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Appels à contributions
Imaginaire et représentations socioculturelles dans les proverbes africains

Imaginaire et représentations socioculturelles dans les proverbes africains

Publié le par Université de Lausanne (Source : Dr SILUE Lèfara)

Appel à contribution : « Imaginaire et représentations socioculturelles dans les proverbes africains»

La plupart des travaux consacrés aux parémies de l’Afrique ont trait le plus souvent à la collecte, à la transcription et à la traduction-interprétation. L’objectif fondamental est d’appréhender l’Homme dans sa globalité et d’explorer les caractères distincts des ethnies afin de mieux connaître et comprendre les peuples à travers leurs savoirs et connaissances endogènes. Mwamba Cabakulu (1993, p.12) pense d’ailleurs que si en Europe, les proverbes sont considérés comme un « langage littéraire figé» dans une sorte d’immobilisme, en Afrique, en revanche, l’usage des proverbes dans le discours est l’expression de la maturité et de la sagesse du sujet parlant.

Dans l’univers africain, l’art de la conversation jouit d’une grande considération. Comme dit Achebe « Chez les Ibo, l’art de la parole est un grand signe de réputation et, les proverbes sont l’huile de palme qui permet de manger les mots » (TFA, p.5). Du coup, la conversation devient un art que l’on peut assaisonner par des proverbes, véritables ingrédients de la littérature orale. C’est donc par l’usage du langage que l’on différencie l’insensé du sage. Le proverbe est l’apanage des personnes âgées, des esprits, des ancêtres et des divins. Dans ce sens, leur langage est un message codé que les initiés peuvent déchiffrer pour produire du sens.

Les proverbes constituent une source intarissable de l’oralité où chacun peut s’abreuver pour enrichir son langage. Aussi viennent-ils fréquemment et abondamment fertiliser la littérature écrite, les discours des religieux et des politiques. Ceci prouve sans doute l’actualité et l’intérêt de l’usage croissant des proverbes et c’est d’ailleurs ce qui motive l’orientation de notre préoccupation autour de la problématique de l’imaginaire et les représentations dans les proverbes.

Plusieurs chercheurs de diverses disciplines s’intéressent au binôme « imaginaire – représentations » dans leurs travaux. Ces notions sont examinées en fonction des disciplines. Selon Osiris (2016), les Grecs de l’Antiquité, et plus particulièrement les philosophes, lorsqu’ils voulaient évoquer l’imaginaire, ils se référaient à la doxa pour désigner l’ensemble des croyances, des opinions, des images, des visions et autres préjugés qui servent à un individu à se faire une représentation de la réalité. Dans cette logique, on distingue la doxa personnelle, collective et/ou universelle comme on parlerait d’imaginaire personnel, collectif et universel.

Par ailleurs, le concept de « représentation » est une image. « Cette représentation n’est pas le reflet dans l’esprit d’une réalité externe parfaitement achevée mais un remodelage, une véritable construction mentale de l’objet conçu comme non séparable de l’activité symbolique du sujet elle-même solidaire de son insertion dans le champ social » (Moscovi, 1972, pp.305-306). L’acte de représentation est un acte de pensée par lequel l’individu se rapporte à un objet. Etant des images possédant un ensemble de significations, les représentations sociales sont aussi des systèmes de référence permettant d’appréhender notre réalité sociale, notre environnement et de donner un sens à tout ce qui nous arrive. Elles nous permettent entre autre de classer les événements dans les catégories définies. Selon Julien M’Bambi « L’individu est partie prenante des dynamiques sociales, par le jeu des représentations, des identifications, de l’intériorisation et de l’actualisation des modèles culturelles et des fonctions qu’ils remplissent » (2003, p.110).

La littérature orale est un maillon de la tradition qui est mise en forme selon un code propre à chaque société et à chaque langue, en référence à un fond culturel. Elle conforte l’identité propre à une culture ou une communauté en même temps qu’elle pose des interrogations universelles à travers les connaissances très variées et étendues. Les proverbes que nous assimilons aux appellations « énoncés sentencieux », « parémies » ou « formes courtes » englobent (dictons, sentences, maximes, préceptes, slogans, adages, aphorismes, apophtegmes, phrases ou locutions proverbiales, etc.) Ils renferment la sagesse populaire, sous forme de phrases simples et faciles à mémoriser qui se transmettent de génération en génération par le truchement de la tradition orale.

Le présent projet d’ouvrage, dont l’intitulé est : Imaginaire et représentations socioculturelles dans les proverbes africains se propose d’interroger la manière dont la littérature, l’art et les sciences humaines à travers les proverbes véhiculent la vision du monde des Africains, leur mode de penser ainsi que les représentations sociales et culturelles qui s’imposent.

Le proverbe qui est à la fois le présent, le passé et le futur obéit à des circonstances d’énonciation diverses comme dit Jacques Chevrier : « Si le proverbe ne peut être étudié comme un fait linguistique isolé, c’est parce qu’il est par définition une parole « ouverte » c’est-à-dire une parole qui recouvre une multitude de situations auxquelles elle est susceptible de s’appliquer » (2005; p.346). Énoncé neutre et disponible, il ne prend son sens et son épaisseur qu’à l’intérieur d’un discours déterminé et selon l’intention de l’interlocuteur, et son enracinement dans une culture avec laquelle il entretient une relation très étroite. Les proverbes sont des ingrédients essentiels de la culture africaine. Ils sont comme des « arêtes vives de la pensée » que le locuteur inscrit dans son discours et ils peuvent jouer un rôle à la fois rhétorique, didactique et juridique. C’est fort de cette importance fondamentale du proverbe dans les discours en Afrique que Jean Louis Joubert (1992) écrit : « Le proverbe est le cheval de la parole ; quand la parole se perd, c’est à l’aide du proverbe qu’on la retrouve». Pris sous cet angle, le proverbe se présente comme un véritable véhicule de la conscience collective des peuples africains. Il est le porteur des représentations du monde, des images et des modèles mentaux plus ou moins complexes des individus qui participent à sa production. Comment les proverbes rendent compte de l’imaginaire collectif des peuples en Afrique? Quelles sont les représentations sociales et culturelles qui se dégagent des énoncés parémiologiques? Quelles en sont leurs particularités phraséologiques? Comment l’imaginaire de l’Afrique et les représentations sociales et culturelles peuvent-ils contribuer à l’émergence et au développement de l’Afrique? Tels sont les questionnements que cet ouvrage aspire scruter. Ainsi, les propositions d’articles peuvent s’inscrire dans les axes à explorer non exhaustifs suivants:

  • Proverbes et imaginaire collectif
  • Proverbes et systèmes de représentations sociales et culturelles
  •  Sémantique proverbiale et imaginaire sociale
  • Proverbes comme facteur d’émergence et de développement en Afrique
  • Proverbes, entre discours anciens et modernité

Les propositions d’articles, assorties d’un résumé de 300 mots et de cinq descripteurs maximum en français ou en anglais sont attendues aux adresses électroniques suivantes : lefaras@yahoo.com, samsiapaul@yahoo.fr jusqu’au 30 octobre 2019.

Les auteurs y indiqueront les noms et prénoms du ou des contributeurs, l’institution/laboratoire d’attache, le grade ou la qualité, l’axe d’étude choisi, l’adresse électronique et les mots-clés au-dessous du résumé. Les langues d’écriture des articles sont le français et l’anglais. Le volume des articles varie entre 10 et 15 pages.

Comité Scientifique

- Professeur Adama COULIBALY, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

- Professeur Bi Irié Ernest TOUOUI, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

- Professeur Bienvenu KOUDJO, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

- Professeur Cécile Dolisane EBOSSE, Université de Yaoundé1 (Cameroun)

- Professeur Clément DILI PALAÏ Clément, Université de Maroua (Cameroun)

- Professeur Daouda COULIBALY, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)

- Professeur Emmanuel MATATEYOU, Université de Yaoundé1 (Cameroun)

- Professeur Eunice NGONGKUM, Université de Yaoundé1(Cameroun)

- Professeur Gabriel KUITCHE FONKOU, Université de Dschang (Cameroun)

- Professeur Gérard-Marie MESSINA, Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

- Professeur Kasimi DJIMAN, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

- Professeur Logbo BLEDE, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

- Professeur Mamadou KANDJI, Université Chieck Anta Diop (Sénégal)

- Professeur Nol Alembong, Université de Buea (Cameroun)

- Professeur Obou LOUIS, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

- Professeur Pascal Okri TOSSOU, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

- Professeur Pierre MEDEHOUEGNON, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)

 

Comité de rédaction

-Dr Aboubacar Sidiki COULIBALY, Université de Bamako (Mali)

-Dr Adama SORO, Université Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)

-Dr Bi Boli Dit Lama GOURE, I N.P H.B, Yamoussoukro (Côte d’Ivoire)

-Dr Evrard AMOI, Université Péléforo Gon Coulibaly (Côte d’Ivoire)

-Dr Idrissa Soyiba TRAORE (MC), Université de Bamako (Mali)

-Dr Lèfara SILUE (MC), Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

-Dr. Mea KOUA, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

-Dr Moussa COULIBALY (MC), Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire

-Dr Paul SAMASIA, Chargé de cours, Université de Yaoundé1 (Cameroun)

-Dr Pierre Suzanne EYENGA ONANA (MC), Université de Yaoundé1 (Cameroun)

 

Coordonnateurs de l’ouvrage

Dr Lèfara SILUE, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) et Dr Paul SAMASIA, Chargé de cours, Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

Echéancier indicatif

  • Réception des articles sur format Word ou RTF: le 30 décembre 2019
  • Les réponses aux auteurs(es) : au plus tard le 15 janvier 2020…………….
  • Correction des articles et envoi définitif : le 15 mars 2020………………..
  • Publication de l’ouvrage : sauf impondérables, 30 septembre 2020

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Bibliographie indicative

-Cauvi Jean: L’image, la langue et la pensée, Paris, L’Harmattan, 1980.

-Clément Dili Palaï, Oralité africaine. Enjeux contemporains d’une métamorphose, Yaoundé,

  Editions CLE, 2015.

-Dominique Zahan, La dialectique du verbe chez les Bambara, Paris, Mouton, 1963.

-Leguy Cécile : Le proverbe chez les Bwa du Mali, Paris, Karthala, 2001.

-Mwamba Cabakulu, Dictionnaire des proverbes africains, Paris, L’Harmattan, 1993.

-Nazaire Diatta: Proverbes Joola de Casamance, Paris, Karthala, 1998.

-Tououi Bi Irié E., Proverbes gouro saillier, humour et sagesse en Côte d’Ivoire, Paris, L’Harmattan, 2014.