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Il faut que jeunesse se passe - séminaire à la bibliothèque Méjanes et carnet de recherche hypotheses.org 

Il faut que jeunesse se passe - séminaire à la bibliothèque Méjanes et carnet de recherche hypotheses.org

Publié le par Université de Lausanne (Source : Amélie Derome)

Il faut que jeunesse se passe - séminaire à la bibliothèque Méjanes et carnet de recherche hypotheses.org 

La genèse des ateliers de traduction de jeunes poètes labellisé par la Fédération de recherche CRISIS d’Aix-Marseille Université « Il faut que jeunesse se passe » repose sur les accointances que présentent la jeunesse et la traduction. Ces notions subissent en effet le même chef d’accusation : elles seraient toutes deux corrompues. La traduction, soupçonnée de porter la marque de l’effondrement de la Tour de Babel et de la déliquescence des langues, est souvent considérée comme un état dégradé de l’original qu’elle s’efforce de rendre, à l’image d’une jeunesse dont les mœurs représenteraient une déchéance des coutumes des générations antérieures. Si ce thème de la décadence relève du topos, ce dernier nous paraît digne d’être examiné, d’autant que l’articulation de la jeunesse et de la traduction semble pouvoir se resserrer métaphoriquement. Les textes originaux perdurent en effet dans leur état premier, tandis que les traductions paraissent condamnées au vieillissement, comme en témoignent les pratiques éditoriales de retraductions récurrentes. Cependant, les traductions demeurent la condition de survie de l’original et deviennent, d’une certaine manière, la source de jouvence d’où les textes source puisent leur éternelle jeunesse.

Le titre du séminaire « Il faut que jeunesse se passe » souligne les liens qui unissent la traduction à la jeunesse. Si l’expression proverbiale évoque la bienveillance teintée d’impatience que l’on peut éprouver devant le fourvoiement d’une jeunesse, elle indique également la nécessité qu’il y a à la « passer » en tant que telle, c’est-à-dire à la transmettre, à la traduire. La locution, loin de se cantonner à la désignation de la jeune création, nous paraît également capable d’interroger l’inexpérience que l’on suppose inhérente aux premières traductions d’une œuvre. Cette imperfection supputée nous semble reposer avant tout sur deux critères : l’évolution des normes traductives – contre laquelle il semble difficile de lutter – et l’infidélité à l’auteur. C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole à l’auteur, de l’intégrer pleinement dans l’activité traductive. La sentence de Barthes, selon laquelle « la naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’auteur » paraît avoir orienté le courant de la traduction universitaire qui s’affranchit de la garantie qu’apportait l’auteur. Barthes se ravisait pourtant, signalant que « dans le texte, d’une certaine façon, je désire l’auteur ». Lorsqu’une traduction passe pour infidèle, n’est-ce pas précisément ce désir d’auteur qui se trouve frustré ? Le lecteur, ne trouvant plus la trace de l’auteur au sein du texte, s’en prend au traducteur. Les jeunes poètes du séminaire seront ainsi invités à attirer l’attention des sur la visée de leur œuvre, afin qu’ils puissent tâcher de la restituer au mieux dans leurs traductions et que le lecteur jouisse d’effets analogues en langue étrangère. Nous espérons ainsi, grâce à ces ateliers de traduction, montrer que le « passage », la transmission des œuvres contemporaines peuvent être assurés par une réassociation des chercheurs et des traducteurs aux auteurs, au service du lecteur. Si la traduction assure la pérennité de l’œuvre, l’auteur paraît pouvoir garantir, à son tour, la survie de la traduction – et peut-être l’extirper du vieillissement qui la menace.

Au fil des trois premières séances, nos jeunes poètes invités ont rencontré des jeunes chercheurs ainsi que des traducteurs. Des premiers échanges ont eu lieu et des projets éditoriaux sont nés. Alors que nous nous apprêtons à clôturer le séminaire, en partenariat avec la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence et la Fondation Saint-John Perse, nous sommes convaincus que le séminaire doit se poursuivre à travers son carnet de recherche sur la plateforme Hypothèses, et qui dispose d’un numéro ISSN. Nous souhaitons mettre en lumière jeunes chercheurs, jeunes poètes et jeunes traducteurs. Nous sommes ainsi à la recherche de textes à publier. Voici le type de propositions auxquel nous sommes ouverts :

Propositions d’articles (300 mots à envoyer à tradpoesie@gmail.com, accompagnés d’une courte biographie) consacrés à la traduction de la poésie, à la réception de la poésie traduite, ou au marché éditorial de la poésie en France.

Propositions d’entretiens de poètes contemporains, d’éditeurs ou de traducteurs (300 mots à envoyer à tradpoesie@gmail.com, accompagnés d’une courte biographie).

Propositions de traductions des textes des poètes du séminaire, disponibles à cette adresse : https://tradpoesie.hypotheses.org/category/les-traductions-du-seminaire  (envoyer la traduction à tradpoesie@gmail.com, accompagnée d’une courte biographie).

Propositions de traductions inédites de poésie étrangère vers le français (envoyer la traduction ainsi qu’un court texte de présentation à tradpoesie@gmail.com, accompagnés d’une courte biographie). Ces traductions pourront être lues à la Bibliothèque Méjanes, lors de la séance de clôture du séminaire le 20 septembre 2019.

Date limite : 31 décembre 2019 pour les 3 premières options, 30 juillet pour la dernière.

Plus d’informations sur le séminaire et le carnet de recherche : tradpoesie.hypotheses.org

Comité de lecture :

Amélie Derome LERMA (Aix-Marseille Université)

Emma Ayasse CIELAM (Aix-Marseille Université)