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Solitaire et solidaire : création et engagement à l’œuvre dans la littérature contemporaine (Bordeaux)

Solitaire et solidaire : création et engagement à l’œuvre dans la littérature contemporaine (Bordeaux)

Publié le par Marc Escola (Source : Association Européenne François Mauriac)

Solitaire et solidaire : création et engagement à l’œuvre dans la littérature contemporaine

Colloque international

Bordeaux 4-8 mai 2017
 

On parle souvent de l’expérience de l’écriture comme d’une activité qui se déroule dans une solitude essentielle et incontournable.

L’écrivain est seul au monde, affirme le lauréat du Prix Nobel de littérature Gao Xingjian, un écrivain chinois émigré à Paris (Le Livre d’un homme seul, traduit du chinois par Noël Dutrait, Paris, Points, 1999, 506 p.). Dans son livre, celui-ci ne manque pas de faire l’éloge de la solitude et de la réflexion autocentrée, qualités et conditions dont la créativité ne pourrait se passer.

En effet, toute une doxa, romantique en l’occurrence, a diffusé l’idée que l’écriture est une grande aventure solitaire. Il faudrait, dans une sorte d’ascèse épistémique et existentielle, se couper du monde et de ses contemporains, procéder résolument à une tabula rasa pour se retrouver seul face à soi-même, condition sine qua non de la rencontre de soi et de sa vérité prenant sens et existence dans l’œuvre littéraire. Seule une vie érémitique donnerait donc accès aux connaissances et aux émotions que la littérature aurait pour mission de diffuser aux profanes.

Même si cette conception reste dominante encore aujourd’hui dans le champ littéraire, il n’en reste pas moins qu’elle est fortement contestée tant au niveau théorique que dans les pratiques de certains écrivains. De multiples questions se posent, en effet : La solitude est-elle une condition nécessaire et suffisante à la créativité ? Afin de créer, de se tourner vers l’âme humaine, est-il indispensable de prendre de la distance par rapport au fracas du monde ? Si solitude il y a chez un auteur dans son processus de création, en trouve-t-on des traces, sinon des échos, dans ses textes et particulier dans ses personnages ?

Par ailleurs, il n’est pas chimérique de penser que l’isolement créatif recherché et revendiqué par un écrivain ne peut qu’être relatif : Tout texte n’est-il pas la transfiguration et la transmutation artistiques d’un contexte, que ce dernier soit singulier ou commun ? N’y-a-t-il pas un enchevêtrement gordien entre l’intime et l’extime ? Tout dit n’est-il pas un inter-dit ? La littérature n’est-elle pas, aussi,  l’inscription de traces qui dépassent et excèdent la monade de son scripteur ? Quasiment depuis son institution et de sa visibilité dans le champ social, la question de la portée politique et éthique de l’œuvre littéraire n’a cessé de se poser, tant pour les écrivains que pour les lecteurs. Car la littérature, concomitamment, tend à créer des effets de réel et à produire des effets dans  le réel. Il parait difficile de ne pas affronter de tels paradoxes, même si l’on est conscient que les réponses apportées ne peuvent être qu’aporétiques, en fin de compte.

Bref, il serait opportun de se demander si un artiste peut nouer, sans se renier et sans mettre en danger la spécificité de son œuvre, à la fois, dans celle-ci, un geste esthétique, qui exige retrait du monde et désintéressement, et un geste politique, qui est ouverture sur et au monde. Tel a été le défi auquel ont été confrontés des écrivains comme François Mauriac, André Malraux, Jean-Paul Sartre, Albert Camus et de nombreux auteurs du milieu du xxe siècle, confrontés à un choix douloureux : L’engagement et ou le retrait ? La solidarité avec les autres ou la solitude ? L’exil ou l’immersion dans le monde ? Le retrait ou le combat ?  À l’évidence, ces questions et ces choix sont aussi le lot des écrivains d’aujourd’hui. Comment rendre compte d’une telle tension entre des pôles si contraires, sinon contradictoires ?

Mots-clés: engagement, action, combat, révolte, isolement, solitude, créativité, recueillement, abandon, retraite, imagination.

 

Bibliographie :

Camus Albert, L’Homme révolté,  Paris, Gallimard, 1951, 388 p.

Denis Benoît, Littérature et engagement : de Pascal à Sartre,  Paris, Éditions du Seuil, 2000, 320 p. 

Laurent Thierry, Le Roman français au croisement de l’engagement et du désengagement (xxe-xxie siècles), Paris, L’Harmattan, 2015,  242 p.

Mauriac  François, Le Cahier noir, Paris,  Actes Sud, 2015 (1943), 240 p.

François Mauriac  Le Romancier et ses personnages, Paris, Pocket Agora, 1990 (1933), 125 p.

Sartre Jean-Paul Qu’est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1964 (1948), 384 p.

Xingjian Gao, Le Livre d’un homme seul, traduit du chinois par Noël Dutrait, Paris, Points, 1999,  506 p.

 

Modalités de participation

Les propositions de communication sont à envoyer

avant le 31 janvier 2017 

à Nina Nazarova (nnazarova276@gmail.com)