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L’invention technologique en littérature, d’aujourd’hui à hier (Revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, n° 2)

L’invention technologique en littérature, d’aujourd’hui à hier (Revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, n° 2)

Publié le par Marc Escola (Source : Florian Alix)

L’invention technologique en littérature, d’aujourd’hui à hier

Appel à contribution – Revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, n°2

 

« Siècle de la vitesse », ironisait Bardamu au début de Voyage au bout de la nuit. L’élan s’est poursuivi, les moyens de communication ne cessant de se développer au long du XXe siècle, pour culminer avec la révolution numérique qui configure très fortement nos vies et nos imaginaires au XXIe. Ces bouleversements ont-ils été immédiatement perçus, représentés, pensés par les écrivains ? En quoi ont-ils affecté les conditions d’écriture, ou même la poétique, de la littérature depuis plus d’un siècle ? Ce numéro de XXI/XX - Reconnaissances littéraires se propose d’interroger les différents rapports à l’imaginaire technologique tel qu’on peut le percevoir à partir des études littéraires. 

Pour cela, il ouvre deux perspectives complémentaires. D’abord, un panorama des interactions concrètes entre modalités technologiques et pratiques d’écriture, en faisant place à des travaux sur des formes contemporaines, en termes de supports et donc de formes, de styles. Outre l’impact du numérique, dont les potentialités continuent de se déployer, il serait sans doute également pertinent de revenir sur les rapports d’interfécondité de la littérature et des autres médias : incidence des techniques d’enregistrement du son sur la poésie sonore, relations de la littérature à la radio, puis à l’audiovisuel depuis l’avènement du support vidéo, continuums transmédiatiques, écriture des récits et dialogues dans le jeu vidéo. Si on a pu parler d’une écriture cinématographique, peut-on trouver une écriture vidéo-ludique, par exemple dans Atlantis, les fils du rayon d’or de Pierre Bordages ou dans Congo Inc. d’In Koli Jean Bofane ? Dans quelle mesure la vidéo, d’une technique employée par les mises en scène de théâtre, finit-elle par être intégrée par les écritures dramaturgiques ? Quels sont les effets de l’enregistrement sur Youtube des performances littéraires ? Quelle utilisation des réseaux sociaux dans les littératures contemporaines ?

Ensuite, ce pan prendrait tout son sens, à l’échelle de l’ensemble des articles, s’il trouve reflet dans des travaux interrogeant la représentation de la technologie dans les textes, et son évolution. La science-fiction du début du siècle imagine-t-elle des transformations dans les mêmes domaines qu’aujourd’hui ? Dans quelle mesure l’intérêt des premières avant-gardes pour le cinéma et la photographie a-t-il marqué leur inventivité formelle autant que leur imaginaire ? Des paysages industriels chantés dans « Zone » d’Apollinaire aux usines des textes de François Bon, quel rapport à la technologie se dessine-t-il ? Des écrits de Saint-Exupéry aux représentations contemporaines des voyages en avion, qu’est-ce qui se creuse ? Comment situer l’humanisme dont ont pu se réclamer, sur des registres très différents, des écrivains comme Gide, Sartre ou Malraux, par rapport aux courants actuels du posthumanisme, tels qu’ils peuvent être explorés, sur le plan conceptuel par Donna J. Haraway ou Michel Serres et sur le plan de la fiction par exemple dans L’Invention des corps de Pierre Ducrouzet, ou encore chez Michel Houellebecq et Aurélien Bellanger ?

Dans tous les cas, on privilégiera le creusement temporel. Sur le plan thématique ou formel, il s’agit de réfléchir d’abord à l’interaction des technologies contemporaines avec la littérature en nous penchant sur l’histoire de cette relation. Comment la littérature a-t-elle pu évoluer en fonction de la technologie, dans sa création, sa diffusion, mais aussi dans les représentations qu’elle véhicule, dans la manière dont elle organise ou dérange notre rapport au monde ?

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Bibliographie indicative :

Fanny BARNABE et Björn-Olav DOZO (dir.), Jeu vidéo et livre, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2018. 

Jean BESSIERE et Hans-George RUPRECHT (dir.), Littérature et technologie, Paris, Les Belles Lettres, 1993. 

Nadja COHEN, Les Poètes modernes et le cinéma, 1910-1930, Classiques Garnier, 2014.

Roxanna Nydia CURTO, Inter-techs. Colonialism and the question of technology in Francophone literature, Charlottesville, University of Virginia Press, 2016.

Elaine DESPRES et Hélène MACHINAL (dir.), PostHumains. Frontières, évolutions, hybridité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2014.

Fabian KRÖGER et Marina MAESTRUTTI (dir.), Les Imaginaires et les techniques, Paris, Mines Paris-Tech PSL, 2018. 

Isabelle KRZYWKOWSKI, Machines à écrire. Littérature et technologies du xixe au xxie siècle, Grenoble, ELLUG, 2010.  

Céline PARDO, La Poésie hors du livre, 1945-1965 : le poème à l’ère de la radio et du disque, PUPS, 2015.

Anne REVERSEAU, Le Sens de la vue: le regard photographique dans la poésie moderne, Sorbonne Université Presses, 2018.

Anne TOMICHE (dir.), Le Comparatisme comme approche critique. Tome 6 - Littérature, science, savoir et technologie, Paris, Classiques Garnier, 2017. 

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Les propositions de contribution, d’une longueur de 300 mots environ, doivent être envoyées, accompagnées d’une brève notice biobibliographique, au plus tard le 15 octobre 2020, à l’adresse suivante : reconnaissanceslitteraires@yahoo.com

Les réponses seront transmises à la mi-novembre. Et les articles, d’une longueur de 40 000 signes (espaces comprises) devront être envoyés au plus tard le 1er mars 2021. 

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Le comité éditorial de la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, éditée aux éditions Classiques Garnier, est composé d’enseignants-chercheurs de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, spécialistes de littératures françaises du xxe siècle et comparatistes.

Elle a ainsi défini l’esprit qui l’anime : « Le titre, XXI/XX, veut signifier la volonté de prendre pleinement appui sur le présent, pour embrasser le paysage littéraire du siècle précédent. La littérature du xxe siècle émet vers nous des signes de reconnaissance. Il nous revient de nous en saisir pour nous aider à démêler ce en quoi nous reconnaissons notre donne. Telle est sans doute l’une des ambitions de la revue, décrire l’état présent du souci littéraire, en prenant appui sur la littérature du xxe siècle, qui s’installe insensiblement dans le recul, le quant à soi d’une période révolue, mais dont nous nous sentons encore puissamment solidaires. C’est cette distance interne que nous voudrions explorer, cette étrangeté sournoise qui vient colorer ce qui s’éloigne. »