Compte rendu publié dans Acta fabula : "Entre réalité & fiction : le cas de Je me souviens et Pedigree de Simenon" par Elisa Rocca.
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Jean-François Plamondon, Figurations autobiographiques
Turin : Libreria Stampatori, 2011
196 p.
Prix 14,50EUR
EAN 9788896339169.
Présentation de l'éditeur :
En suivant les pas de Jean-François Plamondon, on avance doucement, par des voies sinueuses mais habilement dirigées, vers une pensée qui cherche à expliquer dans un premier temps quelles sont les prémices de l'expression de la réalité, quelles sont celles qui amènent le lecteur vers l'univers de la fiction. Dans un deuxième temps, Plamondon analyse la construction littéraire d'un genre autobiographique en l'opposant au genre romanesque. Par une forme de démarche qui revisite et réactualise la narratologie, à la lumière d'un cadre philosophique proposé par les travaux de Paul Ricœur, l'auteur en vient à conclure que les postulats de Philippe Lejeune demeurent d'actualité, et ce, même si l'autofiction des Serge Doubrovsky et autres sceptiques a cherché à invalider la théorie des pactes de lecture proposée par Lejeune, il y a déjà une trentaine d'années.
On doit lire ces Figurations autobiographiques comme une mise à jour d'un débat, aussi vieux que la grotte du cyclope et que la caverne de Platon, à savoir les rapports qu'entretient l'écriture avec la réalité, ce qu'on a appelé longtemps après le début de la mise en question, le référent. Or l'un des référents de cette analyse n'est aucunement anodin. Il s'agit de Georges Simenon, un des écrivains du XXe siècle parmi les plus prolifiques. Écrivain de roman policier, certes, Simenon donnait aussi dans le roman réaliste, le roman psychologique, le roman d'atmosphère et le roman anti-colonialiste ; on le découvre maintenant comme un auteur de romans autobiographiques ; pour ramener avec Jean-Louis Jannelle cette typologie qui est tombée naguère dans la désuétude, et qui revient aujourd'hui sous le couvert de récits qui se rappellent et de romans historiques qui imaginent le passé, aidé par l'inventio d'une réalité possible. Roman à clé, Pedigree, de Georges Simenon, raconte une fresque sociale dans laquelle le jeune Roger s'initie à la vie. Ce roman peut être lu sans connaître rien de l'œuvre de Simenon, mais Plamondon le met en confrontation avec le texte source de Pedigree: une autobiographie de Simenon qui s'intitule Je me souviens. Il est intéressant de constater dans cet exercice comparatif que si l'œuvre simenonienne demeure peu étudiée par l'élite universitaire, les titres de ces deux ouvrages écrits dans les années 1940 ont en revanche stimulé des auteurs plus facilement acceptés par le champ restreint : Georges Perec ou Patrick Modiano.