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Du côté de chez Proust: théorisations, remédiations, textualisation, mythologies 

Du côté de chez Proust: théorisations, remédiations, textualisation, mythologies

Publié le par Vincent Ferré (Source : Emanuela Piga Bruni)

Du côté de chez Proust: théorisations, remédiations, textualisation, mythologies.

Dirigé par Emanuela Piga Bruni (Université Mercatorum, Rome),

Ruggero Ragonese (Université de Modena-Reggio Emilia),

Marion Schmid (Université de Édimbourg)

 

Le centenaire de la mort de Marcel Proust qui adviendra en novembre 2022 n'est ni le seul, ni le premier en l'honneur de l'auteur d’A la recherche du temps perdu. Cette année, nous célébrons le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Proust, tandis que 2013 marquait le centenaire de la première publication de Du côté de chez Swann. Dans sa dimension commémoratif, l'événement peut paraître plus apte à inspirer des initiatives dans le domaine des études françaises qu’en sémiotique ou narratologie. Cependant, nous pensons que ce centenaire invite à une réflexion transdisciplinaire plus large. Au-delà de la valeur intrinsèque de l'anniversaire, la mort de Proust marque un point de départ pour une narration sur l'auteur et auctorialité, et pour une mythologie du personnage.

La légende raconte que l'écrivain meurt au moment même où, en fait, il conclut son œuvre-monstre, la Rechèrche (quelques jours plus tôt, après avoir mis le mot «fin» au manuscrit du Temps retrouvé, avait-il dit à sa servante adorée Céleste Albaret: “Maintenant, je peux mourir”), en donnant lieu ainsi à une sorte de terme post quem. À partir de ce moment, l'œuvre de Proust a occupé - par vagues, et souvent lentement - la scène d'un panorama culturel qui dépasse et transcende celui du roman, et même celui de la littérature et de la narration. Comme pour être fidèle à un héritage testamentaire pour lequel la mort de Proust «ce n'est pas simplement de n'être plus, c'est d'être autre » (Poulet 1989), un deuxième Proust a été reconstitué dans les cent ans qui sont derrière nous. Maurizio Ferraris (1987) rappelle que « la vraie rédemption du temps perdu n'est pas confiée aux pages du temps retrouvé, mais principalement aux lecteurs de l’avenir, qui sauront se servir des lois générales transmises par le roman ». Sur ce point, un siècle après la mort biologique de Proust, il convient peut- être de faire le point. La rédemption du temps accompli par les lecteurs de l’avenir, dont parle Maurizio Ferraris, est déjà en partie un temps passé, dont on peut se souvenir. Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu un espace post mortem construit au fil des ans et qu'il est composé d'analyses, de lectures, de tentatives d'adaptation ; il faut aussi en quelque sorte le trouver.

C'est à partir de ces cent ans de lectures, de réimaginations et de transformations multiples que nous souhaitons célébrer cet anniversaire. Il ne s’agira pas de relire directement l’œuvre proustienne, mais plutôt de saisir les théories, les expérimentations, les projections auxquelles elle a donné lieu. Autrement dit, il s’agit d’une restitution critique à travers les lectures qui se sont succédées et qui, on peut le dire, ont toujours évolué dans la ligne étroite de la distance entre la personne de l’écrivain et le personnage de fiction. Si ce qui est au centre de la Recherche n'est presque jamais l'histoire, mais « le langage, l'aventure du langage dont l'avènement ne cesse jamais d'être célébré» (Barthes, 1981), alors précisément, dans une perspective sémiotique il est possible de célébrer et, en même temps, de repenser ce temps passè.

On propose donc un numéro monographique consacré non pas à l'œuvre de Proust en tant que telle, mais à la manière dont celle-ci a construit une sorte de plateforme inépuisable de discours métanarratifs, métatextuels, métalinguistiques.

Le contenu de l’appel à contribution sera articulé selon les axes suivants :

1)  Meta - Proust. Proust théorique et théorisé. Les études dans cette section interrogeront un contexte spécifiquement sémiotique et métathéorique, qui met l'accent sur comment et pourquoi Proust a été le point de départ de divers discours, souvent centraux, sur le roman, l'auteur, les signes. On rappelle comment, au cours des cent dernières années, son travail a été source d’inspiration pour plusieurs théories de la narration et du texte. Ceci évidemment et principalement en France (Gilles Deleuze, Gérard Genette, Roland Barthes, Paul Ricoeur pour ne citer que les principaux penseurs), mais aussi en Italie (Giacomo Debenedetti, Stefano Agosti, Mariolina Bongiovanni Bertini, Mario Lavagetto) et en Allemagne (Hans Robert Jauss) ;

2)  Proust réimaginé. Cette section porte sur les tentatives d'hybridation, de transposition, de ré- imagination de Proust dans différents médias (cinéma, bande dessinée, théâtre, danse): des scénarios de Luchino Visconti et Harold Pinter à l’adaptation de Raoul Ruiz, de la chorégraphie de Roland Petit, de l’adaptation ‘totale’ de Nina Companeez à la bande dessinée de Stéphane Huet, en n’oubliant pas des réalisateurs comme Fabio Carpi qui se servent de Proust comme une inspiration pour des créations plus libres. Nous nous intéresserons également aux récits, histoires biographiques et romans historiques qui impliquent Proust comme leur protagoniste.

3)  Proust comme citation, modèle, mythe. Les mythologies proustiennes (la grand-mère, les madeleines, le baiser de la mère, l'Affaire Dreyfus, l’ homosexualité), les hommages (le célèbre «je me suis couché de bonne heure» de Sergio Leone dans C’era una volta in America), les citations (Philip Roth, ou La grande beauté de Paolo Sorrentino), les hauts lieux et itinéraires proustiens (Illiers rebaptisé Combray, le Grand Hôtel Cabourg, l'Hôtel littéraire Le Swann à Paris), Proust comme modèle éthique et esthétique (De Botton, Saramago), les événements et situations liés à l'œuvre Proustienne (l'extraordinaire cas de Józef Czapski et sa lecture de la Recherche dans un camp de concentration soviétique).

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Envoi propositions (résumé de caractères maximum 2000) :  15 octobre 2021

Notification de l'acceptation des propositions : 20 octobre 2021

Envoi contributions finales:  23 décembre 2021

Publication :   janvier 2022

Les textes doivent comporter jusqu'à 50000 caractères et être accompagnés d'un résumé en anglais de 1000 caractères maximum.

Les propositions doivent être envoyées à :

emanuela.pigabruni@unimercatorum.it

ruggero.ragonese@unimore.it

Marion.Schmid@ed.ac.uk