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La chambre de travail, la chambre de l’esprit : l’imaginaire artistique dans les littératures d’expression française (Congrès APFUCC, Edmonton, Alberta, Canada)

La chambre de travail, la chambre de l’esprit : l’imaginaire artistique dans les littératures d’expression française (Congrès APFUCC, Edmonton, Alberta, Canada)

Publié le par Marc Escola (Source : Sanda Badescu)

Congrès 2021, Université de l’Alberta 

Edmonton, Canada, 29 mai au 1er juin 2021 

 

ATELIER 13 

La chambre de travail, la chambre de l’esprit : 

l’imaginaire artistique dans les littératures d’expression française 

Comment l’espace clos, que ce soit la chambre ou encore l’abri, peut-il d’un côté pousser à la rêverie et de l’autre côté inquiéter et mener au cauchemar? Pourquoi certaines demeures sont-elles directement liées à notre imaginaire et à nos rêves, se demandait Gaston Bachelard dans son traité sur la poétique de l’espace. Et plus précisément, comment l’espace clos, protégé, à l’abri du bruit et de la foule pourrait-il devenir l’endroit privilégié où l’écrivain(e) peut poursuivre son travail? 

De nombreux auteurs se penchent sur cette image prise littéralement ou métaphoriquement.  Ainsi, après avoir passé une bonne partie de sa vie dans des fonctions publiques, Michel de Montaigne choisit une retraite dans la bibliothèque de sa maison pour pouvoir écrire son œuvre. L’essayiste précise qu’il nous faut une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, dans laquelle nous établissons notre véritable liberté et solitude.  En 1794, condamné à quarante-deux jours d’arrêt dans la citadelle de Turin, Xavier de Maistre passe ce temps à écrire Voyage autour de ma chambre. Ce récit de conversations de l’auteur avec lui-même, ouvrant tout un univers de sentiments et souvenirs, le rapproche de Montaigne et sera admiré par Proust. Au début du XXe siècle, sous l’angle féministe, Virginia Woolf fait l’éloge de la chambre à soi : une femme a besoin d’une chambre qui ait une porte et une clé à l’intérieur, privilège évident pour les femmes à l’époque, si elle veut se plonger dans un processus de réflexion et de création littéraire.  Le poète acadien Serge Patrice Thibodeau avoue qu’il écrit assis dans son fauteuil, « apaisé par le simple confort du quotidien » qui crée un rideau entre lui et le monde externe, rideau nécessaire, cependant perméable puisqu’il reste « assailli » sans répit par les images menaçantes et furieuses du monde extérieur. 

La chambre, vue comme lieu d’isolation voulue (ou imposée) envisage deux côtés complémentaires de l’espace qui dévoilent aussi la nature humaine : le familier/ le confortable et le bizarre/étranger (Freud). En effet, la perméabilité entre familier/habituel et non-familier/effrayant fait surface aussi chez Marcel Proust qui nous montre que la transformation du menaçant en familier est possible à travers l’imagination et encore par l’écriture. Ainsi, dans l’espace intime, se « loge » la boutique de nos souvenirs (et nos oublis). 

Ouvert à toute approche, genre ou époque littéraire, cet atelier accueille des propositions qui se penchent sur les représentations diverses de l’espace clos; de la représentation concrète de la chambre, de la mansarde, du chalet au milieu de la forêt ou de l’île perdue au milieu d’un océan, allant jusqu’à l’espace abstrait, à savoir l’espace créé dans l’esprit d’un auteur/d’une auteure où l’inspiration peut arriver, rester et s’allier au travail ardu. 

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Responsables de l’atelier : 

Sanda Badescu, Université de l’Île du Prince Édouard, sbadescu@upei.ca 

Corina Sandu, King’s University College (Western University), csandu@uwo.ca 

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Les propositions (250-300 mots) sont aÌ envoyer au plus tard le 15 décembre 2010 aux responsables de l’atelier.              

Suite à la décision de la Fédération des Sciences humaines de tenir le Congrès de 2021 exclusivement en ligne, l’APFUCC a confirmé sa participation virtuelle au Congrès. 

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2021 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer à cet atelier. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2021 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 9 avril 2021. Passé cette date, le titre de votre communication sera retiré du programme de l’APFUCC. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2021. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC). 

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Bibliographie sélective 

Bachelard, Gaston. La Poétique de l’espace. Paris : PUF, 2012. 

Freud, Sigmund. « L’inquiétante étrangeté ». L’inquiétante étrangeté et autres essais. Paris: Gallimard, 1985. 

Maistre, Xavier de. Voyage autour de ma chambre, avec une Notice biographique et littéraire de Jules Claretie, Paris: Jouaust, 1877. 

Montaigne, Michel de. Œuvres complètes. Édition présentée par Albert Thibaudet et Maurice Rat. Paris: Gallimard, 1976 

Proust, Marcel. À la recherche du temps perdu. Tome II. 1. Paris: Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1987. 

---. Lettres choisies. Paris : Plon, 2004. 

Thibodeau, Serge Patrice. Lieux cachés: récits de voyage. Moncton : Éditions Perce-Neige, 2005. 

Virginia Woolf. Une chambre à soi. Paris : 10/18, 2001.