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Hors-champ et non-dit dans le texte et l'image (Brest)

Hors-champ et non-dit dans le texte et l'image (Brest)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Christophe Cosker)

COLLOQUE DES DOCTORANTS ET JEUNES CHERCHEURS

Mercredi 5 juin 2019 & jeudi 6 juin 2019

Laboratoire HCTI EA 4249 (Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image)

Ecole Doctorale Arts, Lettres et Langues

Université de Bretagne Occidentale

Brest, France

« Hors-champ et non-dit dans le texte et l’image »

 

La profusion de discours, textuels et visuels, à l’oeuvre dans la société actuelle, n’épuise pas les questions du non-dit et du hors-champ, inhérentes à tout acte de communication qui, comme l’explique le philosophe Jean-Luc Nancy, « ne transporte pas des significations [mais] met en contact des ouvertures de sens1».

En effet, tout discours est construit sur la base d’un choix : choix de divulguer une information, choix du registre et du lexique en fonction de l’interlocuteur, choix de communiquer. Si le silence naît généralement de l’absence de bruit, il arrive qu’un trop-bruit débouche sur un bruit blanc qui entraîne un silence sémantique coupant court à toute communication. De même, le non-dit se présente comme le miroir du dire, mais il peut également être contenu par celui-ci, par exemple dans un jeu de séduction, ce qui fait dire à Roland Barthes que « l’endroit le plus érotique du corps est là où le vêtement baille ». Il poursuit en expliquant que « C’est l’intermittence qui est érotique [...] : la mise en scène d’une apparition-disparition2». Ainsi, ce qui ne se dit pas relève des différentes sphères que sont entre autres le présupposé, le sous-entendu, l’implicite ou encore le tabou et l’intime, mais serait également ce qui donne son sens au dit, comme le suggère la théorie de l’iceberg à l’oeuvre dans les écrits d’Ernest Hemingway3.

Toute image, fixe ou mobile, par son cadrage, suppose l’existence d’un hors-champ, de même que tout texte suppose un non-dit ou un non-écrit. La diversité des media (peinture, photographie, théâtre, cinéma, bande dessinée, séries télévisées, jeux vidéo…) implique une explosion des concepts de cadre, marges et liminalité, re-définissant les notions même de hors-champ, de hors-texte, voire de « hors-page ».

Pour autant, la notion de non-dit ne se restreint pas aux études textuelles, tout comme celle de hors-champ ne se limite pas aux études visuelles ; toutes deux peuvent même se croiser au sein d’un large éventail de disciplines en sciences humaines.

Dans cette perspective interdisciplinaire, le présent colloque se propose d’analyser la porosité des concepts de non-dit et de hors-champ pour les étudier dans les domaines de l’image et du texte, conformément aux axes de recherche du laboratoire HCTI.

Les intervenants pourront, s'ils le souhaitent, traiter des thématiques suivantes (liste non exhaustive) :

- L’ellipse, l’indicible, le secret et l’intertextualité en littérature

- Les notions de présupposé, de connotation, de polyphonie et de non-verbal en linguistique et dans le discours politique

- Le cadre, les marges, la focalisation et la perspective en études visuelles

- L’image de l’artiste, le décalage entre fantasme et réalité, les représentations et interprétations subjectives et objectives, l’art de la suggestion

- L’adaptation, l’interprétation et la traduction de textes et de pratiques culturelles, le contexte et le registre inhérents à la compréhension du discours, la notion de ce qui est « lost in translation »

- La fragmentation de la forme sérielle et la nécessité du non-dit en série pour préserver le suspense, créer un phénomène de cliffhanger et fidéliser le public

- Les discours des médias participatifs, le contraste entre la profusion du discours et la disparition des mots au profit d’images porteuses et chargées de sens

- Les pratiques culturelles et la sociabilité, l’être et le paraître dans les sphères publique et privée, les normes sociales explicites et implicites

- Les frontières officielles, culturelles, politiques ; les frontières identitaires et leurs effets sur une communauté ; la question de la perception individuelle ou collective

- L’influence des échanges commerciaux, officiels ou officieux, licites ou illicites, sur la perception d’un produit, d’un pays, d’une culture

Les propositions (titre et résumé de 300 mots), en français ou en anglais, ainsi qu’une brève présentation de l’auteur (nom, prénom, courriel, affiliation, recherche) doivent être envoyées à l’adresse suivante : doctorants.hcti@gmail.com pour le jeudi 31 janvier 2019, délai de rigueur.

Les réponses seront données fin février 2019. Le colloque se déroulera le 5 et 6 juin 2019 à la faculté Victor Segalen de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest. La durée des interventions ne devra pas excéder 20 minutes. La priorité sera donnée aux communications de doctorants et jeunes chercheurs.

Les membres du comité scientifique : Pierre Chartier (CNU 7), Christophe Cosker (CNU 9), Lise Delmas (CNU 11), Raphaël Haudidier (CNU 11), Dan Luo (CNU 7), Camille Manfredi (CNU 11) Fabiola Obame (CNU 10), Benoît Quinquis (CNU 17)

Les membres du comité d’organisation : Jérémy Cornec, Gwenthalyn Engélibert, Sophie Le Hiress, Anthony Remy

Le colloque donnera lieu à une publication dans Motifs, la revue en ligne du laboratoire, en français ou en anglais. Des précisions sur ce point viendront par la suite.

Manifestation organisée avec le soutien du laboratoire HCTI EA 4249 (directeur Pr. Alain Kerhervé) et l’Ecole Doctorale Arts, Lettres et Langues de l’Université Bretagne-Loire (directrice du site de Brest, Pr. Hélène Machinal).

 

 

1 NANCY, Jean-Luc. La pensée dérobée, Paris: Coll. « La Philosophie en effet », 2001, p. 41.

2 BARTHES, Roland. Le plaisir du texte, Paris: Seuil, 1973, p. 17-18.

3 Hemingway déclarait en 1958 dans une interview donnée à la Paris Review: “[...] I always try to write on the principle of the iceberg. There is seven eighths of it underwater for every part that shows. Anything you know you can eliminate and it only strengthens your iceberg”, in “The Art of Fiction, n°21”, Paris Review, issue 18, Spring 1958.