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Entretien avec Jean-Michel Maulpoix, par Gérard Noiret (en-attendant-nadeau.fr)

Entretien avec Jean-Michel Maulpoix, par Gérard Noiret (en-attendant-nadeau.fr)

Publié le par Université de Lausanne

Entretien avec Jean-Michel Maulpoix, par Gérard Noiret

en ligne sur en-attendant-nadeau.fr le 29 mars 2022

Né en 1952, Jean-Michel Maulpoix a commencé à publier à la fin des années 1970. Critique (à La Quinzaine littéraire), fondateur de la revue Le Nouveau Recueil, essayiste, universitaire, il a su, dans une œuvre forte de plus de quarante-cinq publications, rester avant tout un poète. En bonne place dans toutes les anthologies (ou presque), invité régulièrement à l’étranger, il est une des figures qui comptent dans la génération de l’après-guerre.

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Après Locturnes qui, en 1978, entrelaçait des courtes proses et des vers, tu as choisi le poème en prose. Aujourd’hui, tu publies un livre qui semble dire que le vers a toujours hanté ton écriture et que sa nostalgie traverse ta bibliographie.

Le vers, en effet, hante mes recueils. Régulier ou non, c’est l’unité de mesure primordiale de l’écriture poétique. J’adhère à ce mot de Mallarmé : « le vers est tout, dès qu’on écrit ». Il est ce qui rend sensibles le rythme, le souffle, mais aussi les impulsions des sensations, des perceptions et des pensées. Il produit de petits cristaux de langue dans lesquels toutes choses peuvent se laisser prendre. Il était donc là dans mes proses « poétiques » où il n’est pas nécessaire de creuser beaucoup pour le retrouver. Ainsi, le rythme 8+6 ou 8+9 travaille en sourdine la prose d’Une histoire de bleu. Rue des fleurs rassemble des bouquets de vers simples qui furent pour nombre d’entre eux les premiers moments de ma prose. Il y a comme un effet de boucle ou d’entrelacs : je pars d’une impulsion cachée qui est le vers, je transite par la prose, et je reviens au vers…

Tu es donc d’accord avec la définition de Valéry : « le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens » ?

Oui. J’écris beaucoup à l’oreille, en écoutant à la fois ce que pensent et ce que chantent les mots qui s’agrègent en vers ou en prose selon le son et le sens. Plus le son est prépondérant et plus je me rapproche du vers qui est pour beaucoup une chambre d’écho. Mais ce qui importe est aussi le prolongement de l’« hésitation » qu’évoque Valéry : ce qui se met en place sur la page n’est pas un discours ; il y a un chef d’orchestre invisible qui se cache dans la page !

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