Essai
Nouvelle parution
E. Bullot, Roussel et le cinéma

E. Bullot, Roussel et le cinéma

Publié le par Marc Escola (Source : Carole Aurouet)

Compte rendu publié dans Acta fabula (mai 2020, vol. 21, n° 5) :

Hermes Salceda, Roussel et le cinéma

 

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Erik Bullot

Roussel et le cinéma,

Nouvelles éditions Place, 2020

collection "Le cinéma des poètes", dirigée par Carole Aurouet.

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Découverte et louée par les surréalistes, l’œuvre du poète et écrivain Raymond Roussel ouvre un pan de la modernité artistique et littéraire à l’orée du vingtième siècle, de Marcel Duchamp à Georges Perec. Étudier les relations entre Roussel et le cinéma relève toutefois d’une gageure. Il n’est pas sûr en effet que l’écrivain soit jamais entré dans une salle de cinéma. 

Mais les fictions rousselliennes multiplient les références aux jeux d’optique, aux projections mentales, aux tableaux vivants. Ses poèmes (La Vue, Nouvelles Impressions d’Afrique) court-circuitent les relations entre le mot et l'image par un usage explosif de la description. Le gala des Impressions d’Afrique est accompagné d’un discours explicatif qui rappelle le cinéma des premiers temps et la présence du bonimenteur. Les scènes de Locus Solus sont autant de boucles narratives, énigmatiques et transparentes, à la manière d'un cinéma vivant.

Son œuvre témoigne merveilleusement de la façon dont les poètes peuvent inventer un cinéma par d’autres moyens, au-delà ou en deçà de son dispositif technologique propre, reposant parfois sur une certaine idéalité. « Chez moi, l’imagination est tout », dit Roussel.

Cinéaste, théoricien, Érik Bullot a publié récemment Le Film et son double (Mamco, 2017) et dirigé l’ouvrage collectif Du film performatif (éditions it :, 2018). Il enseigne le cinéma à l'École nationale supérieure d'art de Bourges. 

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Lire aussi sur en-attendant-nadeau.fr :

"Raymond Roussel ré-animé", par Jean-Pierre Salgas (en ligne le 27 mai 2020)

Contemporain du muet et des débuts de l’Image/mouvement, Raymond Roussel aurait pu dire comme le Sartre des Mots qu’il avait le même âge que le cinéma. Or, il n’a jamais été dans une salle de cinéma et le mot n’apparait même jamais. Il lui préfère le théâtre et l’opéra. Cela n’empêche pas Erik Bullot de consacrer un livre à Roussel et le cinéma : « Si le cinéma n’apparait pas littéralement dans son œuvre, il en informe les modes d’écriture, transparait en filigrane à la façon d’un médium virtuel ou imaginaire ».