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Entretien avec Maxime Decout à propos d'Éloge du mauvais lecteur (Vox Poetica)

Entretien avec Maxime Decout à propos d'Éloge du mauvais lecteur (Vox Poetica)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Vox poetica)

Entretien avec Maxime Decout à propos d'Éloge du mauvais lecteur (Paris, Minuit, 2021).

Entretien réalisé par Frank Wagner pour Vox poetica, publié le 1er Mars 2021.

 

Frank Wagner : Cher Maxime Decout, même si vous n’avez jamais occulté les liens unissant pôles artistique et esthétique – il s’en faut de beaucoup -, vos trois précédents essais parus dans la collection « Paradoxe » des Éditions de Minuit, respectivement consacrés à la mauvaise foi, à l’imitation et à l’imposture, s’inscrivaient plutôt toutefois dans le cadre de réflexions sur l’écriture. Or, comme son titre l’indique, le dernier en date, Éloge du mauvais lecteur, témoigne clairement d’une concentration de votre attention sur les phénomènes de réception. Pourriez-vous expliquer les motifs qui ont présidé à ce glissement, ou à ce déplacement d’accent ?

Maxime Decout : En toute mauvaise foi, Qui a peur de l’imitation ? et Pouvoirs de l’imposture relèvent en effet de réflexions sur l’écriture. Mais même s’il n’est pas placé au cœur de ces ouvrages, le lecteur s’y devine régulièrement. Pour ne prendre qu’un exemple : lorsque nous suspectons le texte de mentir ou de nous berner, nous ne restons pas insensibles. Nous ne pouvons plus lire comme nous en avions l’habitude : nous sommes tenaillés par le doute et nous sommes tenus d’enquêter sur le texte. Et ce sont souvent nos échecs en tant que lecteurs qui tiennent une place considérable dans ce genre d’œuvres. C’est certainement ce qui m’a donné envie de m’y intéresser de plus près. Éloge du mauvais lecteur passe ainsi au peigne fin nos manières de lire – disons plutôt de mal lire. Je ne pense pas qu’il soit pour autant possible de sous-estimer cette fois le rôle de l’écriture. Car toute étude de la lecture se heurte à un obstacle : comment rendre compte d’une chose aussi diffuse et subjective ? Il est inévitable de se tourner aussi vers la manière dont le texte postule ou construit son lecteur. À cela s’ajoute que la littérature n’est pas restée indifférente à la mauvaise lecture. Loin d’en faire quelque chose d’anecdotique, elle l’a placée au cœur de ses préoccupations, à tel point que la mauvaise lecture a influencé un certain nombre de choix formels, de postures, et, d’une manière ou d’une autre, son évolution. Il s’agissait donc aussi de voir de quelle façon et pourquoi la littérature a écrit la mauvaise lecture. […]

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