Revue
Nouvelle parution
Romanica Wratislaviensia, n° 67 :

Romanica Wratislaviensia, n° 67 : "Le théâtre comme lieu d’affrontement politique et social : du Cid à Hernani (1637–1830)"

Publié le par Marc Escola (Source : Tomasz Wysłobocki)

Romanica Wratislaviensia, n° 67 :

"Le théâtre comme lieu d’affrontement politique et social :

du Cid à Hernani (1637–1830)"

Wydawnictwo Uniwersytetu Wrocławskiego, 2020.

EAN13 : 9788322935422.

 

Le présent volume de Romanica Wratislaviensia porte sur les inclinations sociales et politiques du théâtre entre les XVIIe et XIXe siècles. Ses contributeurs, venant de plusieurs pays, experts de multiples domaines (historiens, littéraires, historiens de l’art, traductologues) et spécialistes de trois époques historiques différentes, se penchent sur le riche patrimoine scénique européen pour réfléchir ensemble sur l’influence du théâtre sur les contemporains, ainsi que sur l’ascendant des conditions historiques sur la création dramaturgique de l’époque.

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Présentation des contributions :

Le volume s’ouvre par deux textes issus des conférences plénières inaugurant les deux journées du colloque. Les articles de Beata Baczyńska et de Philippe Bourdin, riches en matière historique et littéraire, permettent un regard général et en même temps très précis sur des sujets très distincts. Le premier examine l’héritage européen et l’influence du théâtre espagnol du Siècle d’Or, souvent marginalisés, à l’époque comme aujourd’hui, à cause de la domination culturelle de la France sur l’arène internationale. L’autre se concentre sur le paysage théâtral très mouvementé de la France de la Révolution, aidant à comprendre les problèmes quotidiens et les aléas des dramaturges, des propriétaires des théâtres et des acteurs de la période.

L’article d’Elena Mazzoleni a aussi un caractère panoramique : il présente l’histoire des théâtres populaires parisiens du XVIIe au XIXe siècle. L’auteure étudie des archives pour en tirer des conclusions sur les subterfuges techniques ou esthétiques auxquels les directeurs des scènes foraines devaient avoir recours pour contourner la censure et le monopole des théâtres officiels.

Les articles de Christian Grünnagel, de Monika Kulesza et d’Anthony Saudrais nous transportent dans la France du Grand Siècle et présentent différents aspects de la création dramaturgique de l’époque. Anthony Saudrais cherche à démontrer les enjeux et la vocation politique du théâtre sous le gouvernement de Richelieu. Christian Grünnagel se penche sur une pièce de Cyrano de Bergerac pour étudier les opinions politiques et religieuses de ce dernier. Monika Kulesza analyse les pièces de Mme de Maintenon destinées à l’éducation morale des jeunes filles de son école de Saint-Cyr pour voir comment elle pensait préparer ses élèves à la vie d’adulte dans une société patriarcale imprégnée de nombreuses convenances.

Maja Pawłowska et Justyna Łukaszewicz proposent, quant à elles, une approche traductologique du théâtre. La première se penche sur l’adaptation polonaise du Cid par Jan Andrzej Morsztyn afin de comprendre comment celui-ci a cherché à ajuster le contenu moral et politique de la pièce aux idéaux sarmates du public local et aux besoins de la couronne polonaise. La deuxième présente les résultats de ses recherches sur les traductions et les adaptations linguistiques et culturelles de plusieurs pièces de Beaumarchais sur les scènes de Pologne de la fin du XVIIIe siècle.

Les articles de Nicolas Brucker, d’Odile Pauchet-Richard et d’Aurore Chéry nous invitent à regarder de près quelques pièces jouées dans les théâtres français au temps des Lumières et dont l’intérêt social, philosophique ou politique a été manifeste. Nicolas Brucker s’intéresse à une pièce de Du Rivet consacrée au luxe, datée de 1746, afin de montrer la lutte de classes sociales qui s’ensuit. Odile Pauchet-Richard change de domaine : elle examine en détail le cours des événements qui ont suivi la représentation des Philosophes de Pallisot, pièce qui se moquait de Diderot et de ses compagnons, et qui cherchait à ridiculiser le milieu des encyclopédistes à un moment crucial de la bataille menée par les Lumières. Enfin, Aurore Chéry analyse, dans une approche historique, les liens entre la création dramaturgique de Beaumarchais et la politique de Louis XVI afin de constater que le dramaturge aurait travaillé secrètement pour la monarchie française agonisante.

Avec les textes de Michel Figeac et d’Anouchka Vasak, nous entrons dans l’époque turbulente de la Révolution française. Le premier, après des explorations minutieuses d’archives locales, nous transporte à Bordeaux pour montrer le développement des théâtres de la ville après 1789 et l’impact du répertoire largement politisé sur les esprits du public bordelais. Le texte d’Anouchka Vasak sert de transition entre deux époques et aborde un sujet assez insolite : l’usage des pièces de théâtre en tant que thérapie dans les asiles et hôpitaux pour malades mentaux. Son étude commence sous le Directoire pour ensuite s’aventurer dans les deux premières décennies du XIXe siècle et même poursuivre jusqu’à l’époque moderne.

Viennent enfin les textes d’Aleksandra Kamińska et de Filippo Bruschi, avec qui nous entrons de plein pied dans le XIXe siècle. La première cherche dans les pièces écrites après 1815 par Pixerécourt, dramaturge actif déjà sous le Directoire, des éléments qui vont alimenter le théâtre romantique. Filippo Bruschi, quant à lui, propose la lecture d’une pièce peu connue de Mérimée, La Jaquerie, pour en tirer des conclusions sur les goûts esthétiques et les opinions politiques de l’auteur, y voyant les prémisses du théâtre romantique.

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