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Conférences "La traduction comme écriture" (captations)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Emilie Audigier)

II Cycle de conférences Littérature comparée et traduction

“La traduction comme écriture”

 

Centre de recherche en Traduction littéraire Versa

Université fédérale du Maranhão, Brésil

Du 26 avril au 5 juillet 2021 [= captations, NDLR]

 

Coordinatrice

Émilie Audigier 

(Pós-Graduação em Letras/DELER - Universidade Federal do Maranhão, Brésil)

 

Co-écriture et tradadaptation

 

Traduire n’est pas synonyme de copier, transposer, transcrire une œuvre dans une autre langue. Traduire est un acte d’écriture, une forme de réécriture, qui utilise les mêmes procédés que ceux de la création littéraire. Paulo Bezerra, traducteur brésilien de Dostoievski révèle que “le processus traductoire est un processus créateur. La traduction est aussi une création dans la mesure où elles interagissent avec deux instances créatrices, celle de l’auteur et de l’original et celle de son traducteur.” Boris Pasternak (1985) grand poète et traducteur confirme cette idée :“ Chaque avancée quotidienne met le traducteur en situation vécues auparavant par l’auteur. Jour après jour il reproduit les mouvements un jour réalisés par le grand prototype.” De façon parallèle, Octávio Paz expose une réflexion sur le texte traduit dans sa qualité de recréation et de transformation, c’est-à-dire, un procédé de création littéraire, plus précisément celui de l’écriture poétique. La création poétique et la traduction littéraire se correspondente, comme deux mouvements créatifs inverses. Le premier acte consiste à partir de l’immensité du choix linguistique pour choisir une forme fixe, qui deviendra le poème en jouant avec la polysémie. Le second, l’acte de traduction part de la forme fixe, le texte original, et tout l’art consiste alors à retrouver une nouveauté dans le “mouvement” des formes et des signes, à retrouver une nouvelle dimension plus “ouverte” qui deviendra la traduction. Ainsi, l’activité du traducteur est en même temps, celle du lecteur, du critique et aussi celle du créateur.

Traduire c’est ainsi donner une nouvelle vie à l’œuvre dans la culture étrangère c’est réaliser une traversée pour évoquer la métaphore de Guimarães Rosa, celle de la troisième rive du fleuve, où resident au-delà de la culture et de la langue étrangère, la création de la nouvelle œuvre. Nous savons par la correspondance envers ses traducteurs que Guimarães Rosa a connu une relation intime avec la traduction. Il aimait les langues et se nourrissent les littératures étrangères. Son traducteur italien, Edoardo Bizzari, qui avait traduit entre autre Melville, Henry James, révèle alors : “Traduire c’est pratiquer un exercice de style, une recherche de l’interprétation, c’est finalement un acte d’amour, car il s’agit de se laisser traverser entièrement par une autre personnalité”.

Guimarães Rosa affirme encore à ce sujet : “Moi, quand j’écris un livre, je fais comme si j’étais en train de traduire d’un haut original, existant dans l’au-delà, dans le monde astral ou sur le plan des idées, des archétypes, par exemple. Je ne sais jamais si je réussis ou si j’échoue dans cette traduction. Ainsi, lorsqu’on me retraduit dans une autre langue, je ne sais jamais non plus, lorsqu’il y a des divergeances, si ce n’est pas le Traducteur qui de fait, a réussi à rétablir la vérité de l’”original ideal”, que j’avais effacé”.

Dit autrement, c’est considérer l’acte de traduction comme une écriture en soi, et pas une simple reproduction, ou une co-écriture, une “tradaptation”, comme disait Rosa. Dans sa dernière lettre à son traducteur italien Eduoardo Bizarri, il développe: “Envoyez-moi, sans aucune retenue, et sois sûr que chaque doute est fécond. Et que nous deux, ensemble, nous serons très forts, invincibles. Tu n’es pas seulement un traducteur. Nous sommes des “associés”, tout à fait, et l’invention et la création doivent être constantes. Avec toi, je n’ai peur de rien !”

 

Programme

 

26 avril, à 14h. Patrick Hersant, Université Paris 8 (Paris)

“Quand l’auteur s’en mêle : cas de traduction collaborative”

https://www.youtube.com/watch?v=rnmtKgK3EA0&t=352s

 

3 mai, à 14h. Bernardo Ajzenberg

“L’auteur et le traducteur”

https://www.youtube.com/watch?v=JZjE1aSauh4&t=75s

 

7 junho, à 14h. Berthold Zilly, Freie Universitat Berlin (Allemagne)

“Grande Sertão: Veredas. De la poétique de la création à la poétique de la traduction” 

https://www.youtube.com/watch?v=iZXhbllfWcY&t=312s

 

21 juin, à 14h. Marie-Hélène Torres, Universidade Federal de Santa Catarina (Brésil)

“Paratextes traduits comme égodocuments : Adrien Delpech, premier traducteur de Machado de Assis en français”

https://www.youtube.com/watch?v=qI-k6p_WXZE&t=185s

 

28 juin, à 14h. Andreia Guerini, Universidade Federal de Santa Catarina (Brésil)

“Micro-histoire de la traduction littéraire au Brésil”

https://www.youtube.com/watch?v=iqhIwQlvISE&t=1875s

 

5 juillet, à 14h. Beatriz Bracher 

“Borges, l’auteur, le traducteur et la lectrice”.

https://www.youtube.com/watch?v=ppQUi-M7RRw&t=73s

 

Comité scientifique

 

Álvaro Faleiros (Universidade de São Paulo)

Carolina Paganine (Universidade Federal Fluminense)

Dennys Silva-Reis (Universidade Federal do Acre)

Inês Oseki-Dépré (Université Aix-Marseille)

Karine Simoni (Universidade Federal de Santa Catarina)

Marcelo Jacques de Moraes (Universidade Federal do Rio de Janeiro)

Marlova Aseff (Universidade de Brasília)

Philippe Humblé (Vrije Universiteit Brussel, Bélgica)

Rafael Campos Quevedo (Universidade Federal do Maranhão)

Valéria dos Santos Guimarães (Universidade Estadual de São Paulo)

Walter Carlos Costa (Universidade Federal do Ceará)

 

Équipe organisatrice

Maria Ordóñez (IFMA/UFMA)

André Serrão Viegas (PGLetras/UFMA)

Bruno Carlos Castro Vieira (DELER/UFMA)

Daphne Jardim Sampaio (PGLetras/UFMA)

Francisdeth da Silva Garcia (DELER/UFMA)

Marcelo Lima de Carvalho (PGLetras/UFMA)

Patrícia Fernanda Massetti Lima (PGLetras/UFMA)