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Langage, imagination, activité. La Chine et le comparatisme dans l'œuvre de Jean François Billeter (Paris 3)

Langage, imagination, activité. La Chine et le comparatisme dans l'œuvre de Jean François Billeter (Paris 3)

Publié le par Marc Escola (Source : Dimitri Garncarzyk)

Journée d'études 

« Langage, imagination, activité.

La Chine et le comparatisme dans l'œuvre de Jean François Billeter »

 

Cette journée d’étude est organisée sous le patronage du Centre d'Études et de Recherches Comparatistes (EA 174) et de l’École Doctorale 120 (Littératures française et comparée) de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Elle se tiendra le vendredi 12 juin 2020 dans la salle Claude Simon de la Maison de la Recherche de l’université (4 rue des Irlandais, 75005 Paris) ; Jean François Billeter sera présent et prendra part à nos travaux.

 

Argumentaire

Jean François Billeter (*1939) est l’auteur d’une œuvre variée : commentaires sur l’art et la philosophie chinois (Essai sur l’art chinois de l’écriture et ses fondements, Leçons sur Tchouang-tseu, Études sur Tchouang-tseu, Notes sur Tchouang-tseu et la philosophie), élaboration d’une philosophie personnelle (Un Paradigme, Esquisses), pensée et pratique de la traduction (Quatre essais sur la traduction, Lichtenberg), réflexion politique (Chine trois fois muette, Demain l’Europe), témoignage personnel et écrits intimes (Une Rencontre à Pékin, Une autre Aurélia), écrits polémiques (Contre François Jullien). En le lisant, on découvre un sinologue à la fois versé dans les textes classiques et soucieux de l’actualité chinoise, un philosophe (c’est-à-dire « un homme qui pense par lui-même et consulte avant tout sa propre expérience, médite aussi ce que disent les autres et fait un usage réfléchi du langage », Leçons, p. 41) qui opère une synthèse profondément personnelle entre l’apport de Zhuangzi (Tchouang-tseu) et celui de la tradition philosophique occidentale (des Lumières à Wittgenstein), un traducteur minutieux sensible tant au détail des textes originaux qu’au confort de ses lecteurs, et un intellectuel attentif aux débats qui agitent les sociétés contemporaines.

En croisant ces sources et ces démarches différentes, J. F. Billeter a développé un certain comparatisme. Plutôt que de courir le risque de l’essentialisation inhérent à une mise en opposition binaire de la Chine et de l’Occident, il préfère jeter des ponts entre les pensées de Zhuangzi et Wittgenstein, entre l’histoire chinoise et Spinoza, voire entre la langue de Huang Zongxi (1610-1695) et celle de Rousseau… Partant d’emblée du principe de « l’unité foncière de l’expérience humaine » (Contre François Jullien, p. 81), il n’a de cesse, qu’il s’agisse du fond d’une pensée ou de la forme d’un texte, de mettre en évidence de nouvelles possibilités, pour les cultures chinoise et occidentale, de se communiquer l’une à l’autre — sans jamais renoncer à souligner la spécificité de chacun des auteurs et des contextes où ils évoluent. Même quand il aborde le problème de l’intraduisibilité de la poésie chinoise, il cherche encore le moyen de restituer pour le lecteur francophone l’expérience que le poème chinois procure. Si ce comparatisme permet de jeter des ponts, c’est aussi un puissant instrument critique : J. F. Billeter dénonce ainsi avec force l’idéologie confucianiste qui s’est formée depuis deux mille ans dans l’Empire du Milieu et a largement informé la construction d’un regard occidental qui a fait de la Chine un « Autre » radical.

Cette journée a pour objectif de rendre hommage à cet auteur original en abordant tous les pans de son œuvre. En effet, si l’on peut la diviser (comme on l’a fait plus haut) en grandes catégories, les différents aspects de la réflexion de J. F. Billeter sont intimement liés. Sa réflexion philosophique personnelle, centrée autour du concept d’« activité » introduit dès les Leçons sur Tchouang-tseu, plonge ses racines dans son travail d’exégète et de traducteur. Son discours sur la philosophie du langage et la psychologie se nourrit de ses lectures de Wittgenstein et Zhuangzi ; de là vient que l’imagination (comprise comme un surcroît d’expérience) joue un rôle central dans sa vision de la connaissance, qui informe autant ses écrits les plus théoriques que ses réflexions sur la traduction, la poésie ou la construction des sociétés. S’il se comporte systématiquement en comparatiste, c’est parce que l’activité, telle qu’il la définit, lui permet de dépasser les vieux dualismes entre le corps et l’esprit, le sujet et l’objet, la Chine et l’Occident (Demain l’Europe, 40-41). J. F. Billeter se retrouve ainsi au centre d’une pensée resserrée, pragmatique, attentive autant à l’expérience intime qu’à la raison, qui touche à presque tous les domaines de la culture.

Échéances et forme des communications

Nous attendons les propositions de communication d’ici le 17 janvier 2020. Celles-ci doivent consister en un résumé du propos (pas plus d’une page) qui identifie très clairement le ou les ouvrages de J. F. Billeter qui y seront abordés, et les thématiques et problématiques centrales de la communication. Les propositions seront accompagnées d’un bref CV signalant l’institution d’appartenance, les champs de recherche et les publications pertinentes. Le programme définitif sera arrêté à la mi-février 2020 ; les auteurs des propositions retenues seront contactés directement.

Nous vous remercions de bien vouloir prévoir des communications plutôt synthétiques et qui n’excèdent pas 18 minutes, afin de préserver de réels temps de discussion et de débat entre intervenants et avec J. F. Billeter. Nous envisageons d’enregistrer les débats afin d’en proposer une transcription dans les actes de la journée ; cette logistique sera mise en place ultérieurement avec les services de l’Université et le consentement des intervenants.