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"Écologie de la poésie". Entretien avec J.-P. Courtois (Diakritik.com)

Publié le par Marc Escola

Jean-Patrice Courtois : écologie de la poésie (Théorèmes de la nature)

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Cet entretien avec Jean-Patrice Courtois a été réalisé, le 7 septembre 2020, par Christine Guichou. Il porte sur Théorèmes de la nature (Nous, 2017) premier volume d’une trilogie, dont le deuxième volume, Descriptions, est à paraître en 2021, aux Éditions Nous.

Dans les Théorèmes de la nature, vous écrivez à partir de documents que vous avez sélectionnés dans les journaux. Ils portent sur les sciences, l’art et l’écologie. Vous les placez dans un premier temps dans un « répertoire », puis, dans un second temps, vous entrez dans le processus d’écriture. Vous dites dans un entretien avec Jean-Pierre Ferrini (La Nouvelle Quinzaine Littéraire, n° 1175, 18 au 30 juin 2017) que le fait de partir du document vous permet « d’aller vers les choses », ailleurs, vous appelez vos poèmes « page d’objet(s) ». Les poèmes renvoient à l’objet qui était documenté dans le document, et l’objet que le document documente devient l’objet du poème. Il y a selon vos mots un « transfert ». Vous écrivez aussi dans l’excipit de votre article « Imaginer le document » (Littérature, n° 190, juin 2018), « on peut dire que le poème (telle page d’objet(s)) est documentant et non documenté. » Au bout de ce transfert, qu’est-ce que le poème documente que le document ne documente pas ?

Je crois que dire que le poème n’est pas documenté, cela veut d’abord dire, d’une certaine façon, que ce n’est pas le poème qui est dans la dépendance du document. Le fait qu’il provienne du document, qu’il soit en rapport avec le document, ne signifie pas qu’il est sous sa dépendance. Donc il n’est pas documenté dans ce sens-là, au sens où il y aurait du document à rechercher, à retrouver après pour pouvoir obtenir quelque chose du poème. Bien sûr, il y a rapport, incontestablement, puisqu’il y a un répertoire, constitué comme réserve de documents, dépôt de documents, à partir duquel s’effectuent le travail des phrases du poème. Il y a une certaine exactitude dans le rapport au document et le travail du document. Mais on ne peut pas dire que le poème est documenté, au sens où il n’y a pas de transfert complet, immédiat, ni dans une intégrité qui autoriserait une reconstitution du document. Et, de toute façon, ce document est toujours lui-même partial, partiel. Lui-même mériterait d’être à nouveau documenté, travaillé. Rapport au document lui-même en rapport avec une réalité existante, rien de plus ou d’autre. Et pas d’intention documentaire. […]

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