Référence bibliographique : Écriture et séparation (Revue Criação & Crítica), Claudia Amigo Pino, 2017. EAN13 : 19841124.
Écriture et séparation
Écriture et séparation. Écriture de la séparation. Écriture sur la séparation. Écriture pour la séparation. Chacun de ces connecteurs définit des rapports entre écrire et se séparer, dont on peut retrouver plusieurs exemples dans la littérature et les arts : depuis le Werther, de Goethe, qui met en scène la plus radicale desséparations, jusqu’aux réponses commandées par Sophie Calle à une centaine de femmes pour une lettre de rupture écrite par son ex, dans Prenez soin de vous. Ces possibilités semblent signaler un lien fondamental entre l’écriture et la séparation. Écrire c’est « sortir de soi », même si cette extériorité est quelque chose qui nous appartient, qui est propre à chacun de nous. L’écriture produit la séparation, en menant quelque chose vers l’extérieur – et celle-ci est l’une de ses fonctions : d’établir un contact avec l’autre. Mais en même temps elle rend floues les limites entre « intérieur » et « extérieur », car ce qui « sort » de nous garde la marque de ce qui nous est « propre ». Cette condition a été examinée par la psychanalyse et la philosophie, à l’instar du texte de Freud « L’inquiétante étrangeté », de 1919, et de la relecture de Platon par Derrida à travers Freud, dans « Freud et la scène de l’écriture » (L’Écriture et la différence). Les deux disciplines avaient comme perspective l’expérience littéraire et le témoin d’écrivains, qui, de leur côté, ont réfléchi sur les conditions de l’écriture. « Non, ce n’est pas facile d’écrire. C’est dur, de même que de casser des rochers. Mais s’élèvent des étincelles et des éclats comme de l’acier miroitant », note Clarice Lispector dans L’Heure de l’étoile. L’écriture est un enregistrement, elle fixe ce qu’on oublie, elle est gain et perte, remède et poison, rencontre et rupture. Ce dossier veut examiner cette ambivalence, ayant comme objectif d’étudier sa fonction dans le monde contemporain et de privilégier des expérimentations littéraires et artistiques qui comprennent l’écriture comme un acte et une pratique, dans son aspect matériel et gestuel. Le but est de déplacer la discussion aussi bien de la production de sens que de l’élaboration formelle, vers les multiples et ambivalents effets d’écrire. Nous proposons, ainsi, deux axes pour traiter les rapports entre l’écriture et la séparation : 1. « écritures de deuil », centré sur l’écriture comme élaboration d’événements traumatiques du passé et du présent ; 2. « écrire avec affection », centré sur les réseaux d’affects qui traversent la production et la circulation des écritures contemporaines.
La revue accepte des contributions en français, portugais, espagnol et anglais.
Les textes doivent respecter les normes de style de la revue et être soumis jusqu’au 31 juillet 2017 à travers le site : http://www.revistas.usp.br/criacaoecritica