Revue
Nouvelle parution
Europe n° 979-980: Miguel de Cervantès

Europe n° 979-980: Miguel de Cervantès

Publié le par Bérenger Boulay

Europe 88e année — N° 979-980 / Novembre-Décembre 2010

Miguel de Cervantès

  • ISBN 9782351500361
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CERVANTÈS

Jean-Raymond FANLO : Une réinvention de la littérature et du monde.

Alberto MANGUEL : Le temps et le dolent chevalier.

Jacques ANCET : Le livre des miroirs.

Antonio GAMONEDA : À partir de la pauvreté.

Juan GELMAN : Un miroir où nous pouvons toujours nous regarder.

Juan MARSÉ : Au moment où le Quichotte entre dans ma vie.


*

Francisco RICO : Les deux interprétations du Quichotte.

Anthony CLOSE : Sur le sens et la signification de Don Quichotte.

Howard MANCING : Sancho Panza et la norme éthique.

Danielle PERROT-CORPET : Suspension des savoirs et connaissance morale

dans le roman moderne.

Jochen MECKE : Don Quichotte va au cinéma.

Jean CANAVAGGIO : Un Cervantès insolite dans le Paris de 1937.


JOSÉ LEZAMA LIMA

Laurence BREYSSE-CHANET : « Un pont, un grand pont… »

Benito PELEGRÍN : Mythes et limites d'un système poétique.

José LEZAMA LIMA : Huit poèmes de Fragments à leur aimant.

Abel E. PRIETO : Lezama Lima, entre la poétique et la poésie.

Severo SARDUY : L'héritier.


POÈTES INDIGÈNES DE COLOMBIE

Fredy CHIKANGANA : Esprit de l'oiseau.

Miguelángel LÓPEZ : Mer.

Hugo JAMIOY JUAGIBIOY : Fouille les cendres.

Miguel ROCHA VIVAS : Note sur les littératures indigènes en Colombie.


CLAUDE GRÉGORY

Yves BONNEFOY : Pour saluer Claude Grégory.

Alain GRENIER : Un regard aigu.

Charles BALADIER : Greg.

Edgar MORIN : L'homme encyclopédie.


CHRONIQUES

Claudio MAGRIS : Emilio Salgari ou le grand style en mode mineur.

Marianne DELRANC-GAUDRIC : Elsa Triolet dans la Résistance.

Pierre FAVRE : Colette dans l'adversité.

La machine à écrire

Jacques LÈBRE : Ralentissez !

Richard BLIN : Anamorphoses de la mémoire et magie du langage. (Sur Gérard Macé).

Les 4 vents de la poésie

Charles DOBZYNSKI : De vive et bonne voie.

Le théâtre

Karim HAOUADEG : Une fête théâtrale.

Le cinéma

Raphaël BASSAN : Un film extensible à l'infini.

(Les Mystères de Lisbonne de Raul Ruiz).

La musique

Béatrice DIDIER : Au festival de Béziers.

Les arts

Jean-Baptiste PARA : Une mélancolie blanche. Harry Callahan.


NOTES DE LECTURE

Poésie

ABÛ FIRÂS : Les Byzantines, par Jean-Baptiste Para.

Charles DOBZYNSKI : J'ai failli la perdre, par Marie-Claire Bancquart.

Kay BOROWSKY : À la rencontre du matin, par Michel Passelergue.

Anne TALVAZ : Confessions d'une Joconde, par Michel Ménaché.

Jeanine BAUDE : Juste une pierre noire, par Joëlle Gardes.

Mauro FABI : Le domaine des morts, par Jacques Lèbre.

Nicolas ROZIER : Tombeau pour les rares, par Charles Dobzynski.

Mónica MANSOUR : Poèmes, par Claude Beausoleil.

Shoshana RAPPAPORT : Brefs impératifs, par Michel Ménaché.

Bernard MAZO (dir.) : Sur les sentiers de la poésie ; Serge MARTIN (dir.) :

La poésie à plusieurs voix ; Guy ROUQUET (dir.) : Ton monde est le mien.

39 poètes contemporains, par Charles Dobzynski.


Romans, Nouvelles, Récits

Anne WEBER : Auguste et Tous mes voeux, par Ariane Lüthi.

Annie SAUMONT : Encore une belle journée, par Alexandre Eyries.

Antoine VOLODINE : Écrivains, par Blanche Cerquiglini.

Anne TALVAZ : Un départ annoncé. Trois années en Chine, par Idelette de Bure

Jean ROUAUD : Évangile (selon moi), par Jean-Yves Debreuille.

Santiago GAMBOA : Nécropolis 1209, par Max Alhau.


Correspondances

Ludmila SAVITZKY et André SPIRE : Une amitié tenace. Correspondance (1910-1957), par Michel Ménaché.


Essais, Divers

William GILPIN : Le paysage de la forêt, par Jean-Baptiste Para.

Franck SALAÜN : Le Genou de Jacques. Singularités et théorie du moi dans l'oeuvre

de Diderot, par Michel Delon.

Jean VALLIER : C'était Marguerite Duras, tome 2 (1946-1996), par Henri Mitterand.

Jean-Richard Bloch, ou À la découverte du monde connu : Jérusalem et Berlin

(1925-1928), par Jean B. Deloutre.

Philippe BLONDEAU (dir.), Pierre et Ilse Garnier : la poésie au carrefour des langues, par Lucien Wasselin.

Alain FLEISCHER : Gauguin dans la Maison du Jouir, par Claude Minière.

Marie du BOUCHET, Florian RODARI, Alain Madeleine PERDRILLAT : Entretiens avec Claude Garache, par François Lallier.

Présentation du numéro:

Il y a du prodige dans les errances et les triomphes de Don Quichotte

au cours des siècles, quelque chose d'aussi mystérieux que les destins

romanesques que l'hidalgo avait pris pour modèle. Il représente

pour de grands écrivains contemporains des valeurs d'exigence morale,

de responsabilité, de révolte, le refus de l'injustice, de la dictature,

de l'aliénation. Il représente aussi la poésie, l'imagination romanesque.

Au temps de Cervantès, et pendant près de deux siècles, Don Quichotte

était un livre pour rire, et son héros, un fou ridicule. On riait de lui.

Au XIXe siècle, il est devenu sublime, romantique. On s'attristait

avec lui. Voilà l'énigme : ce roman se prête à tous et à tout,

et il le fait d'aussi bonne grâce qu'au hasard de sa route,

le vieil hidalgo entre en conversation avec les voyageurs de rencontre.

Livre de l'inactualité des livres, livre de tous les possibles dans l'espace

du livre, livre des livres qui oublient le monde et livre des routes

où le monde se découvre et se délivre, livre de l'étrangeté radicale

des bibliothèques qu'on mure et livre de présences, de paroles familières,

Don Quichotte est tout cela à la fois.  Cervantès réinvente la littérature

et le monde parce qu'il joue sur l'inadéquation de la fiction au monde.

Mais si la fiction est sans vérité, avec ses histoires folles, son auteur masqué

ou pseudonyme, ses protestations de vérité qui sont autant de paradoxes

du menteur, elle invite pourtant à une complicité, une entente de personne

à personne. Dans Don Quichotte, elle est peut-être la seule occasion,

en dehors de la passion d'amour, où les relations entre individus dépendent

d'autre chose que des conventions et des hiérarchies sociales.

Elle permet encore, depuis ses leurres, de considérer autrement

toutes les croyances autorisées, tous ces leurres auxquels elle ressemble

de manière si troublante. Cervantès voulait montrer les dangers

de la fiction. Il s'est pris à son jeu, et ces dangers sont alors devenus

une chance, notre chance…