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Féeries, n° 20 – 2023 :

Féeries, n° 20 – 2023 : "À la croisée des genres (II) : intergénéricité du merveilleux aux XVIe-XVIIIe s."

Publié le par Université de Lausanne (Source : S. Macé)

Appel à contributions

Revue en ligne Féeries n°20 – 2023

À la croisée des genres (II) : intergénéricité du merveilleux aux XVIe-XVIIIe siècles

sous la dir. de Stéphane Macé et Emmanuelle Sempère

Le conte, quelles que soient les périodes, se signale par une tendance marquée à l’hybridation générique, ou en tout cas à une forme de porosité qui peut être retenue comme une véritable constante. En 2015 déjà, la revue Féeries a consacré un numéro complet à cette question, en étudiant en particulier des textes de la période romantique ou postérieurs, jusqu’à la littérature symboliste ou fin de siècle. Mais l’enquête mérite assurément d’être menée également en amont : elle pourra notamment porter sur les contes facétieux de la Renaissance, dont l’intitulé résonne à soi seul comme une invitation au dialogue des genres narratifs – sous le signe de l’enjouement, du regard satirique ou de la circulation des savoirs. L’œuvre protéiforme des conteuses et conteurs du XVIIe siècle, si perméable à l’art de la conversation galante, multiplie les emprunts à des genres bien identifiés : la littérature pastorale est régulièrement convoquée sur le mode du pastiche, on s’inscrit dans l’air du temps en saluant un genre en plein essor comme l’opéra, on multiplie les clins d’œil à La Fontaine et à l’univers de la fable, à Virgile et à l’épopée, on emprunte tour à tour aux modèles pourtant si antagonistes de la poésie encomiastique ou de la lyrique mondaine des salons. Tout au long du XVIIIe siècle, le conte s’ouvre, notamment avec l’apport de la veine orientale, à de nouveaux genres – dialogue, récit de voyages souvent extraordinaires et éventuellement souterrains ou interplanétaires, polémique politique ou philosophique – selon un régime langagier lui-même constamment ambigu et duel. Le merveilleux lui-même non seulement s’invite dans tous les genres du conte mais se voit également convoqué, comme catégorie esthétique ou mode de pensée, du théâtre au roman, dans des textes extrêmement divers.

Les communications pourront aborder cette question du dialogue des genres et du merveilleux selon des angles très variés : celui de la poétique, en questionnant par exemple l’influence ou la contamination réciproques de plusieurs modèles narratifs, les effets de citation ou d’allusion, les frontières entre le pastiche et la parodie ; celui des techniques d’écriture, en repérant les variations parfois subtiles des niveaux de style, les infléchissements de ton (systématiques ou plus localisés), la présence incongrue de détails stylistiques qui signalent, même fugitivement, la bascule d’un genre à l’autre ; celui du contexte socio-littéraire d’un genre au centre de tous les débats et polémiques, et qui utilise volontiers l’hybridation générique et l’allusion intertextuelle comme un signe de ralliement ou au contraire de défi. L’enquête pourra inclure un questionnement sur le rôle spécifique du lecteur et sa capacité à identifier les différentes strates superposées selon un mode tantôt ludique, tantôt sérieux : que nous dit le geste d’hybridation générique des attentes de l’auteur quant à son public, quant à la culture de l’un et de l’autre ? Quel type de connivence le dialogue des genres permet-il spécifiquement de construire ?

Le dialogue des genres et du merveilleux, qu’on l’appréhende selon un angle formel, esthétique ou idéologique, apparaît ainsi comme un poste d’observation particulièrement pertinent pour étudier, au-delà de l’évidente hétérogénéité qu’impose un empan chronologique aussi large, le développement du conte et la diversification du merveilleux à l’époque moderne.

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Les propositions d’articles ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique sont à envoyer à Stéphane Macé (stephane.mace@univ-grenoble-alpes.fr) et à Emmanuelle Sempère (sempere@unistra.fr) avant le 1er juillet 2022, les articles (30 000 signes environ) seront à rendre pour le 1er novembre 2022 afin de ménager le temps nécessaire aux travaux d’expertise, de relecture et d’harmonisation formelle des textes.