Questions de société
J. Vioulac, Anarchéologie

J. Vioulac, Anarchéologie

Publié le par Université de Lausanne

La Révolution industrielle a fait basculer l’humanité tout entière dans une période critique qui semble aujourd’hui la destiner à une catastrophe globale. Penser cette catastrophe impose de la situer dans le processus tragique dont elle est le dernier acte, et d’assumer ainsi la tâche d’une philosophie de l’Histoire.

Mais la catastrophe n’a pas épargné la philosophie elle-même, qui dans le même moment s’est confrontée à l’obsolescence de toute sa tradition en laquelle elle a reconnu une mystification : d’où la nécessité de sa réinstitution radicale, qui renverse sa structure théologique pour la réélaborer dans une structure archéologique. Cette archéologie cependant découvre l’absence de tout fondement et n’accède qu’à l’abîme : elle ne peut établir qu’un principe d’anarchie, et se développer comme anarchéologie.

Il est alors possible de concevoir l’Histoire en la ressaisissant depuis son inauguration par la Révolution néolithique, non plus en postulant à son commencement un Universel en puissance dont l’Histoire serait la réalisation de droit, mais en constatant à son achèvement un Universel en acte dont l’Histoire est la genèse de fait : l’Un numérique parvenu à l’hégémonie mondiale, devenu puissance démiurgique et pouvoir cybernétique, c’est-à-dire Capital.

Notre époque est ainsi révélation apocalyptique de l’essence nihiliste de l’Histoire, processus d’universalisation par consumation de toute particularité, et finalement processus d’annihilation. D’où la nécessité d’envisager une autre Révolution destinée à conjurer cette fatalité, transmutation de la négativité en liberté par laquelle s’accomplirait la promesse humaine.

SOMMAIRE

I De l’Histoire

§ 1. Détresse et misosophie

§ 2. Hérésie et utopie

§ 3. De la théologie à l’archéologie : démystification de la philosophie

  (1) Apothéose hiérarchique du principe

  (2) Phénoménologie, méthodologie et ontologie

  (3) De l’égologie à l’archéologie

§ 4. De la sociologie transcendantale à la philosophie de l’Histoire

§ 5. Tombeau de l’Histoire : le Musée

  (1) La matrice apocalytique

  (2) L’appareillement de l’Histoire

  (3) La spectralité de l’Esprit

§ 6. Du fondement à la fondation : architecture et anarchie

§ 7. Archéologie du commencement, I : la Cité grecque

§ 8. Archéologie du commencement, II : la Révolution néolithique

  (1) D’une Révolution l’autre

  (2) Une Révolution anthropocratique

  (3) Une Révolution sociocratique

  (4) Une Révolution théocratique

  (5) Mythologies du commencement, I : le mythe mésopotamien d’Atraḥasîs

  (6) Mythologies du commencement, II : le mythe hébreu d’Adam et Ève

  (7) Une Révolution métaphysique

§ 9. Les présupposés archéologiques de la théologie de l’Histoire

  (1) Messianisme et providentialisme ; eschatologie et téléologie

  (2) Le prophétisme rétrospectif

II De la catastrophe

§ 10. Catastrophisme et philosophie

§ 11. Catastrophe et Modernité : le nihilisme

§ 12. Catastrophe et apocalypse : la mort de Dieu

§ 13. La catastrophe industrielle : l’avènement du Capital

  (1) Généalogie de la logique et abstraction monétaire

  (2) Ontologie sociale et phénoménologie des formes-valeurs

  (3) La Révolution capitaliste : l’inversion du sujet et de l’objet

  (4) Une Révolution thanatocratique

§ 14. Dialectique du nihilisme

  (1) Dialectique et diabiotique

  (2) L’origine de la négativité dialectique, I : Homo demens

  (3) Démence et vérité

  (4) Science et métaphysique : l’antinomie philosophique

  (5) L’origine de la négativité dialectique, II : Homo laborans

  (6) Histoire et nihilisme

  (7) Capitalisme et annihilisme : le Capitalocène

§ 15. Apocalypse et Révolution

  (1) Capitalisme et providentialisme : démystification de la théologie

  (2) Apocalypse du néant

  (3) Messianisme et catastrophe, I : la Rédemption

  (4) Messianisme et catastrophe, II : la Révolution

  (5) Catastrophe de la Révolution

§ 16. Utopie et mélancolie

Pour ne pas conclure