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Appels à contributions
Ecopoétique des profonds en Afrique

Ecopoétique des profonds en Afrique

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Xavier Garnier)

Appel à contributions 

pour le dossier du n°55 de la revue Études Littéraires Africaines :

« Écopoétique des profonds en Afrique »

 
Dans un contexte africain fortement marqué, depuis les débuts de l’époque coloniale, par des visées extractivistes, ce qui se joue en sous-sol est déterminant dans la distribution et l’organisation des territoires. Dans le dossier du numéro 55 des ELA (Étude des Littératures Africaines) sur « l’écopoétique des profonds en Afrique », nous souhaitons nous intéresser à la présence des mondes souterrains et sous-marins dans les littératures africaines. 

La notion de « profonds » a été proposée par l’écrivain martiniquais Edouard Glissant pour rendre justice à l’expérience concrète de lieux du monde - ce qu’il appelle « la concrétude des profondeurs » - qui ne sauraient se réduire à leur mise en image exotique. S’appuyant sur l’imaginaire volcanique de la Caraïbes où les volcans « correspondent souterrainement entre eux, par des sortes de coulées de lave qui sont les autoroutes de leur puissance et de leur débordement », Glissant invite à saisir « ce qu’il y a réellement, concrètement, en dessous de l’apparence ». (Glissant & Noudelmann, 2018 : 65). À partir de la notion glissantienne des « profonds », il s’agira d’analyser ce que la littérature nous dit des expériences d’infra-territorialité en Afrique. Quels sont les imaginaires qui se déploient sous les territoires dans les littératures africaines ? Quelles expériences sensibles spécifiques adviennent dans des lieux enterrés? Les profonds sont-ils propices à une résonance poétique particulière ? 

On pourrait par exemple se demander comment les ressources du sous-sol africain et les pratiques extractivistes nourrissent les imaginaires des profonds autant qu’elles les bouleversent. Dans la mesure où les projets industriels génèrent des pollutions dont les conséquences profondes sont bien souvent invisibles (ou invisibilisées), les textes littéraires qui s’en saisissent obligent à changer de perspective en s’enfouissant pour regarder ce qui se passe sous la terre, sous les fleuves et sous la mer. Une telle approche permettra d’interroger les conditions d’une écopoétique africaine des profonds et des ressources associées, dans le contexte d’une mondialisation néolibérale qui a débridé les projets industriels de nature extractiviste. Il s’agira de mettre à l’épreuve des textes l’hypothèse du rôle déterminant de la « littérature des profonds » en faveur de dynamiques transculturelles des mobilisations écologiques sur le continent. Comment les mondes souterrains sont-ils associés aux mouvements de résistance écologiques ?

L’exploration littéraire des épaisseurs de la terre permettra également d’interroger la place des sociétés humaines au sein de leur environnement et la menace qui pèse sur les écosystèmes. Les questions de justice environnementale et les problématiques liées à « l’environnementalisme des pauvres » (Martinez-Alier, 2002 ; Nixon, 2011) ouvrent des perspectives pour le développement d’une telle écopoétique des profonds. Les ressources que le regard extractiviste évalue comme exploitables, exportables et épuisables sont souvent parties prenantes de modes de socialisation locaux qui inscrivent les sociétés humaines en relation durable avec les écosystèmes. On pourra notamment poser la question d’un possible brouillage axiologique qui se joue dans les profonds, en particulier dû à la perte de repères terriens à mesure que l’on s’enfonce. 

Les articles (35 000 signes maximum) seront à rendre avant le 20 juin 2022. 

Les propositions d'article (titre et résumé d'une page maximum), ainsi que les noms et affiliations, sont attendus pour le 30 novembre 2021 et sont à envoyer aux deux adresses suivantes : xavier.garnier@wanadoo.fr et alice@desquilbet.org