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Diderot lecteur

Diderot lecteur

Publié le par Laure Depretto (Source : Arbi Dhifaoui)

 

 

République Tunisienne

Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

Université de Kairouan

Faculté des Lettres & Sciences Humaines de Kairouan

Mastere de Français & UR : Langue-Discours- Société

 


 

 

 

 

 

 

À l'occasion du tricentenaire de la naissance de Diderot (1713-1784), le Mastere de français (Langue et Littérature françaises des XVIIè et XVIIIè siècles) et l’Unité de Recherche « Langue-Discours-Société » (Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Kairouan) organisent, les jeudi 23 et vendredi 24 janvier 2014, deux Journées d'étude portant sur : Diderot-lecteur.

Le choix du thème de la journée ne s'explique pas seulement par le nombre important des références explicites et/ou implicites qui émaillent l'œuvre de Diderot, mais surtout par l'aspect problématique de ces références. Il s'agit de savoir à partir de quoi et contre quoi Diderot écrit.

Classé parmi les grands lecteurs, Diderot vit la lecture comme une expérience liée étroitement à l'expérience de l'écriture. Son œuvre définit l'acte de lecture moins comme une activité de déchiffrement que comme "une célébration du sujet lisant et de l'écriture qu'il s'approprie par son acte." Puisque créer, c'est lire autrement, le créateur ne fait que redécouvrir des poncifs et des schèmes déjà en suspens dans la langue, entendue non pas comme instrument, mais -conjointement- comme  culture, émotion et relation à l'autre.

Les lectures de Diderot, comme celles de tout autre créateur, dépendent des tropismes qui travaillent son univers : il lit en fonction de ce qu'il écrit.

Nous retiendrons à titre indicatif, les axes de réflexion suivants:

1-Diderot lecteur des Anciens et des Modernes:

Dans Entretiens sur le fils naturel, Diderot écrit: "Entre une infinité d'hommes qui ont écrit de l'art poétique, trois sont particulièrement célèbres: Aristote, Horace et Boileau. Aristote est un philosophe qui marche avec ordre, qui établit des principes généraux... Horace est un homme de génie qui semble affecter le désordre, et qui parle en poète à des poètes. Boileau est un maître qui cherche à donner le précepte de l'exemple à son disciple."

Ces références deviennent comme un point d'ancrage de l'œuvre de Diderot. Elles fournissent au lecteur des pistes de lecture probantes. Nous en voulions pour témoins les propos de Diderot lui-même: "La nature m'a donné le goût de la simplicité, et je tâche de le perfectionner par la lecture des Anciens. Voilà mon secret. Celui qui lirait Homère avec un peu de génie y découvrirait bien plus sûrement la source où je puise." (Entretiens sur le fils naturel). Diderot place un nombre important de ses oeuvres sous les auspices du poète latin Horace, qui "voulait qu'un poète allât puiser sa science dans les ouvrages de Socrate." L'œuvre de Diderot se présente comme un tissu (ou une grappe) d'hiéroglyphes. Aussi pourrait-on envisager la possibilité de la lire "hiéroglyphiquement", en pressant les textes les uns contre les autres, abstraction faite de leur genre et de leur époque. Diderot ne fait pas autre chose, quand il lit les vers de Virgile ou d'Horace. Dans ce premier axe sera posée la question suivante: Comment Diderot lit-il ses "modèles"?  

Pour ce qui des Modernes (notamment les contemporains de Diderot), on s'interrogera sur l'influence des Anglais: Locke, Richardson, Sterne et de l'italien Goldoni sur l'œuvre de Diderot dans sa dimension philosophique, dramatique, esthétique et romanesque. Par ailleurs, on sait à quel point Diderot a séduit les génies de la littérature germanique (particulièrement Schiller et Goethe). Qu'est-ce qui justifie donc l'attrait et l'intérêt des Allemands pour Diderot?

En matière de Modernes, on peut retenir aussi des auteurs français tels que Montaigne, Rabelais, Molière et Racine.

2-Le rôle de ces lectures dans le geste créateur diderotien (éthique, esthétique, heuristique, scientifique, philosophique, etc.)

3. Les figures du lecteur dans l'œuvre de Diderot. L'œuvre de Diderot interpelle deux types de lecteurs: un lecteur fictif ou fictionnalisé et un lecteur "réel". Dans Jacques le fataliste, par exemple, le lecteur est le véritable narrataire; l'auteur-narrateur ne manque pas de lui rappeler les deux principes suivants: "On écrit pour vous." et "Tout auditeur qui me permet de commencer un récit s'engage d'en entendre la fin."

Le Discours préliminaire de la Promenade du sceptique illustre un cas bien particulier de lecteurs : "Les prétendus connaisseurs en fait de style chercheront vainement à me déchiffrer. Je n'ai de rang parmi les écrivains. Le hasard m'a mis la plume à la main." Qui l'eût cru!

Comité scientifique : Arbi Dhifaoui, Radhouan Briki, (Université de Kairouan), Hédia Khadhar (Université de Tunis), Aude Lehmann (Université de Mulhouse).