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Penser les catégories de pensée

Penser les catégories de pensée

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Leonor Graser)

 

Penser les catégories de pensée

De l’objet à l’objectivation dans l’étude des arts,

des médias et des cultures

 

Colloque pluridisciplinaire organisé par le Labex ICCA – Industries Culturelles & Création Artistique avec le soutien du CEISME, du CERLIS et de l’IRCAV

 

11 et 12 juin 2015

Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, campus Censier (amphi D02)

 

Retrouvez toutes les informations sur le site Internet du colloque penserlescategoriesdepensee.wordpress.com

 

 

Appel à communication

Date limite : 15 décembre 2014

 

 

« [...] il m’a dit que je verrai ce que je voulais voir – une promesse

autant qu’un reproche, et en même temps une description de la genèse

de l’acte de voir. »

BANKS Russel, Le Livre de la Jamaïque

(traduit de l’américain par Pierre Furlan),

Paris, Actes Sud, 1991, p. 203.

 

 

L’étude des arts, des médias et des cultures, vaste appellation recouvrant une pluralité de disciplines (des sciences de l’information et de la communication à la sociologie, en passant par l’histoire, l’économie, l’esthétique, la philosophie, la sémiologie, l’anthropologie, le droit, etc.), construit des catégories pour penser ses objets. Variables sociologiques des publics, typologies des œuvres, idéaux-types des producteurs, caractères des dispositifs, nomenclatures, classes, genres, etc., sont en effet autant de catégories a priori ou a posteriori pour saisir tant les objets que les individus, leurs pratiques, usages et discours.

 

Ce colloque pluridisciplinaire a pour objectif d’interroger ce processus de catégorisation au sein des recherches universitaires, dans la diversité de ses emplois et théorisations. Trois grands axes peuvent être dégagés.

 

AXE 1 – LES CATÉGORIES DE PENSÉE

 

Un premier axe portera sur des cas particuliers concernant les individus, les objets et les institutions. Les individus font l’objet de diverses catégorisations (âge, sexe, race, classe, entre autres), comme leurs pratiques, usages et discours (amateur, professionnel, savant, critique, etc.). Que nous apprend l’examen de ces catégories, notamment en termes de hiérarchies et rapports de domination ? De même, comment travailler sur les objets avec (ou sans) les notions de genre (musical, cinématographique, littéraire), de forme, de format et de contenu, de style, de courant, d’école ou d’auteur quand on étudie un corpus d’œuvres ? La catégorisation même de certains objets en « œuvres » n’est-elle pas signifiante? Enfin, les institutions et systèmes sont usuellement convoqués en tant qu’appartenant à des catégories qu’il serait heuristique de (ré-)interroger. Les clivages entre marchand et non-marchand, industries culturelles et création artistique, politiques publiques et initiatives privées, pays développés et pays émergents, médias numériques et médias traditionnels, pour être catégoriels, fonctionnent-ils de manière si catégorique ? Les travaux cherchant à définir de nouveaux modèles économiques ou qui s’attachent à décrire les nouveaux usages et les marchés émergents peuvent-ils le faire sans fonctionner sur de telles dichotomies ? 

 

Ce type d’approche révèle les multiples enjeux de l’opération de catégorisation, enjeux qui sont à la fois sociaux, culturels, économiques, etc., par l’inscription dans un système de valeurs, l’instauration et la promotion de normes sociales, culturelles et esthétiques, la légitimation de certains objets, discours et pratiques et plus largement de certains systèmes idéologiques.

 

AXE 2 – LA CIRCULATION DES CATÉGORIES

 

Un deuxième axe, directement lié, pourra porter sur la question de l’import et la circulation des catégories et catégorisations. Que sont la médiation, l’innovation, l’indépendance, la régulation, mais encore l’auteur, l’œuvre, l’objet, le contenu, la notoriété, l’amateurisme pour un économiste, un juriste, un sociologue, etc. ? Comment les disciplines peuvent-elles parvenir à dialoguer avec et sur les catégories quand elles-mêmes sont si souvent en butte à des difficultés en leur sein concernant les définitions ? Chaque discipline doit-elle se doter d’un double système de catégorisation, l’un sur le mode encyclopédique tenant compte des points de vue possibles, à usage externe et l’autre sur le mode du dictionnaire construisant par renvois successifs un ensemble lexical auto-normé, à usage interne ?

Dans le même fil de questionnement, la relation épistémologique entre les « catégories d’usage » (ou « catégories indigènes »), utilisées hors du champ scientifique par les acteurs sociaux, et les « catégories d’analyse », a contrario élaborées par les chercheuses et chercheurs pour construire leurs objets d’étude, est particulièrement épineuse. Le recours à des catégories d’usage (donc à des appellations, des labellisations, des qualifications et caractérisations) utilisées, voire créées et/ou revendiquées, par les individus, s’est révélé fécond par exemple dans le champ anglo-saxon avec la mouvance des cultural studies et de ses évolutions buissonnantes (toutes les -studies). Mais il peut aussi constituer un obstacle pour la recherche, d’autant que ce recours aux catégories d’usages réactive les problèmes liés à « l’intentionnalité » : en effet, comment considérer la revendication d’une catégorisation par les sujets eux-mêmes (« je suis un artiste », « je suis engagé », « je suis Blanc », « je suis une femme », « je suis un spectateur participatif », « je suis un producteur indépendant ») ? Comment importer une catégorie vernaculaire dans le champ de la recherche : faut-il nécessairement s’en méfier, l’adapter, la théoriser, la traduire ? L’import des catégories et catégorisations peut également s’entendre comme le franchissement d’une frontière, par exemple langagière. Ainsi, comment importer, dans sa langue de travail, une catégorie (d’usage ou d’analyse) qui existe dans une autre langue ? Quels sont les problèmes spécifiques posés par cette question de la traduction ?

 

AXE 3 – PENSER LA CATÉGORISATION

 

Les communications pourront s’appuyer sur des travaux en cours ou déjà effectués (publications, thèses, enquêtes), dans une perspective autoréflexive et critique, ou proposer des approches théoriques. Plus largement, seront appréciées les communications portant sur des systèmes catégoriels (parce que nécessairement clivant) paradigmatiques ou aspirant au paradigmatisme, tels que « NTIC », « industries (culturelles)», «art», «création», «longue traîne» «créativité», «innovation», «émergence», « public(s) », « médiation », « 2.0 », « transmédia », « cinéma/télévision/Internet » ; autant que « arts », « médias » et « cultures », qui figurent dans le titre de ce colloque. Se dessine ici un troisième axe, questionnant le principe même de la catégorisation. Celle-ci, dans une perspective constructiviste ou plus largement pragmatique, semble dire autant du processus d’objectivation – donc de la construction de son objet d’étude par la chercheuse ou le chercheur –, que des objets eux-mêmes. Mais comment éviter que ce genre d’interrogation ne conduise à l’aporie relativiste sans pour autant se cantonner à un réalisme ontologique ou une «simple» phénoménologie? Seront ainsi encouragées les propositions qui

discuteraient spécifiquement cette relation entre les catégories usitées (ou bannies) et l’inscription du chercheur ou de la chercheuse dans un contexte (disciplinaire, paradigmatique, idéologique, social).

 

Ce colloque pluridisciplinaire se veut un lieu de débat et de discussion autour des pratiques scientifiques et universitaires, des enjeux qu’elles soulèvent, de leurs qualités heuristiques et de leur dimension performative. Les propositions de chercheuses et chercheurs confirmé/e/s souhaitant mettre en perspective certains de leurs travaux, comme des jeunes chercheurs et chercheuses qui voudraient tester leurs méthodologies d’enquête, seront les bienvenues.

 

 

Modalités de soumission

 

Les propositions de communication sont à envoyer par mail avant le 15 décembre 2014 aux trois membres du comité d’organisation (chloe.delaporte@gmail.com, leonor.graser@gmail.com,

julien.pequignot@gmail.com) qui en accuseront réception. Elles devront respecter le format indiqué et fournir les informations suivantes :

 

 Prénom et nom.

 Adresse personnelle, adresse professionnelle, adresse électronique et numéro de téléphone (portable si possible).

 Courte bio-bibliographie, précisant les domaines de spécialité et les publications importantes, ainsi que la fonction et le rattachement institutionnel actuels.

 Le titre de la communication.

 Le résumé de la communication (5 000 signes espaces compris maximum), précisant le cadre théorique, le terrain de l’enquête qui sera discutée, les catégories qui ont été employées pour son analyse et la façon dont la communication compte les mettre en perspective.

 Le cas échéant, une bibliographie indicative.

 

Chaque proposition sera évaluée anonymement par deux membres du comité scientifique.

 

 

Calendrier

 

 Date limite de soumission des propositions : 15 décembre 2014

 Notification d’acceptation ou de refus des propositions : février 2015

 Tenue du colloque : 11 et 12 juin 2015

 Remise des textes pour évaluation avant publication des actes : 30 septembre 2015

 

 

Organisation du colloque

 

Le colloque aura lieu les jeudi 11 et vendredi 12 juin 2015 à Paris (amphi D02, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3). Les interventions, qui se feront en français, dureront 45 minutes (entre 20 et 30 minutes de communication, suivies d’un échange avec la salle).

 

Le colloque est financé par le Labex ICCA - Industries Culturelles & Création Artistique, avec le soutien du Centre d’Étude sur les Images et les Sons Médiatiques (CEISME, EA 1484, Paris 3), du pôle « Lien social & culturalisation » du CEntre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS, UMR 8070, Paris 3/Paris 5/CNRS) et de l’Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel (IRCAV, EA 185, Paris 3).

 

 

Comité d’organisation

 

 Chloé DELAPORTE 

Docteure en sociologie, Maître de conférences en économie du cinéma, de l’audiovisuel et de l’Internet et chercheuse au RIRRA21 (Université Paul Valéry – Montpellier 3)

 

 Léonor GRASER 

Docteure en sociologie, chercheuse associée au CERLIS (Universités Paris 3/Paris 5/CNRS)

 

 Julien PÉQUIGNOT

Docteur en sciences de l’information et de la communication, postdoctorant au Labex ICCA et chercheur au CEISME (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 

 

Comité scientifique international

 

 Laurence ALLARD (IRCAV, Université Lille 3)

 Howard S. BECKER (Sociologue indépendant, États-Unis)

 Marie-France CHAMBAT-HOUILLON (CEISME, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 Dominique CHATEAU (ACTE, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)

 Laurent CRETON (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 Chloé DELAPORTE (RIRRA21, Université Paul Valéry – Montpellier 3)

 Elsa DORLIN (LabTop/CEFEG, Université Paris 8)

 Jean-Pierre ESQUENAZI (MARGE, Université Jean Moulin – Lyon 3)

 Léonor GRASER (CERLIS, Universités Paris 3/Paris 5/CNRS)

 Jean-Baptiste GUIGNARD (Center for Cognitive Research, Université de Technologie de Compiègne)

 François JOST (CEISME, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 Kira KITSOPANIDOU (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 Bernard LAHIRE (Centre Max Weber, ENS Lyon)

 Mary LEONTSINI (Université d’Athènes, Grèce)

 François MAIRESSE (CERLIS, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 Danilo MARTUCELLI (CERLIS, Université Paris Descartes)

 Roger ODIN (IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

 FrançoisePAQUIENSÉGUY (ELICO,SciencePo-Lyon)

 Julien PÉQUIGNOT (CEISME, Labex ICCA)

 Violaine ROUSSEL (CRESPPA/LabTop, Université Paris 8)

 Maria Antonietta TRASFORINI (Université de Ferrara, Italie)

 Marc VERNET (RIRRA21, Université Paul Valéry – Montpellier 3)

 

Retrouvez toutes les informations sur le site Internet du colloque penserlescategoriesdepensee.wordpress.com