Essai
Nouvelle parution
H. Parret, La main et la matière. Jalons d'une haptologie de l'œuvre d'art

H. Parret, La main et la matière. Jalons d'une haptologie de l'œuvre d'art

Publié le par Marc Escola

Compte-rendu publié dans Acta fabula (Septembre 2018, vol. 19, n°8) : Florence Baillet, "À rebours de l’oculocentrisme : le toucher en esthétique"

 

Hermann Parret,

La main et la matière. Jalons d'une haptologie de l'œuvre d'art

Hermann, mars 2018, 504 p.

ISBN 9782705695491

Comment la main donne-t-elle forme à la matière dans la pratique artistique ? Comment concevoir leur rapport dans la genèse d’une œuvre d’art ? Le présent ouvrage propose une relecture de la pensée esthétique à partir de questions durablement escamotées par ses historiens. Au revers de l’oculocentrisme dominant s’est développée en effet, dès la naissance de l’esthétique au XVIIIe siècle, comme la face occulte d’un Janus, une haptologie de l’œuvre d’art qui détermine l’expérience esthétique comme essentiellement sensorielle et corporelle, et la pratique artistique comme le cheminement de la main trouvant son chemin au cœur de la matière.

Herman Parret retrace l’histoire de cette esthétique haptologique et en analyse les concepts-clés à travers une relecture des textes fondamentaux, de Baumgarten à Lyotard, en passant par Lessing, Diderot, Kant, Herder, Nietzsche, Riegl, Husserl, Merleau-Ponty, Jean d’Udine, Henri Focillon et Gilles Deleuze. Il montre comment l’hypothèse haptologique s’immisce dans le cadre général de réflexion de ces penseurs et finit toujours par s’y justifier, dégageant une continuité méconnue sur plus de deux siècles d’esthétique philosophique.

Herman Parret est professeur émérite de philosophie du langage et d'esthétique à l'Université de Leuven. Il a également enseigné aux Pays-Bas, en France et en Italie, dans les pays latino-américains et aux Etats-Unis. Auteur d'une quinzaine de monographies, ses écrits portent sur la pragmatique linguistique et philosophique, la sémiotique textuelle et visuelle, l'épistémologie de la linguistique, l'esthétique philosophique et la théorie de l'art. Parmi ses dernières publications : Structurer - Progrès sémiotiques en épistémologie et en esthétique (Academia, 2018), Une sémiotique des traces.Trois leçons sur la mémoire et l'oubli (Lambert-Lucas, 2018).

Table des matières

La pratique artistique comme oeuvre
de main. Lectures valéryennes ...................................................... 5
I. Felix aestheticus et Veritas aesthetica ......................................... 33
I. Le bonheur de l’esthète ............................................................................ 35
II. Baumgarten et son Maître .................................................................... 48
III. La « richesse » esthétique ....................................................................... 53
II. L’impensé du Laokoon ............................................................................ 59
I. La première loi de l’art : la loi de la beauté .................................... 63
II. L’oeil devant le tableau et la matière visible .................................. 68
III. La binarisation et ses empiètements ............................................... 71
IV. Le renversement du canon esthétique ........................................... 76
V. La transparence du signe et le secret de la chose ........................ 80
VI. Le portrait d’Alcine et le retour à la main et la matière ........ 87
III. « Les mains méprisées pour leur matérialisme » ............ 91
I. Le cas Sulzer ................................................................................................... 93
II. Rationalisme et sensualisme : Eudoxe et Philanthe
sur l’oeuvre d’art ................................................................................................ 94
III. Le passage des Anglais ........................................................................ 100
IV. Burke, docteur en smoothness .......................................................... 102
V. Leçon sur les sourds et les aveugles ................................................ 106
VI. Le ciseau des plus grands maîtres
Les Salons de Diderot ................................................................................. 111
VII. Des chairs aux marbres – La matière selon Diderot .......... 115
VIII. Apologie des sensibilia et enjeux de la main ........................ 118
IV. Un certain Kant au Jardin d’Épicure .............................. 127
I. Apologie de l’affect : entre la sensibilité et le sentiment ........ 131
II. Le Gemüth comme lieu de la Rührung ......................................... 140
500 La main et la matière
III. Le sentiment vital et le corps .......................................................... 148
IV. Le dégoût de la matière informe ................................................... 157
V. Kant sur les cordes vibrantes de la harpe .................................... 172
VI. La théâtralisation des limites de la raison ................................. 189
VII. La « main de la nature » et la présentation
sensible de la matière ................................................................................... 203
V. « Voyage vers notre Afrique interne » –
La dissidence de Hamann et de Herder ........................... 211
I. Lessing et Burke à l’horizon ................................................................ 212
II. Le figuier de la grande déesse Diane selon Hamann ............. 222
III. Herder, le Rousseau allemand ........................................................ 227
IV. Le boomerang fougueux de Hamann ......................................... 237
V. De Burke, l’analyste subtil, à Herder,
le connaisseur sensible ................................................................................ 240
VI. L’ouïe comme Middelsinn ................................................................ 247
VI. La main du corps proprioceptif ..................................................... 253
VI. Le marteau de Zarathoustra,
le marteau du sculpteur ................................................................ 263
I. La transvaluation et l’appel esthétique ........................................... 265
II. Nietzsche et les arts plastiques ......................................................... 271
III. De la Beauté-majuscule à la rhapsodie des sens
(oreille, nez, main) ....................................................................................... 292
VII. Le formalisme tactique d’Aloïs Riegl :
le regard haptique .............................................................................. 315
I. Riegl, historien et philosophe ? .......................................................... 318
II. Le Kunstwollen, une nébuleuse conceptuelle ............................ 324
III. Visibilité et tactilité – le défi de Fiedler ..................................... 334
IV. Proximité et distance, plan et espace .......................................... 352
V. Le regard haptique et le paradigme égyptien ............................ 359
VI. La main du corps et la matière de l’oeuvre d’art .................... 364
Table des matières 501
VIII. Insularité et transitivité du toucher –
Le débat phénoménologique ...................................................... 371
I. Du formalisme comme tactique à la phénoménologie
comme constitution méthodique .......................................................... 374
II. La formidable efficacité du toucher
comme esthésie insulaire ........................................................................... 377
III. La transitivité du toucher et la contagion haptique ............. 390
IV. Le passage de Husserl à Merleau-Ponty,
de l’haptocentrique à l’haptofuge ......................................................... 405
V. La caresse et son temps, la main et son corps ........................... 410
IX. De d’Udine à Focillon, de Deleuze à Lyotard ........ 417
I. Le geste et ses synesthésies selon Jean d’Udine .......................... 419
II. La vocation formelle de la matière selon Henri Focillon .... 427
III. Nomadisme et espace haptique selon Gilles Deleuze ......... 437
IV. Présence et matière selon Jean-François Lyotard .................. 448
Épilogue ................................................................................................................ 461
I. Penser la pratique artistique ................................................................ 462
II. Penser la matière ..................................................................................... 467
III. Penser la touche ..................................................................................... 473
IV. Penser le politique ................................................................................ 482
V. Penser la main .......................................................................................... 486
***
Table des illustrations .......................................................................... 497