Questions de société
Disparition de l'Agrégation? màj 28/11/09

Disparition de l'Agrégation? màj 28/11/09

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sorbonnard)

Ci-dessous:

- Courrier de Jean-Yves Mérindol, directeur de l'École Normale Supérieure de Cachan

- Disparition de l'Agrégation - une information qui circule

- "Polémique autour du concours de l'agrégation", par Philippe Jacqué

Courrier de Jean-Yves Mérindol, directeur de l'École Normale Supérieure de Cachan (25 novembre 2009), adressé aux personnels de l'École.
On y apprend que les préparations à l'agrégation ne seront pas ouvertes l'an prochain et qu'elles pourront difficilement être remises en place ensuite.

Extraits reproduits par Claude Lelièvre (blog Éducpros)  http://blog.educpros.fr/claudelelievre/2009/11/27/lagregation-en-difficulte/

[Le courrier de Jean-Yves Mérindol circule au format pdf, dans un format toutefois trop volumineux pour pouvoir être attaché à cette page]

Jean-Yves Mérindol, le directeur de l'école normalesupérieure de Cachan, a adressé ce 25 novembre une lettre auxenseignants-chercheurs de l'Ecole, ainsi qu'aux membres de lacommission Formation Recherche, et à ceux du Conseil scientifique et duConseil d'administration, à propos des “ conséquences des réformes encours sur l'agrégation ”.

“  Le décret publié en juillet, souligne-t-il,modifie les conditions des diplômes exigés pour se préparer àl'agrégation externe. Il fallait jusqu'à présent un master 1, ou undiplôme équivalent, et il faudra à partir de la session 2011 un matsercomplet ( M2 ). Cette condition s'apprécie au moment de l'inscription,c'est-à-dire vers octobre.

Le groupe chargé de travailler sur l'agrégationa fait plusieurs propositions, dont celle de revenir sur la conditionde diplômes posée par ce décret. Les ministres viennent de faire savoirqu'ils ne retenaient pas a priori cette idée et que le concours 2011 seferait bien dans les conditions fixées par le décret de juillet 2009.Les dates prévues pour les concours d'agrégation sont les suivantes :épreuves d'admissibilité en avril, puis admission vers juin-juillet. Cecalendrier reste proche de celui qu'on connaît aujourd'hui, mais estdonc décalé d'un an dans la scolarité des étudiants […] ;

Les normaliens de deuxième année ne vont pas,sauf rare exception, avoir un M2 en octobre 2010. Ce qui signifiequ'une très grande partie de cette promotion ne sera pas en état depasser l'agrégation l'an prochain. Ce qui va nous obliger, dans denombreux cas, à fermer les préparations aux concours pour l'année2010-2011 .

Et le directeur de l'ENS de Cachan conclut sa lettre par quelques commentaires bien sentis : “ Au delà des aléas pénibles de l'année 2010-2011, au-delà de la forte désorganisationnationale des concours d'agrégation de la session 2011, les décisionsministérielles vont conduire, dans la plupart des disciplines, unemajorité de normaliens et d'étudiants à ne plus préparer l'agrégation,préférant passer directement du M2 à la préparation d'une thèse [ …].Cette réforme va diminuer le nombre de personnes formées à la fois à larecherche, via la thèse, et à une vision synthétique d'un large champdisciplinaire, via la préparation à l'agrégation. Restent les fortesconséquences pratiques et symboliques, sur l'agrégation que leministère de l'Education nationale, qui s'est obstiné à maintenir lesdispositions publiées en juillet 2009, devra savoir expliquer etmaîtriser ”

Sur le site du Sorbonnard (25/11/09):

Disparition de l'Agrégation - une information qui circule

http://sorbonneengreve.revolublog.com/disparition-de-l-agregation-une-information-qui-circule-a825518

"Petite" information.

Aujourd'hui,lors du CA de l'ENS-LSH, Olivier Faron et Tristan Lecoq (président duCA) ont affirmé, à court-moyen terme (disons une toute petite poignéed'années), que "la mort de l''agrégation" était quasiment entérinée.
Arguments: le ministère est resté sourd aux protestations des 4 directeurs d'ENSquant à l'aménagement d'un "parcours agreg" dans la mastérisation.L'agrégation devient donc une aberration dans les systèmes européen etfrançais, y compris pour les ENS (seuls véritables "bastions"susceptibles de se battre pour la conserver). Donc elle disparaîtra.
Ferontdes thèses (et "enseigneront" dans le supérieur) celles et ceux qui,après un master recherche trouveront des "financements" de thèse, enétant sélectionnés sur des critères encore flous...
En janvier,le directeur de Cachan va officiellement annoncer à ses étudiantsqu'ils n'auront pas intérêt à passer le concours, et annoncera dans lafoulée la suppression de la préparation à l'agreg dans son Ecole. Engros, première pierre symbolique, qui fera boule de neige.
 Ladroite, pour des raisons budgétaires et fonctionnelles, et une certainegauche pour des raisons idéologiques, vont se frotter les mains.
Source: mail sur la liste de coordination

"Polémique autour du concours de l'agrégation", par Philippe Jacqué

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/11/24/polemique-autour-du-concours-de-l-agregation_1271306_3224.html

LE MONDE | 24.11.09. Article paru dans l'édition du 25.11.09

Quel diplôme faudra-t-il pour se présenterau concours de l'agrégation ? Une deuxième année de master (M2) dûmentvalidée ou une simple inscription en M2, comme pour les autres concoursenseignants (capes, CRPE, etc.) ? Apparemment anodine, la réponse àcette question est au coeur d'une guerre d'influence sur le devenir del'agrégation dans le cadre de la réforme de la formation enseignante,dite de la mastérisation. Cette guerre oppose, d'un côté, la sociétédes agrégés et des syndicats du secondaire et du supérieur classéstraditionnellement à droite (Snalc, Autonome Sup) et, de l'autre, lesécoles normales supérieures (ENS).

Dans le décret du 29 juillet 2009, réformant les conditions de présentation aux concours, il était précisé que "peuventse présenter au concours externe les candidats justifiant de ladétention d'un master ou d'un titre ou diplôme reconnu équivalent parle ministre chargé de l'éducation." Pour la Société des agrégés,l'Autonome Sup et le Snalc, ce décret représente une victoire arrachéeau gouvernement. Cela permet en effet de maintenir une réelledistinction statutaire entre les futurs certifiés (cinq ans d'études,dont une pour préparer le concours) et les futurs agrégés (cinq ansd'études, plus une pour préparer le concours).

Cependant, le 13 novembre, lors de la présentation de la nouvelle mouture de cette réforme (Le Mondedu 17 novembre), le gouvernement laissait entendre que l'agrégationserait à l'avenir ouverte aux inscrits en M2. Le lobbying desdirecteurs d'ENS semble payer. Pour ce temple du savoir, ouvrirl'agrégation aux titulaires d'un master 2 est problématique.

"Pour nous, cela veut concrètement dire une modification de la place de la préparation du concours de l'agrégation", traduit Monique Canto-Sperber, directrice de l'ENS d'Ulm, à Paris. "La nécessité d'un master validé ne convient pas à notre scolarité", confirme Olivier Faron, directeur de l'ENS lettres et sciences humaines de Lyon.

Unefois reçus dans ces grandes écoles, les élèves préparent leur licence,puis leur première année de master (M1), avant de tenter l'agrégation,puis de reprendre en M2 et de prolonger, pour leur écrasante majorité,par un doctorat. "Le décret passé en juillet nous oblige à organiser la préparation de l'agrégation après le M2, poursuit Jean-Yves Mérindol, directeur de l'ENS Cachan.Cela rompt le lien entre le M2 et la thèse. En clair, nos élèvesdevront choisir entre la recherche ou l'agrégation. Mais pas les deux."

"La fin d'une tradition"

En se privant du vivier des normaliens, l'Etat perd une partie des "bons"candidats. En 2009, 37 % des admis à l'agrégation sont issus des quatreENS. Si dans quelques disciplines, notamment en lettres ou histoire, lepassage de l'agrégation reste très important, quel que soit le momentdu concours, dans d'autres, la désertion est quasi assurée. "Si legouvernement conserve son décret intact, ce sera sans doute la find'une tradition française de formation commune des agrégés dusecondaire et du supérieur", déplore Mme Canto-Sperber.

De fait, le groupe d'experts réunis par le gouvernement le 13 novembre demande de "modifierle décret statutaire, au plus tard à l'été 2010, afin d'aligner lesconditions de titres requis pour l'accès à l'agrégation". Le niveau d'exigence du concours de l'agrégation suffit à leurs yeux à lui conserver "son identité particulière au sein des concours enseignants".

Pour la Société des agrégés et Autonome Sup, c'est simplement "inacceptable".Si le gouvernement reste flou, c'est que la solution pour contentertout le monde n'existe pas. Cependant, ce débat a le mérite de reposerla question de l'intérêt de ce concours, notamment dans le secondaire.Pour M. Faron, "les agrégés devraient être exclusivement forméspour travailler de la seconde à bac + 3 (licence, classes préparatoiresaux grandes écoles, IUT). Les certifiés étant appelés à être forméspour enseigner de la 6e à la terminale".