Actualité
Appels à contributions
Fictions ‘moyennes’ / Middlebrow Fictions

Fictions ‘moyennes’ / Middlebrow Fictions

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Matthieu Letourneux)

 

Belphégor

On-line journal of Popular Culture

http://belphegor.revues.org/

 

Fictions ‘moyennes’ (middlebrow)

Appel à contributions

Le terme « culture moyenne » (et plus encore le terme anglais « middlebrow ») est franchement péjoratif : il signifie une culture qui ne possède ni la dignité de la « haute culture » ni l’énergie dynamique quoique vulgaire du populaire. Inventé durant les années 1920, période d’expansion d’une petite bourgeoisie relativement instruite et ambitieuse, le terme de « middlebrow » désigne un genre de culture qui, selon le magazine satirique Punch, visait le consommateur « qui espérait être un jour familier avec les produits culturels qu’il convenait d’apprécier » (Punch, 23 décembre 1925). Si les fictions moyennes abordent des questions sérieuses, elles le font au moyen d’intrigues favorisant l’immersion, de personnages suscitant l’empathie, de récits privilégiant une mimésis transparente – autrement dit, en utilisant des techniques que méprise la littérature légitime, laquelle se réclame plutôt d’un modernisme sceptique, réflexif et autoréférentiel. Et pourtant leurs thématiques sociales et philosophiques les éloigne de ces genres pleinement populaires que la critique Nicola Humble rassemble sous l’expression de « romans d’amour ou d’action bas de gamme » (Humble 2001: 11). Selon Bourdieu, l’art moyen appartient tout comme le populaire au champ des récits de grande production déterminés par le marché, à la différence de la haute culture qui relève plutôt du champ de production restreinte – et pourtant, la culture moyenne présente aussi certaines caractéristiques qui « la prédisposent à rejoindre la culture légitime » (Bourdieu 1993: 128).

Certain(e)s critiques britanniques ont abordé l’étude du « middlebrow », surtout par rapport au « genre » (gender) et à l’histoire littéraire anglaise (voir www.middlebrow-network.com). Janice Radway, critique féministe américaine, a étudié le « Book-of-the-Month Club » en tant que démarche éditoriale caractéristique du « middlebrow » aux États-Unis. Mais la plupart du temps, l’histoire et la critique littéraire (et filmique) ont simplement passé sous silence ce vaste ensemble culturel, malgré son importance pour la compréhension de l’esthétique et de l’imaginaire collectifs d’une époque. Si l’on excepte le colloque de janvier 2014, European Middlebrow Cultures, 1880-1950: Reception, Translation, Circulation, tenu à l’Académie Royale des Arts à  Bruxelles (http://europeanmiddlebrow.wordpress.com/), on compte peu d’événements explorant le « middlebrow » au-delà des cultures anglophones. Le terme lui-même, il est vrai, n’est ni étanche ni stable: ce qui se définit comme « middlebrow » varie en fonction de valeurs culturelles qui sont loin d’être fixes, et le goût majoritaire change lui aussi suivant la situation sociale ou le moment historique. La culture moyenne se définit aussi suivant le marché et les moyens de production car, pour citer encore Janice Radway, le « middlebrow » renvoie « à la fois à une forme matérielle et à une forme idéologique » (Radway 1997: 367). Dans ce volume spécial de Belphégor, dirigé par Diana Holmes (University of Leeds) et Matthieu Letourneux (Université Paris Ouest, Nanterre), nous chercherons à la fois à développer des études empiriques et à conceptualiser le « middlebrow », au-delà de la culture anglophone mais sans exclure celle-ci.

Nous vous invitons donc à envoyer des propositions d’articles sur les fictions moyennes, littéraires ou filmiques, de la fin du dix-neuvième à nos jours. Les propositions seront de 500 mots maximum, et seront envoyés à: d.holmes@leeds.ac.uk avant le 30 novembre 2014.

 

Thèmes possibles:

- la culture moyenne et l’industrie de l’édition

- l’adaptation comme exemple caractéristique du « middlebrow » (exemple : l’adaptation romanesque au cinéma et à la télévision)

- le genre : la culture moyenne au féminin et au masculin

 - l’esthétique « moyenne »

- la culture moyenne et la question des représentations nationales

- la représentation de l’histoire dans la culture moyenne

- la culture moyenne et le postcolonial

 

 

Middlebrow Fictions

Call for articles

(voir dessous pour version en français)

 

The term 'middlebrow' in English is richly derogatory: it signifies a cultural form that has neither the dignity of the highbrow nor the dynamic if vulgar energy of the lowbrow. Coined in the 1920s, a period when a moderately educated, aspirational lower middle class was in expansion, it designated the type of culture marketed to and consumed by ‘people who are hoping that some day they will get used to the stuff they ought to like.’ (Punch, 23 December 1925). Middlebrow fictions deal with 'serious' questions, but do so in the pleasurable forms of immersive plot, empathetic characters, transparently mimetic narrative, all of these disdained by a high culture profoundly shaped by a sceptical, self-reflexive modernism. Yet their explicit concern with the social and the philosophical sets them apart from the fully popular genres that Nicola Humble summarises as 'the trashy romance or thriller' (Humble 2001: 11). For Bourdieu, middle-brow art like the popular belongs to the field of large-scale production, determined by the market, as opposed to ‘high’ art’s field of restricted production - yet ‘may present formal characteristics predisposing (it) to enter into legitimate culture’ (Bourdieu 1993: 128).

 

UK scholars have opened up the study of the middlebrow, particularly in relation to gender, in an English context (see www.middlebrow-network.com). Janice Radway has studied the Book-of-the-Month Club as an eminently middlebrow institution in the USA. On the whole though, the middlebrow has continued to be largely disregarded by literary history and academic criticism, despite its importance for understanding the mainstream aesthetics and the collective imagination of modernity. Apart from the recent conference European Middlebrow Cultures, 1880-1950: Reception, Translation, Circulation, organised by Kate Macdonald and held at the Royal Flemish Academy for the Humanities and Art in Brussels in January 2014 (http://europeanmiddlebrow.wordpress.com/), few forums have appeared for discussion of the European middlebrow. Clearly the term is neither watertight nor fixed in meaning: what is defined as 'middlebrow' varies according to shifting cultural values, and what corresponds to majority taste depends upon both social geography and the historical moment. It also depends on the market and modes of production for, as Janice Radway puts it, middlebrow is 'both a material and an ideological form' (Radway 1997: 367).  In this special issue of Belphégor, edited by Diana Holmes (University of Leeds) and Matthieu Letourneux (Université Paris Ouest, Nanterre), we want to develop both the empirical study and the conceptualisation of the middlebrow beyond (though without excluding) anglophone cultures.

 

We therefore invite proposals for articles no longer than 35 000 signs/6,500 words on middlebrow fictions, literary and visual, from the end of the 19th century to the present. Proposals should not exceed 500 words and should be sent to:

d.holmes@leeds.ac.uk by November 30th 2014.

 

Possible areas of interest include:

- publishing and the middlebrow.

- adaptations (adaptation from one fictional form to another characterises the modern middlebrow)

- gender: the feminine/masculine middlebrow

- narrative aesthetics of the middlebrow

- national middlebrows

- the middlebrow and history

- postcolonial middlebrow

 

 

Works cited:

Pierre Bourdieu (1993). The Field of Cultural Production - Essays on Art and Literature, ed. Randal Johnston. Cambridge: Polity Press.

Nicola Humble (2001). The Feminine Middlebrow Novel, 1920s to 1950s: Class, Domesticity, and Bohemianism. Oxford: Oxford University Press.

Janice Radway (1997).  A Feeling for Books: Book-of-the-Month Club, Literary Taste and Middle-Class Desire. Chapel Hill: University of North Caroline Press.