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Littérature et métissage linguistique (Dunkerque)

Littérature et métissage linguistique (Dunkerque)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Romain Magras)

Journée d'étude "Littérature et métissage linguistique"

Université du Littoral Côte d’Opale

Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (UR H.L.L.I., EA 4030)

10 janvier 2020

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Après une première journée d’étude consacrée en mars 2019 aux « Autobiographies métisses », cette nouvelle manifestation scientifique sur les « Écritures métisses » abordera la question du métissage linguistique en littérature.

Le métissage, produit de la rencontre de plusieurs cultures, est diversement assumé selon les conditions historiques ou personnelles ayant présidé à sa survenue, qui peuvent influer sur le degré d’appropriation par le sujet de ses héritages mixtes : rejet, revendication, dénonciation, déni. Ce sont autant de problématiques centrales depuis des siècles dans plusieurs régions du monde, par exemple dans les Amériques, sur le continent africain ou encore en Europe. En effet, selon Umberto Eco, « la civilisation romaine fut une civilisation des métis ». Ces phénomènes sont anciens mais leur visibilité est accrue en raison des mouvements de population, des exils plus ou moins souhaités et de la mondialisation économique et cybernétique qui effacent chaque jour davantage les frontières géographiques et culturelles.

L’expression linguistique de ce métissage présente de multiples facettes sur le plan littéraire. Il peut s’agir de la cohabitation dans un même discours de schèmes grammaticaux (Marguerite Duras), de vocables, voire de mots et de phrases entières empruntés à des langues différentes (Louise Erdrich, Andrée A. Michaud). Les auteurs francophones, quant à eux, n’hésitent pas à s’inspirer de la langue qu’ils pratiquent oralement dans leur pays pour donner une coloration particulière à leur français. Ceux-ci se font parfois les analystes de leurs procédés d’écriture. Pensons notamment à Alain Mabanckou, dont les essais questionnent la manière de dire l’Afrique par le métissage linguistique, ou encore aux Québécois Jean Barbeau et Victor-Lévy Beaulieu qui affirment leur choix du joual pour leurs œuvres, le premier estimant qu’il est « la substance de [leur] drame » ; le second avouant « adopte[r] la langue qui lui plaît » au mépris des puristes.

Se pose aussi la question des relations entre les différents systèmes linguistiques contenus dans le discours, qu’il soit constitué d’une langue première ou d’une langue seconde, d’une langue officielle ou de langues vernaculaires. Ce discours hybride d’un point de vue linguistique peut s’avérer le simple reflet du plurilinguisme socio-culturel qui prévaudrait au niveau national, localement ou dans certaines communautés, où on observe un certain ésotérisme du langage, un moyen de s’identifier comme groupe ou de s’isoler (langues des banlieues étudiées par Jean-Pierre Goudailler en France et mises en scène par Percival Everett aux Etats-Unis). Il peut aussi être le fait de son seul auteur, alors créateur de langage (Ursula K. Le Guin).

Quel sens et quelle intentionnalité donner à ces emprunts, à ces adultérations linguistiques, à ces calques syntaxiques ou lexicaux, à ces néologismes ? La langue composite est-elle censée reconstruire ou reconquérir une identité diffractée (penseurs caribéens de la créolité) ? Préserver un patrimoine culturel qui risque de tomber en déshérence ? Prendre d’assaut une langue première en revendiquant une langue seconde (la créolisation du français par le Martiniquais Raphaël Confiant) ? Transposer sur le plan linguistique les rapports de pouvoir qui opposeraient différentes cultures dans un espace donné ? Rendre justice à ceux qui ont été écartés du pouvoir et persécutés, dans le souci de réparation ? Chercher l'exotisme ? Se conformer à un style qui serait caractéristique des écrivains d’une communauté ethnique donnée pour répondre aux demandes des lecteurs et du marché ? Dans ce cas, la réception, le lieu d’édition et la commercialisation de ces littératures métissées ont-ils un rôle à jouer dans l’hybridation ? Enfin, comment considérer ces emprunts linguistiques dans un contexte de multiplication infinie des espaces d’interlocution dont les langues seraient alors l’un des signes ?

Ces axes de recherche ne représentent que quelques pistes de réflexion parmi tant d’autres.

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PROPOSITIONS

Les propositions de communication, accompagnées d’un résumé de 20 lignes et d’une brève notice bio-bibliographique, sont à adresser avant le 15 octobre 2019 à l’adresse suivante : ecrituresmetisses.ulco@gmail.com 

Le comité d’organisation communiquera la liste des propositions sélectionnées ainsi qu’un programme prévisionnel de la journée d’étude à compter du 30 octobre 2019.

Les communications présentées lors de cette seconde journée d’étude seront intégrées au volume qui sera publié à l’issue de notre troisième manifestation consacrée aux « Écritures métisses ».

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Comité d'organisation :

Justine Jotham (MCF, ULCO)

Romain Magras (MCF, ULCO)

Patrycja Kurjatto-Renard (Docteure en littérature américaine, ULCO)