cabaret et de rue.

Après la Première Guerre mondiale, la Butte perd ce caractère « novateur » en faveur d’autres quartiers parisiens et Montparnasse devient notamment le centre propulseur de l’avant-garde artistique des Années folles. Toutefois, le « vieux Montmartre » continue à séduire par son charme naïf et son ambiance bon enfant jusqu’à devenir, au cours des années 1950, un lieu d’opposition et de réaction à l’ « urbanisme délirant » qui domine la Ville lumière. Des personnalités issues du monde littéraire, tel Francis Carco, mais aussi liées à l’architecture des bâtiments, tel Claude Charpentier, œuvrent à préserver la mémoire « bohème » et le patrimoine culturel montmartrois, son héritage matériel et immatériel. Après 1960, la disparition de la génération qui a chanté le « Montmartre de nos vingt ans » (Paul Yaki) — Carco, Mac Orlan, Édith Piaf, parmi tant d’autres —, clôture un siècle de développement d’une certaine « identité montmartroise », parfois confondue par le public avec une identité parisienne ou, par extension, française.

Entre 1860 et 1960, la chanson montmartroise est parvenue à incarner Paris aussi bien dans le reste de la France qu’à l’étranger. Pourtant, ce répertoire s’inspire souvent des aspects locaux et villageois du quartier (en mettant notamment en avant son argot). La vie en plein air de la Butte, avec ses nuances oniriques, est également exaltée, à l’instar de cette mélancolie propre aux gens et aux lieux. Comment ne pas penser à la mélodie de La Complainte de la Butte, sur des paroles de Jean Renoir, en flânant dans les ruelles qui montent à l’église Saint-Pierre ?

La première question que nous nous posons est la suivante : comment insérer ce répertoire topographique dans une histoire sonore et musicale du quartier-Montmartre et, dans un sens plus large, dans celle de Paris ? Nous souhaitons également aller au-delà de la chanson en tant que composition musicale et explorer ses liens avec d’autres métiers qui lui octroient une dimension artistique plus ample : cette histoire n’a pas été écrite que par des musiciens et des paroliers, mais avec la collaboration d’illustrateurs, de critiques, d’éditeurs, d’agents d’artistes, etc. Les interprètes (souvent auteurs du texte, de la musique ou des deux) se trouvent également au centre de ce monde de la chanson. Dans quelle mesure, toutefois, leurs œuvres doivent-elles être perçues comme l’exact reflet de leur propre vie ? Enfin, le format de la partition et son illustration jouent un rôle majeur : ils témoignent, sur un objet commercial, de l’importance de l’auteur (ou des auteurs) de la chanson et donnent souvent l’occasion à des peintres célèbres (nous pensons notamment à Steinlen, Ibels, Toulouse-Lautrec, Guillaume...) de poser des images sur une réalité sonore.

Partant de ces considérations multiples, nous invitons à formuler des propositions, de préférence, autour des thèmes suivants :

- Chanson montmartroise et politiques identitaires

- Interprètes : genre, sexualité et autobiographie

- Partitions illustrées et iconographie

- Topographie de la chanson et salles de spectacle

- Authenticité et cosmopolitisme

- Charme kitsch et tourisme

- Chanson et musique enregistrée ; la chanson au cinéma

- Financement, production, diffusion

- Rayonnement musical de la chanson de la Butte en France et à l’étranger

Conférencier plénier : Prof. Derek B. Scott (University of Leeds), ‘The New Cabaret Songs of Montmartre, 1880–1900’.

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Comité scientifique 

Laurent Bihl (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Phillip Dennis Cate (Professeur émérite, Université d’État du New Jersey)

Étienne Jardin (Palazzetto Bru Zane)

Anne Monjaret (EHESS-CNRS, IIAC LAHIC)

Michela Niccolai (LaM, ULB ; IHRIM, Lyon 2)

Cécile Prévost-Thomas (Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS)

Lola San Martín Arbide (CRAL / EHESS)

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Comité d’organisation

Étienne Jardin

Michela Niccolai

Lola San Martín Arbide

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Date : 15 juin, 2020

Lieu : EHESS, Salle 13, 105 boulevard Raspail, 75006 PARIS

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Les propositions de communications, (max. 250 mots), devront être adressées avant le 10 février 2020 à chansonmontmartre@gmail.com. Chaque communication ne devra pas excéder 20 minutes.

Les propositions acceptées seront communiquées le 10 mars 2020.