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Metz 1500. Écrit, politique et culture urbaine au temps de Philippe de Vigneulles (Metz)

Metz 1500. Écrit, politique et culture urbaine au temps de Philippe de Vigneulles (Metz)

Publié le par Romain Bionda (Source : Dauphant, Léonard)

Metz
1er octobre - 3 octobre 2020

Constituée en république autonome depuis le XIIIe siècle, la ville de Metz a occupé une place particulière comme marge romane du Saint Empire. Vers la fin du XVe siècle, après des épidémies et des conflits, elle n’est plus aussi florissante, mais elle conserve des institutions fortes et une situation originale. Cette période cruciale, entre Moyen Âge et temps modernes, est marquée par la présence lumineuse de Philippe de Vigneulles (1471-1528), poète et chroniqueur connu, qui incarne à lui seul une bourgeoisie active et lettrée. Son œuvre, variée et riche d’influences, n’est pas le simple reflet d'un environnement.

 

Dans le cadre d'un projet transdisciplinaire CPER intitulé « Metz 1500 »[i], ce colloque se propose d’aborder la culture urbaine dans l’espace messin au temps de Philippe de Vigneulles. En prenant appui notamment sur son œuvre, on peut mieux comprendre l’évolution des mentalités et le fonctionnement des institutions. Les motivations de l’écrivain, qu’il s’agisse du loisir littéraire, d’une volonté de fixer le passé local ou de récréer l’entourage, disent les soucis et les obsessions du temps, le sens de l’entraide et de la communication. L’écrit, tout comme la pratique des spectacles ou la transmission du savoir, façonne le tissu social. La figure de Philippe de Vigneulles devient à ce titre exemplaire. 

 

Le colloque envisagera trois grandes orientations : espaces, mémoires et langues.

 

L’étude de l’espace urbain permet de promouvoir la singularité du gouvernement messin à cette époque, avec ses institutions originales, comme les paraiges et les amandelleries, et la complexité de sa vie politique. Plusieurs thèses ont déjà exploité les riches archives locales, mais sans toujours déboucher sur des vues synthétiques. Au cœur de la vie urbaine, tant par ses écrits que par ses activités mercantiles, Philippe de Vigneulles est témoin et acteur d’un milieu encore insuffisamment connu.

 

La mémoire est un autre enjeu. Comment un milieu urbain a-t-il transformé différents fonds culturels, relevant du curial ou du religieux, pour construire une mémoire civique ? Peut-on identifier une ou plusieurs cultures urbaines spécifiques ? En récrivant et en acclimatant l’ancien corpus des Cent nouvelles nouvelles, en dérimant des chansons de gestes pour ses contemporains, Vigneulles livre ses goûts, mais il établit aussi des liens entre les époques. Il fixe une modernité. Ce type de cheminement mérite d’être mieux analysé. 

 

Au cœur de cette activité littéraire, les chroniques foisonnent à Metz dès le début du XVe siècle. Cas unique en France, cette littérature civique, dont Philippe de Vigneulles est l’héritier et le sommet, pose encore de nombreuses questions. Grâce aux travaux de Mireille Chazan, un véritable laboratoire de l’écriture historique a été mis en évidence. Dans ce travail de récriture et d’intertextualité des chroniques messines, l’œuvre de Philippe de Vigneulles fonctionne comme un microcosme avec la récupération des Mémoires dans la Chronique. La comparaison des chroniques reste un chantier ouvert, dont ce colloque pourrait être un jalon. Comment les auteurs s’inspirent-ils les uns des autres ? Les contemporains témoignent-ils de formes de rivalité littéraire ? Comment cet écrit civique est-il lié à l’actualité politique de la ville ? Les choix d’écriture peuvent-ils être mis en rapport avec les partis et les idéologies des auteurs, alors que Metz présente autour de 1500 une « conscience municipale en crise » selon l’expression de Martial Gantelet ?

 

Le patrimoine local suppose des influences et des transferts d’ordre linguistique. Si Metz a toujours été une ville francophone, la culture allemande, facilitée par le commerce et les ambassades de toute nature, y était bien présente, comme en témoigne la production typographique des années 1500-1510. Philippe de Vigneulles suit-il, notamment pour ses Mémoires, des modèles d’outre-Rhin ? Sa langue romane, en tout cas, est particulière, comme une langue à soi pour une écriture de soi. Elle devrait être étudiée en variant les échelles (individu, entourage, ville, aire francophone) mais aussi les genres. Y a-t-il des stratégies d’écriture différentes pour les nouvelles, la lyrique, l’écriture historique ?

 

Pour ce colloque, qui porte donc sur la « république messine », sur l’historiographie locale à la fin du Moyen Âge et sur la figure de Philippe de Vigneulles, on appréciera tout particulièrement les propositions faisant dialoguer les sources et les questionnements disciplinaires. Des communications à deux voix seront possibles. Des temps d’échanges seront aménagés pour permettre de discuter autour des enjeux communs de l’histoire, de la littérature, de la linguistique et de l’histoire de l’art.

 

Date limite d’envoi des propositions : 1er juin 2020.

Contact : leonard.dauphant@univ-lorraine.fr

Partenariat scientifique : Le colloque se tient dans le cadre du Projet CPER « Metz 1500 » soutenu par l’Université de Lorraine, le CRULH et Écritures.

 

Comité scientifique :

Anne Adrian (Conservatrice du patrimoine, Musée de la Cour d’Or)

Dominique Adrian (Conservateur des bibliothèques, Université de Lorraine)

Mireille Chazan (Professeur d’Histoire médiévale, Université de Lorraine)

Élisabeth Crouzet-Pavan (Professeur d’Histoire médiévale, Sorbonne Université)

Alain Cullière (Professeur de langue et littérature françaises, Université de Lorraine)

Frédéric Duval (Professeur de philologie romane, École des Chartes)

 

Orientation bibliographique[ii] :

Schneider, Jean, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, Nancy, Impr. G. Thomas, 1950.

Pérouse, Gabriel André, Nouvelles françaises du XVIe siècle : images de la vie du temps, Genève, Droz, coll. THR 154, 1977.

Herbin, Jean-Charles, « Approches de la mise en prose de la Geste des Loherains par Philippe de Vigneulles », Romania, 1992-1995, p. 466-504.

Demarolle, Pierre, La Chronique de Philippe de Vigneulles et la mémoire de Metz, Caen, Paradigme, coll. Medievalia 6, 1993.

Gantelet, Martial, « Entre France et Empire, Metz, une conscience municipale en crise à l'aube des Temps modernes (1500-1526) », Revue historique, n° 617, 2001/1, p. 5-45.

Jones, Catherine M., Philippe de Vigneulles and the Art of Prose Translation, Cambridge/Rochester, Brewer, Gallica 9, 2008.

Chazan, Mireille et Nauroy, Gérard, éd., Écrire l'histoire à Metz au Moyen Âge, Berne, Peter Lang, coll. Recherches en littérature et spiritualité 20, 2011.

Litzenburger, Laurent, Une ville face au climat : Metz à la fin du Moyen Âge, 1400-1530, Nancy, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, 2015.

Trapp, Julien et Didiot, Mylène, éd., Défendre Metz à la fin du Moyen Âge. Étude de l’enceinte urbaine, Nancy, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, 2017.

 

[i] https://crulh.univ-lorraine.fr/content/cper-metz-1500

[ii] On ne cite que des travaux publiés, dans l’ordre chronologique. Sur Vigneulles et la ville de Metz à la fin du Moyen Âge, il existe une dizaine de thèses non encore éditées.