Actualité
Appels à contributions
Travestissements de la voix dans les littératures contemporaines (MSH Clermont-Ferrand)

Travestissements de la voix dans les littératures contemporaines (MSH Clermont-Ferrand)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Catherine Songoulashvili)

TRAVESTISSEMENTS DE LA VOIX DANS LES LITTÉRATURES CONTEMPORAINES

Colloque international

2, 3 et 4 juillet 2020

MSH Clermont-Ferrand

(4 rue Ledru – 63000 Clermont-Ferrand)

 

Organisateurs :

Assia Mohssine (Université Clermont Auvergne, CELIS)

Daniel Rodrigues (Université Clermont Auvergne, CELIS)

 

Conférence Plénière

CARMEN BOULLOSA

Poète, romancière et dramaturge mexicaine

Macaulay Honors College

City University of New York (CUNY)

 

Appel à communications

Né du partenariat entre le programme de recherches « Genres littéraires et gender » (coord. Assia Mohssine et Daniel Rodrigues) de l’équipe Écritures et interactions sociales du Centre de recherches sur les littératures et la sociopoétique (CELIS) et le programme de recherches «Intersexualidades » de l’Université de Porto au Portugal, le colloque « Travestissements de la voix dans les littératures contemporaines » se propose d’analyser les travestissements de la voix et les modalités diégétiques et esthétiques qu’ils appellent. 

Le travestissement en tant que motif littéraire n’est pas récent. Mis en scène depuis les Métamorphoses d’Ovide jusqu’aux littératures contemporaines, ce phénomène renvoie initialement au désir de porter les vêtements du sexe opposé avant d’être reconnu comme une « catégorie épistémique opposée au binarisme hétérosexuel » et une « posture artistique et politique radicale » visant à « décentrer les notions d’identité, non seulement sexuelle, mais aussi nationale, ethnique et culturelle »[1].

Bien que la fonction d’auteur, comme le rappelle Foucault[2], implique nécessairement l’effacement des marqueurs discursifs propres à l’auteur pour laisser place à celles d’un alter égo et à une conscience autre, le travestissement auctorial inscrit une forme de disjonction entre l’identité générique de l’auteur et celle du narrateur dont l’expression la plus connue est l’usage du pseudonyme (faux nom ou nom de plume) et/ou l’emploi de marqueurs linguistiques d’un genre sexuel autre que celui de l’auteur/trice. Dans ce cas, le travestissement repense, comme le suggèrent respectivement Madelaine Kahn et Ana Clavel[3], le rapport problématique à l’autorité et à la censure, voire à la tradition littéraire (détournement de certains genres littéraires connotés comme masculins ou féminins en vue d’une reconnaissance culturelle)[4]. Au- delà de ces pratiques culturelles largement répandues au XIXe siècle, qui donnent la mesure du cloisonnement du monde des lettres, il est surtout intéressant de se pencher sur les aspects textuels et discursifs de ce travestissement dans les littératures contemporaines (dédoublement narratif, figure du travesti, identités plurielles et décentrées, carnavalisation, ambigüité, simulation, parodie, figures de l´occultation, expérimentations linguistiques et littéraires, etc.) autant d’artifices – très peu étudiés du reste– qui participent au maillage symbolique et parodique des textes, notamment ceux qui sont construits depuis une optique postmoderne. Selon l’écrivaine mexicaine Ana Clavel, le travestissement textuel dépasse le simple déguisement de la voix dans la mesure où il préfigure « la mise en scène symbolique, sociale et culturelle […] qui affecte intrinsèquement les ressources formelles et la conception d'un monde qui se reflète dans le texte lui-même et dans la voix narrative, car, comme le souligne l'essayiste [Ben Sifuentes], le travestissement “n’est pas seulement une question de devenir un autre, mais aussi de (dé) figurer le moi” »[5].

Obstacle à l’appel d’exposition du sexe féminin pour les uns (c’est notamment l’approche de certaines féministes dont Hélène Cixous qui invite chacun/e à « montrer son sexe »[6]), acte performatif pour les autres, le travestissement dévoilerait, selon la philosophe et théoricienne du genre Judith Butler[7], la fragilité des identités fixes et le mouvement incessant des représentations de soi. Se travestir reviendrait à accepter un monde en métamorphose où les frontières sont franchies selon le désir du sujet. C’est précisément cette inflexion qui nous conduit à interroger le potentiel transformateur du travestissement de l’identité sexuelle, sa capacité à subvertir et à désorganiser les valeurs et les représentations de ce qui est culturellement admis comme masculin ou féminin, non seulement en tant qu’artifice puissant de carnavalisation et de désordre, mais aussi comme voie – transgressive – d’accès à la subjectivité de l’autre pour démontrer son caractère arbitraire. Dès lors, le travestissement est une ruse puissante qui déjoue les surveillances imposées au corps réduit à un objet de domination de l’autre et dénonce, par conséquent, les instruments de répression des discours hégémoniques et patriarcaux. Mais si le travestissement cache et expose – voire surimprime – les signes de genre, il semble échapper au pouvoir régulateur car il se place toujours dans l’interstice, entre deux codes sans jamais choisir son camp.

Ce colloque propose d’interroger le phénomène du travestissement dans ses différentes acceptions (linguistique/textuelle et de genre). L’analyse littéraire des œuvres pourra mettre à jour à la fois le travestissement de la voix et les représentations des corps hybrides, travestis ou en métamorphose, échappant aux systèmes identitaires binaires. On pourra également mettre en perspective le lien entre le travestissement de la voix et la recréation littéraire de l’espace.

 

Comité scientifique international

Ana Luísa AMARAL (Universidade do Porto – Portugal)  

Fernando BELEZA (University of New Hampshire - Angleterre)

Emerson INACIO (Universidade de São Paulo – Brésil)

Marinela FREITAS (Universidade do Porto – Portugal)

Ana M. KLOBUSKA (University of Massachusetts Darmounth- États Unis)

Assia MOHSSINE (Université Clermont Auvergne - France)

Daniel RODRIGUES (Université Clermont Auvergne - France)

 

Communications

Les participants disposeront de 20 minutes para présenter leur travail (8 pages, Times New Roman 12, double espace).

Les travaux seront soumis à l’avis d’un comité de lecture avant publication dans un volume collectif.

 

Résumé : Un titre et un résumé d’environ 200 mots (10 à 15 lignes), en espagnol ou en portugais, accompagnés de 5 mots-clés et d’une brève notice bio-bibliographique, devront être envoyés avant le 28 février 2020 aux deux organisateurs :

Assia Mohssine

Assia.MOHSSINE@uca.fr

Daniel Rodrigues

Daniel.RODRIGUES@uca.fr

 

Langues de travail : espagnol et portugais (ou français à condition que la communication soit accompagnée de sa traduction en portugais ou en espagnol selon le cas).

*

Formulaire dinscription

Prénom et Nom, Titres Universitaires.................................

Institution. Etablissement……........................................................

Téléphone ..................................................................................

E-mail ......................................................................................

Titre de la communication........................................................

5 Mots-clés……………………….………………………………………

Résumé (un maximum de 10 lignes): ……………………….…….……

 

 

[1] Krzysztof Kulawik, “Travestir para reclamar espacios: la simulación sex/text-ual de Pedro Lemebel y Francisco Casas en la urbe Chilena”, ALPHA, Nº 26 / Julio 2008 (101-117), p. 104.

[2] Michel Foucault, “¿Qué es un autor?”, en Entre filosofía y literatura, Buenos Aires: Paidós, 1999.

[3] Madelaine Khan, Narrative Transvestism: Rhetoric and Gender in the Nineteeth-Century English Novel, Ithaca : Cornell University Press, 1991. Ana Clavel, Yo es otr@. Cuentos narrados desde otro sexo. México: Cal y arena, 2010.

[4] Evando Nascimento, en résonnance avec Michel Foucault, suggère, lui, le terme de « travestissement littéraire » pour référer à « la capacité infinie de l’auteur(trice) à se travestir en un(e) autre »[4] alors que Madelaine Khan parle de « travestissement narratif », une stratégie qui expose, selon elle, le déséquilibre et la hiérarchie présidant l’inscription de l’autorité dans le texte. Voir Evando Nascimento. “O retrato do autor como leitor”. URL: http://www.evandonascimento.net.br/ensaios/retrato_do_autor_como_leitor.pdf; Madelaine Khan, Narrative Transvestism, op.cit.

[5] Ana Clavel, Yo es otr@. Cuentos narrados desde otro sexo, op.cit, prólogo.

[6] Hélène Cixous, Le rire de la Méduse, Paris : Galilée, 2010.

[7] Judith Butler, Défaire le genre, Paris : Editions Amsterdam, 2016.