Appel à contribution pour la revue Eddissi
Vol 5, n° 1 - février 2026
Editeurs :
Pre Lynda ZAGHBA (Université de M’Sila, Algérie)
Dre Manel BEN JEMÂA (Université de Mannouba- Tunis, Tunisie)
Dre Fella GAOUDI (Université de M’Sila, Algérie)
Argumentaire
L’intellectuel et l’engagement
De l’engagement politique et social à la numérisation de l’engagement ?
S’engager à explorer la problématique de l’intellectuel et de son rapport à l’engagement, c’est accepter de s’aventurer à aborder une problématique qui a nourri d’abandon textes, en France comme ailleurs, en raison « de la diversité des figures de l’intellectuel à travers l’histoire (…) [et du fait que] les intellectuels ne peuvent être valablement définis qu’en fonction d’une culture et d’une société données » (Bradfer, 1994 : 23). C’est dans la France du XXème siècle que la notion emblématique de « l’intellectuel engagé » émergera et connaîtra par la suite une envergure internationale. De la littérature existante, l’article « J’accuse » d’Émile Zola (1898) a constitué un moment notoire, donnant ainsi naissance à « une réelle conscience de groupe » (Bradfer, 1994 : 23). C’est à ce moment-là que Maurice Barrès popularisa le terme intellectuel, qu’il emprunta à Clemenceau mais pour invectiver Zola et les Dreyfusards en considérant intellectuel toute personne qui s’occupe d’un sujet qui ne relève pas de ses compétences.
Quelques décennies plus tard, Jean Paul Sartre, à travers la revue Les Temps Modernes et son Plaidoyer pour les intellectuels (1972), soulève le rôle important, voir même la responsabilité, des écrivains face aux problèmes de leurs temps. Il approfondie la réflexion en distinguant techniciens du savoir, spécialistes dans leurs domaines, des intellectuels qui s’interrogent sur leur rôle social et leur rapport à l’idéologie. Selon Sartre, l’intellectuel est un individu sensible aux contradictions entre la connaissance de son domaine de recherche et la réalité sociale et s’engage à les dénoncer.
Or, par-delà les époques les œuvres littéraires ont été le moyen privilégié pour interroger le monde et la pensée humaine. D’Homère à Voltaire, de nombreux auteurs se sont servi de leurs plumes pour agir, voir transformer, leurs sociétés et rappeler à l’homme son humanité. Dans les pays colonisés, la littérature devient un outil de résistance politique et identitaire, comme c’est le cas de l’Algérie où des écrivains tels que Kateb et Feraoun expriment la quête d’une identité face à la domination coloniale.
Cet engagement des hommes de lettres a été accompagné d’un engagement similaire de la part des scientifiques dans les différents domaines. Ceux-ci ont signé des pétitions en faveur ou contre une décision politique ou ont orienté leurs recherches vers la résolution des problèmes de la cité. Ainsi, l’université comme espace urbain s’invite non seulement comme un noyau du rayonnement des structures des villes, mais elle assure surtout la diffusion du savoir et des idées. Cette ambition de nouer avec la société vise, en premier lieu, à vulgariser la connaissance scientifique en touchant un large public et, en second lieu, à intégrer et impliquer les techniciens de la science dans les débats de société dans le dessein d’installer un climat de confiance entre le pouvoir politique et le simple citoyen. Par conséquent, plusieurs recherches se sont attelées à « produire des connaissances utiles au règlement des problèmes sociaux concrets » (Coulon, 2020), tels que les travaux de l’école de Chicago, ou à décrire et dénoncer des problèmes de ségrégation, comme c’est le cas de la sociolinguistique urbaine.
Mais, avec la médiatisation des débats de société et l’émergence de nouveaux moyens de communication (les réseaux sociaux en particulier), la parole des scientifiques a certes gagné en visibilité, mais elle se trouve confrontée à celle des créateurs de contenu sur ces espaces ouverts à tous, qu’on appelle « influenceurs ». La réalité vécue dévoile l’importance de l’audience touchée par ces « techniciens du milieu de l’influence » qui atteignent des millions d’abonnés comparé à l’audience touchée par les chercheurs. Il s’avère donc que la question de l’intellectuel et son rapport à la société nécessitent d’être réexaminées à la lumière du nouveau contexte mondial.
Ce numéro thématique offre aux chercheurs qui s’intéressent à l’engagement des intellectuels la possibilité de partager les résultats de leurs réflexions liées à la thématique et aux axes de ce numéro. Les articles peuvent interroger les apports de la recherche en sciences humaines et sociales à la compréhension du rôle que peuvent avoir les intellectuels dans les sociétés nationales ou internationales.
Les questions susceptibles d’orienter la réflexion des contributeurs peuvent s’inscrire entre autres dans le cadre des axes suivants :
- Qu’est-ce qu’un intellectuel aujourd’hui ? Quelle part du scientifique dans cette aventure de l’intellectuel ?
- Quelles frontières entre l’engagement et la quête de la reconnaissance ? Quelles limites à l’engagement des intellectuels ?
- L’intellectuel et la responsabilité sociale
- Littérature et engagement.
- Discours d’intellectuels engagés et intellectuels engagés dans les discours.
- Les arts et l’engagement.
- Les sciences et l’engagement.
- Les intellectuels et le numérique.
- L’engagement et le numérique.
- Quelles relations entre les sciences humaines et les sciences dites dures ?
- La formation des intellectuels.
- Philippe Meirieu plaide pour la formation d’enseignants-chercheurs pour les différents paliers de l’enseignement, peut-on aspirer à des enseignants- intellectuels ?
- Qu’est-ce qu’un enseignant intellectuel ? Comment former des intellectuels ?
En complément de ce numéro thématique, la revue accepte également des articles relevant de la rubrique Varia.
Références bibliographiques
Bradfer, Philippe, (1994) “L'engagement des intellectuels dans la France des années trente : entre culture et politique”, Res Publica 36(1), 23-42. doi: https://doi.org/10.21825/rp.v36i1.18751
Sartre, Jean Paul, 1945, Présentation des Temps Modernes, Gallimard, Paris. https://blogs.law.columbia.edu/revolution1313/files/2021/10/Sartre-Pre%CC%81sentation-des-temps-modernes.pdf
Sartre, Jean Paul, 1970, L’existentialisme est un humanisme, Nagel, coll. « Pensées », Paris.
Sartre, Jean Paul, 1972, Plaidoyer pour les intellectuels, Gallimard, Paris.
Gautier, Théophile, 1835, Mademoiselle de Maupin, Charpentier et Cie, Paris. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80430n#
Laizé, Hubert, 2000, Leçons littéraires sur l’Iliade d’Homère, Puf, Paris.
Wastrat, Jean-Loup. « L’esthétique d’André Malraux et la reproduction photographique des œuvrées d’art ». La critique historique à l’épreuve, édité par Gaston Braive et Jean-Marie Cauchies, Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1989, https://doi.org/10.4000/books.pusl.14670.
BONN, Charles 2002, « La littérature algérienne francophone serait-elle sortie du face à face du post colonial », Modern & Contemporary France, n° 10. http://www.limag.com/Textes/Bonn/2002TallahasseeAlgerie.htm
DOI : 10.1080/0963948022000029565
Coulon, Alain, (2020) . Introduction. L'école de Chicago. ( p. 3 -4 ). Presses Universitaires de France. https://shs.cairn.info/l-ecole-de-chicago--9782715403147-page-3?lang=fr.
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Dates importantes :
- Lancement de l’appel à contribution : 1 octobre 2025
- Dernier délai pour la réception des articles : 30 janvier 2026
- Réponse aux auteurs : à partir du 20 février
- Publication et mise en ligne : fin février 2026
Langues des articles : français et anglais