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Héritages culturels : sources et postérités de la première modernité (Univ. du Québec à Trois-Rivières, en ligne)

Héritages culturels : sources et postérités de la première modernité (Univ. du Québec à Trois-Rivières, en ligne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : CIREM 16-18)

Héritages culturels : sources et postérités de la première modernité

XXe colloque « Jeunes chercheur·e·s »

du Centre interuniversitaire de recherche sur la première modernité (CIREM 16-18)

Université du Québec à Trois-Rivières (en ligne)

9-11 juin 2021

 

Ce colloque entend aborder, dans toute la diversité de ses formes et de ses expressions, la question des héritages culturels, en amont et en aval de la première modernité. Il peut s’agir de remonter aux sources et d’examiner les héritages, principalement issus de l’Antiquité, dont se réclament les Modernes, ou encore de s’interroger sur ce que la première modernité a elle-même légué à la postérité, des lendemains de la Révolution française jusqu’au XXIe siècle.

La Renaissance, d’abord, est marquée par un renouveau artistique, culturel et scientifique que caractérise un retour à la pensée antique et à ses valeurs. Par-delà la chute de l’Empire romain et un Moyen-Âge souvent perçu comme barbare, ce retour aux Anciens enracine la culture de l’Europe moderne dans une mémoire savante qui, entre le XVIe et le XVIIIe siècles, se veut riche en modèles à imiter, en idéaux à reconquérir. La relecture d’auteurs tels Platon, Sénèque ou Cicéron, le souvenir de figures telles Socrate, Diogène ou Épicure nourrissent la vitalité inventive de la première modernité. La question des rapports entre les Anciens et la modernité invite à s’interroger sur l’expérience du temps, qui s’incarne ici dans un double mouvement de célébration et de critique des Anciens, oscillant en permanence entre un sentiment d’actualité immédiate du passé et une exigence d’actualisation. Cette tension est même constitutive de la manière dont la philosophie moderne et l’imaginaire littéraire ou artistique se réapproprient l’Antiquité pour mieux réinventer mythes et textes gréco-latins, multiplier les parallèles entre Anciens et Modernes, faire renaître l’idéal républicain ou encore réécrire les philosophies hellénistiques, qu’il s’agisse du scepticisme, de l’épicurisme ou du stoïcisme.

Au tournant du XIXe siècle, cependant, la première modernité est généralement jugée à l’aune de la Révolution française, grand moment de rupture qui marque l’imaginaire. Dès lors, les héritages culturels de cette période sont le plus souvent classés dans un passé considéré comme révolu, au nom de philosophies de l’histoire façonnées par l’idée d’un progrès cumulatif de l’esprit humain, quand elles ne sont pas tout simplement rejetés, par exemple chez ceux qu’Antoine Compagnon a nommé « antimodernes ». De manière générale, il faudra attendre à la fin de la Seconde Guerre Mondiale avant que la première modernité ne revienne au-devant de la scène, surtout d’abord dans ses aspects politiques et philosophiques : les représentants de l’École de Francfort, par exemple, cherchent à retracer dans la pensée moderne les origines du totalitarisme. Au début des années 1970, l’idéal de progrès s’essouffle et le rapport à l’histoire se renouvelle, laissant une place plus grande à la subjectivité, à la narrativité et au potentiel rhétorique et critique des lieux de mémoire. On assiste dès lors à une réhabilitation de la première modernité sous toutes ses formes, qui prendra son plein essor en 1989, année du bicentenaire de la Révolution et de la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui encore, alors que la démocratie, les libertés, les identités individuelles et collectives subissent chaque jour l’assaut de nouvelles menaces, alors que les nouveaux réseaux de communication laissent libre cours à la brutalité discursive et à la désinformation proliférante, les héritages culturels de la première modernité demeurent, à plusieurs égards, d’une grande actualité.

Nous sollicitons, à l’occasion de cette rencontre de nature interdisciplinaire, des propositions pouvant s’inscrire dans l’un ou l’autre de ces axes :

1. Héritages antiques et médiévaux dans la pensée moderne (relectures d’idées philosophiques, poétiques, rhétoriques ou politiques issues de l’Antiquité ; histoires modernes de l’Antiquité ; représentations des Anciens dans les arts ; parallèles littéraires ou philosophiques ; édition de textes anciens ; héritages culturels issus du Moyen Âge ; les héritages européens mis à l’épreuve de l’altérité – Amériques, Indes, Asie, contrées imaginaires, etc.) ;

2. Problématisations de l’héritage dans la première modernité (théories et réflexions des hommes de lettres, des philosophes, des artistes, sur l’historicité de leurs propres pratiques, sur ce qu’ils souhaitaient léguer à la postérité) ;

3. Héritages culturels de la première modernité (représentations dans les arts : littérature, arts visuels, cinéma, bande dessinée, etc. ; héritages politiques, philosophiques ou épistémologiques ; enjeux patrimoniaux et muséologiques ; zones d’ombre, oublis, rejets ; héritages antiques repris par la pensée moderne, puis réactualisés postérieurement, etc.).

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Ce colloque du CIREM 16-18, qui se déroulera à distance sur une plateforme électronique, est ouvert aux jeunes chercheur·e·s (des étudiant·e·s à la maîtrise ou au master ainsi que des doctorant·e·s et postdoctorant·e·s) œuvrant dans les différents champs des sciences humaines, de la littérature à l’histoire, en passant par la philosophie et l’histoire de l’art. Les communications, inédites et en français, ne devront pas dépasser les vingt minutes allouées à chaque participant·e. Les propositions de communication (titre et résumé de 250 mots, niveau d’études, ancrage institutionnel) doivent être envoyées au comité organisateur avant le 1er février 2021 à l’adresse suivante : nelson.guilbert@uqtr.ca.

Les Cahiers du CIREM (Paris, Hermann) accueilleront les articles issus des communications après examen par le comité scientifique, formé des directeurs des Cahiers et des organisateurs du colloque.

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Comité organisateur et scientifique

Jacinthe De Montigny, Kim Gladu, Nelson Guilbert, Valérie Plourde, André M. Rocha.