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L'informel (Manouba, Tunisie)

L'informel (Manouba, Tunisie)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Adel Habbassi)

L’INFORMEL

Congrès international interdisciplinaire organisé par

le Laboratoire de Recherches : Études Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle

5-7 décembre 2019

à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba (Tunisie)

 

« Informe n'est pas seulement un adjectif ayant tel sens, mais un terme servant à déclasser, exigeant généralement que chaque chose ait sa forme. Ce qu'il désigne n'a ses droits dans aucun sens et se fait écraser partout comme une araignée ou un ver de terre. Il faudrait en effet, pour que les hommes académiques soient contents, que l'univers prenne forme. La philosophie entière n'a pas d'autre but : il s'agit de donner une redingote à ce qui est, une redingote mathématique. Par contre, affirmer que l'univers ne ressemble à rien et n'est qu'informe revient à dire que l'univers est quelque chose comme une araignée ou un crachat. » (Georges Bataille, Œuvres complètes, t. I, Paris, 1970)

Développée depuis cinquante ans, cette réflexion de Bataille sur l’« informe » est porteuse de l’attitude de la culture et du savoir contemporains face à ce qui échappe (ou dérange) la norme et ce qu’elle implique comme formes canoniques.

Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, le terme « informel » a fait son apparition dans des études aussi variées et distinctes que l’économie, le commerce, la physique, la linguistique, la (psycho/socio)linguistique, l’art, la pédagogie, etc. Le fil conducteur qui agence cette transdisciplinarité souligne la primauté d’une activité qui « s’ordonne […] sans règles fixes […] et d’une manière spontanée » (Le Larousse).

Bien qu’ils décrivent essentiellement le langage formel, les linguistes commencent à s’intéresser au langage informel et à ce qu’il révèle comme marges dynamiques de la norme linguistique. Eminemment formelles et algébriques, nos grammaires se remettent en question en se réfléchissant dans d’autres langages naturels et aléatoires. Dès le bas âge, le formatage assuré par la langue scolaire (formelle) est alors porteur des valeurs et des normes sociales qu’il consacre.

De par sa fréquence dans l’histoire de l’art contemporain, le terme « informel » a connu une évolution intéressante, comme le souligne l’article de l’Encyclopaedia Universalis : « le concept d'« informel » revêt rétrospectivement, dans la conjoncture artistique de l'après-guerre, une extension très variable : soit qu'il serve à distinguer et à qualifier une production picturale strictement datée et localisée (et qui n'aura connu, en définitive, qu'une fortune limitée), celle du Paris des années 1950 ; soit qu'il dénote au contraire un trait programmatique récurrent qui confère aux entreprises contemporaines une unité souterraine, et peut-être paradoxale ». Mais il paraît que c’est la première acception qui ait eu plus d’audience. La définition de l’adjectif que nous propose le Dictionnaire Larousse va dans ce sens : « se dit d’une œuvre, d’un artiste qui se rattachent à l’art informel, qui fut une des variétés de l’abstraction lyrique dans les années 1950 ».

Il est vrai qu’on ne parle pas (encore) d’écriture informelle, mais la littérature (philosophique) a vite appris à semer les formes canoniques et déranger les normes sociales qui les soutiennent : Villon, Sade, Lautréamont, Rimbaud, Genet, Pasolini, Kateb Yacine, Khaïr-Eddine… quelques noms illustres dont les idées ont du mal à tenir dans une forme préconçue. Pasternak et Sartre ne sont-ils pas, quelque part, entrés dans l’histoire des lettres modernes suite à leurs refus d’une distinction aussi prestigieuse que le Nobel de littérature ? Auraient-ils, déjà, pressenti ce que ces récompenses formelles signifiaient en termes de servitude et de soumission aux normes dominantes ? Depuis, les réécritures de l’histoire par les indigènes d’autrefois et les voix du Sud ne cessent de récuser le Centre qui génère ces formes canoniques et réductrices de l’homme. A l’époque des algorithmes, du numérique et de la nanotechnologie, où va la littérature ? Après la mort de l’auteur et l’effacement des genres, quels sont les nouveaux enjeux de l’écriture, aujourd’hui ?  

« L’informel » constitue aussi un sujet important dans les secteurs économique et commercial. En 1992, Jacques Charmes constatait, déjà, que « depuis maintenant plus de vingt années, le concept de secteur informel est progressivement parvenu à s'infiltrer dans la pensée économique et politique sur le développement et la transition, malgré les polémiques qu'il suscite ». Dans le même article, il expliquait que, dès les années 1970, « le concept se référait à l'ensemble des activités entreprises par les migrants ruraux attirés en ville par la recherche d'un emploi et confrontés au problème du chômage : car la probabilité de trouver un emploi dans le secteur moderne était très en deçà de ce que prédisaient les théories du développement économique » (« Le secteur informel, nouvel enjeu des politiques de développement ? », in L'Homme et la société, N.105-106, 1992 : Vers quel désordre mondial ? pp. 63-77). Cette explication propose « l’informel » comme une réponse aux insuffisances des « théories du développement économique » et des injustices de ceux qui les conçoivent. Avec l’essor des méthodes statistiques, l’importance du volume de l’économie informelle est en train de s’imposer aux nouveaux gouvernants et à leurs politiques économiques : aujourd’hui, la Tunisie est, par exemple, confrontée à cette problématique, très délicate, de conciliation entre économie informelle et développement réel du pays.

Lors de ce Congrès international, nous souhaiterions donc développer une vaste réflexion sur (autour de) l’informel et ses enjeux dans divers domaines et disciplines :

  • Economie, commerce, marketing…
  • Arts, création…
  • Spectacles vivants, arts dramatiques et scéniques…
  • Littérature, linguistique, sciences du langage…
  • Sciences humaines…
  • Politique et points de vue juridiques…   

Auteur de l’argument du Congrès :

Adel Habbassi (Labolima)

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Calendrier et modalités

Les propositions de communication, ne dépassant pas une page (et une très brève notice biographique), devront être envoyées aux deux adresses suivantes :       habib.salha@yahoo.fr      /     adelbensh@yahoo.fr

20 octobre : dernier délai pour recevoir les propositions de communication.

28 octobre : communication des propositions retenues par le Comité scientifique.

04 novembre : programme prévisionnel du Colloque.

14 novembre : programme officiel du Colloque.

05-07 décembre 2019 : travaux du Congrès à la FLAH de Manouba.

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Les frais de participation sont de 100 euros (donnant droit au logement dans un hôtel à Tunis (avec petit déjeuner et déjeuner) + transport de l’hôtel à la FLAHM + publication des actes du colloque (pour les articles retenus par le comité scientifique du Congrès).

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Comité scientifique

Habib Ben Salha, Université de Manouba / Labolima - Tunisie

Hamdi Hemaidi, Université de Manouba / Labolima - Tunisie

Mohamed Mansouri, Université de Manouba / Labolima - Tunisie

Adel Khidr, Université de Manouba / Labolima - Tunisie

Sadok Bouhlila, Université de Manouba / Labolima - Tunisie

Ahmed Somai, Université de Manouba / Labolima - Tunisie,

Patrick Voisin, Laboratoire Babel (EA 2649) - France / Labolima – Tunisie

Abdedelouahed Mabrour,Laboratoire d’Etudes et de recherche sur l’interculturel,Université Chouaib Doukkali, Eljadida, Maroc

Françoise Argod-Dutard, Les Lyriades - France

Bertrand Sajaloli, Université d’Orléans - France

Olivier Guerrier, Université de Toulouse - France

Christine Jacquet Pfau, Collège de France Paris - France

Jean-François Sablayrolles, Université de Paris X

Henriette Walter, Université de Haute-Bretagne - France

Simona Modreanu, Université Alexandru Ion Cuza Iasi - Roumanie

Karima Yatribi, Université Mohammed v , Rabat - Maroc

Aicha Fadil, Université Hassan 1er Settat - Maroc

Rachid Hamdi, Université de Guelma - Algérie

Amel Maafa, Université de Guelma – Algérie

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Comité d’organisation

Habib Ben Salha

Adel Habbassi

Bessem Aloui

Wafa Bsaies-Ourari

Abbes Ben Mahjouba

Fayçel Ltifi

Mhamed Sayadi

Hanène Harrazi Ksontini

Issam Maachaoui

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Responsable

Habib Ben Salha

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URL de référence   https://www.labolima.net