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De l'espace à la langue (Dijon)

De l'espace à la langue (Dijon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université de Bourgogne)

Le centre de recherche CPTC de l'université de Bourgogne organise un colloque

De l’espace à la langue….

Jeudi 7 et Vendredi 8 octobre 2021 à Dijon

 

Organisation :

Mustapha Krazem, Université de Lorraine.

Dubravka Saulan, Université de Bourgogne

Sergueï Tchougounnikov, Université de Bourgogne.

           

 

Ce colloque fait suite à une Journée d’études en mars 2018 « Influences de l’espace sur les formes linguistiques ».Ce colloque se veut interdisciplinaire. Il se situe dans une double perspective : linguistique et littéraire. 

La spatialité dans la langue

L’importance de la place du sujet parlant dans l’étude la langue n’est plus à prouver. Toutefois, le sujet parlant, en se déployant dans la classique trilogie ego/hic/nunc, ne se limite pas à l’expression de sa subjectivité, de ses intentions ou de son affectivité. Le locuteur, c’est aussi du « temps » et de « l’espace ». La dimension temporelle, on le sait, a été explorée à travers, notamment, les études de sémantique verbale.

En revanche, l'impact de l'espace sur les formes linguistiques est rarement abordé pour lui-même. Certes, nombreuses sont les études traitant de l’espace. Mais celles-ci ne concernent pour l’essentiel que ce qu’on pourrait appeler l’espace du procès : préposition de lieu, rôle locatif du sujet, verbes de mouvement, relative en « où » etc. Cet espace du procès constitue assurément un des pans principaux de la grammaire. Toutefois, le colloque ne concernera pas les travaux exclusivement inscrits dans l’espace appelé par le procès. En effet, les rapports espace/langue ne renvoient pas seulement à l’interprétation du procès comme cela a été discuté lors de la journée d’étude de mars 2018. Plusieurs pistes d’investigation ont été présentées à travers des travaux qui souvent se croisaient :

(i) la nécessaire prise en compte de l’espace de l’énonciation dans de nombreux genres de discours quotidiens : panneau de la circulation, plaques commémoratives, légendes de photo…Bon nombres de formes linguistiques ont besoin de l’espace où l’énoncé est inscrit, y compris dans la structure syntaxique. La non-réalisation de certains sujets avec des verbes à temps finis illustre ce point : « ne rend pas la monnaie », « a été loué » etc. Le colloque accueillera les propositions sensibles à cette question et n’imposera aucune restriction sur les données ou les corpus sollicités.

(ii) L’importance de l’espace de l’énoncé. Cet espace est particulièrement sollicité depuis l’essor des nouvelles technologies : émoticônes, écriture inclusive, liens hypertexte, notes de bas de page etc.

£ l’issue de cette journée de mars 2018, les intervenants ont constaté combien une réflexion sur l’espace et la langue sollicitait fréquemment l’observation des textes, principalement les textes littéraires.

La spatialité dans le texte littéraire

C’est pourquoi nous souhaitons largement ouvrir le colloque à des propositions allant dans ce sens. Nous voudrions aussi solliciter des travaux s’appuyant sur les genres littéraires. En effet, dans les études littéraires, la dimension spatiale du texte s’est puissamment révélée dans l’approche formelle. С’est le formalisme qui a redéfini le texte poétique ou le texte littéraire en termes de construction. Le formalisme en sciences de la littérature a transposé sur l’objet textuel les outils d’analyse élaborés dans le cadre du formalisme esthétique initialement conçus pour l’analyse de l’objet visuel (peinture, sculpture, architecture). Ce transfert des concepts des arts « visuels » sur les arts de langage a conduit à l’émergence d’un nouvel objet de recherche qu’on peut qualifier de « visibilité du texte ». Le formalisme élabore une approche particulière à l’espace qui articule temporalité et spatialité, saisie successive du continu et simultanéité de la succession. Le formalisme tend à appliquer les concepts des arts de la simultanéité (peinture, sculpture, architecture) aux arts de la succession temporelle (littérature, poésie, musique) et vice versa. C’est ainsi que la succession devient simultanéité, le discours devient image, la linéarité du signifiant devient tabulaire du poème. Cette réversibilité entre espace et temps, entre simultanéité et successivité aboutit à une redéfinition de la forme artistique en termes de « rapports » ou de « relations », de « qualités de forme » ou encore de Gestalt.

Le formalisme, attentif à la matérialité du texte et à ses frontières (sa délimitation sur la page, des divisions par masse) exploite la dimension spatiale du texte littéraire par le biais des « procédés » (la narration orale imitative ; « gestes verbaux » ; « diagrammes »); du rythme compris comme le «facteur constructif » ; de la « construction » (gradation, retardement, encadrement, enfilage) et bien d’autres encore.

Cette piste formaliste pour l’exploration de la spatialité du texte littéraire est évoquée à titre d’exemple et n’épuise nullement les possibles approches.

Ainsi, à partir de ces deux orientations, nous espérons contribuer à un dialogue fructueux entre des travaux sur les « genres premiers » et les « genres seconds ».

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Une publication des contributions est prévue dans le cadre d’un ouvrage collectif.

Propositions attendues pour le 30 mai.

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Contacts :

Mustapha Krazem, Université de Lorraine : mustapha.krazem@univ-lorraine.fr

Dubravka Saulan, dubravka.saulan@u-bourgogne.fr ?

Sergueï Tchougounnikov, Université de Bourgogne : serge.tchougounnikov@yahoo.fr.