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Appels à contributions
L’(inter)subjectivité et ses marques (Annales Langues Romanes)

L’(inter)subjectivité et ses marques (Annales Langues Romanes)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anda-Irina Radulescu)

Appel à contributions pour le numéro régulier des Annales de l’Université de Craiova. Série Sciences philologiques – Langues et littératures romanes, Année XXIV, no 1/2020

L’(inter)subjectivité et ses marques

Pour être subversif, il faut être subjectif. (Beigbeder)

Le monde n'est pas [seulement] compris et pensé par l'homme au moyen du langage; sa vision du monde et la façon de vivre dans cette vision sont déjà déterminées par le langage  (Cassirer)

 

Associée notamment au domaine philosophique, la subjectivité ne demeure pas moins un concept véhiculé non seulement dans les arts, mais aussi dans les sciences. Il ne cesse d’évoluer et d’enregistrer de nouvelles définitions, plus ou moins proches selon le domaine, mais toutes mettent l’homme au centre et renvoient aux sentiments, aux émotions, aux pulsions, aux impressions, aux affinités, aux états de conscience de chacun. Ce sont justement nos sentiments qui régissent les formes linguistiques que nous choisissons pour transmettre un message. Benveniste considérait la subjectivité comme immanente au langage et il l’a définie comme «la capacité du locuteur à se poser comme sujet»  (1966 :269). Pour Ricœur (1969 :261), le langage est «un mode d’être dans l’être». En effet, la subjectivité d’un être ne peut prendre forme que dans et par le langage, puisque seul le langage contient les signes qui permettent au lecteur de s’affirmer en tant que sujet. L’énonciateur laisse des traces implicites ou explicites dans son message. Ainsi, les instances d’énonciation sont établies par l’entremise des déictiques (indices de personne, démonstratifs, désinences verbales, certains verbes comme venir par exemple, adverbes, prépositions, appellatifs de parenté, hypocoristiques, etc.), des adjectifs affectifs (poignant, drôle), des évaluatifs (associés à l’échelle bien/mal) et des modalisateurs (associés à l’échelle vrai/faux). Car, selon Kerbrat-Orecchioni (1980 :79) «toute unité lexicale est, en un sens, subjective, puisque les mots de la langue ne sont jamais que des symboles substitutifs et interprétatifs des choses». Autrement dit, chaque choix d’un mot utilisé par l’énonciateur est le résultat d’une intervention de sa propre subjectivité. Ce choix est aussi important en diachronie, comme facteur déterminant dans le processus de lexicalisation et de grammaticalisation (v. Traugott et Dasher 2002, Closs-Traugott 2010).

Les dernières décennies, sous l’influence des sciences sociales (l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, la philosophie) et grâce au développement de la pragmatique linguistique, la notion d’intersubjectivité s’est élargie elle aussi, pour décrire les types variés d’interaction entre les individus. L’allocutaire est lui aussi pris en compte et analysé en tant que co-énonciateur, bien que son marquage dans le discours soit assez rarement actualisé.

À son tour, la littérature offre un champ privilégié de recherche sur la subjectivité. Pour Michel Zink (1985 :8-10), la subjectivité littéraire représente «non pas, bien évidemment, l’effusion spontanée ou l’expression véritable dans un texte de la personnalité, des opinions ou des sentiments de son auteur. Mais ce qui marque le texte comme le point de vue d’une conscience. En ce sens, la subjectivité littéraire définit la littérature. […] À partir du moment où elle prend conscience qu’elle dit le monde à travers un point de vue, c’est-à-dire qu’il y a en elle non seulement une vérité et une fiction, mais aussi une nécessité et un arbitraire, et encore une médiation décisive du sujet, à partir de ce moment-là seulement la littérature existe […] ». Plus marquée dans les «écritures de soi», dont les formes se sont multipliées ces dernières années – autofiction, automythobiographie, autobiogre, otobiographie et circonfession, curriculum vitae, prose de mémoire, nouvelle autobiographie, égolittérature – la subjectivité est consubstantielle à tout acte d’écriture, à toute forme de littérature fictionnelle ou factuelle, à tout acte de lecture.

De même, la réflexion traductologique et didactique sur la subjectivité révélera un panorama plus complet du concept et de ses manifestations dans différents types de discours.

Les axes de recherches suggérés, mais qui pourraient être élargis en fonction des contributions au numéro thématique sont :

  • Linguistique et pragmalinguistique (points de vue sur la subjectivité dans les ouvrages de Bally, Benveniste, Ducrot, Culioli, Charaudeau, Kerbrat-Orecchioni; subjectivisation et processus de lexicalisation/ grammaticalisation/ pragmaticalisation; analyse des marques de l’(inter)subjectivité; procédés de la construction énonciative; expression de la modalité (l’épistémique) et de l’évidentialité; deixis spatio-temporelle et sociale; polyphonie et discours rapporté; discours indirect libre; aspects pragmatiques de l’(inter)subjectivité; hypocoristiques et mots péjoratifs; politesse verbale)
  • Littérature (effets stylistiques de la subjectivité dans le texte littéraire; affect et désir; passion et observation; genres littéraires et propension pour la subjectivité; formes et degrés de manifestation de la subjectivité dans le texte, dans l’acte d’écriture et/ou de lecture)
  • Didactique (aspects «subjectifs» de l’enseignement/apprentissage du FLE: personnalité de l’enseignant/enseigné; politesse selon les civilisations (relations intersubjectives); stratégies et styles d’apprentissage; apprentissage en autonomie; évaluation et auto-évaluation)
  • Traductologie (lexique des émotions; moyens de transférer les émotions dans d’autres langues; stratégies de compensation des manques dans l’expression des affects; inscription du sujet traduisant dans le texte).

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Les contributions, rédigées en français, seront envoyées jusqu’au 15 juillet 2020  à l’adresse de la revue: annales.langues.romanes@gmail.com

  • Dossier Littérature et traduction;
  • Dossier Langue et didactique du FLE
  • Varia (4-5 articles)
  • Comptes rendus critiques
  • Présentations d’événements (colloques, journées d’études, séminaires doctoraux, conférences).

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Personnes à contacter

Directeur de la revue: Anda Rădulescu: andaradul@gmail.com

Daniela Dincă: danadinca@yahoo.fr

Camelia Manolescu: cameliamanloescu@yahoo.com

Valentina Rădulescu: valentfalan@gmail.com

Mihaela Popescu: cecilia99_ro@yahoo.com

 

 

Comité scientifique

Georgiana I. BADEA, Université de Timişoara (Roumanie)

Mirella CONENNA, Université Aldo-Moro de Bari (Italie)

Alexandra CUNIŢĂ, Université de Bucarest (Roumanie)

Jean-Paul DUFIET, Université de Trente (Italie)

Olga GALATANU, Université de Nantes (France)

Jan GOES, Université d’Artois (France)

Marc GONTARD, Université Rennes 2 (France)

Jean-Claude KANGOMBA, Archives et Musée de la Littérature de Bruxelles (Belgique)

Peter KLAUS, Université Libre de Berlin (Allemagne)

Georges KLEIBER, Université de Strasbourg (France)

Salah MEJRI, Université Sorbonne Paris Cité – Paris 13 (France)

Denise MERKLE, Université de Moncton (Canada)

Julia SEVILLA MUÑOZ, Université Complutense de Madrid (Espagne)

Antonio PAMIES, Université de Grenade (Espagne)

Rodica POP, Université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca (Roumanie) 

Corinne WECKSTEEN-QUINIO, Université d’Artois (France)

Alain RABATEL, Université Claude Bernard, Lyon 1 (France)

Najib REDOUANE, California State University, Long Beach (États-Unis)

Nicole RIVIÈRE, Université Paris Diderot – Paris 7 (France)

Carmen MOLINA ROMERO, Université de Grenade (Espagne)

Elena Brânduşa STEICIUC, Université Ştefan cel Mare de Suceava (Roumanie)

Marleen VAN PETEGHEM, Université de Gand (Belgique)

Alain VUILLEMIN, Université Paris Est (France)

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Calendrier 

Date limite de soumission des articles: le 15 juillet 2020.

Confirmation de la réception des articles: le 1er août  2020.

Retour des articles aux auteurs, après évaluation anonyme, pour des corrections et des modifications éventuelles: le 15 octobre 2020.

Réception de la variante finale de l’article: le 10 novembre 2020.

Date estimée de la parution du volume: 30 décembre 2020.

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Responsable

Faculté des Lettres, Département de Langues Romanes

url de référence

http://litere.ucv.ro/litere/node/131

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