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Mémoires, traces et empreintes (St Etienne)

Mémoires, traces et empreintes (St Etienne)

CELEC Centre D’Etudes sur les Littératures Etrangères et Comparées EA 3069, Université Jean Monnet, Saint-Etienne.

Colloque international et interdisciplinaire : « Mémoires, traces et empreintes »

20-21 novembre 2017

Université Jean Monnet, Saint- Etienne

Organisatrices : Elisabeth Bouzonviller, Floriane Reviron-Piégay et Emmanuelle Souvignet

 

Appel à communication :

 

La mémoire conçue comme faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés et ce qui s’y trouve associé est indissociable des multiples formes que peut prendre son expression. Si dans un premier temps « trace » et « empreinte » peuvent être perçues comme synonymiques, il apparaît que la relation de l’une à l’autre est plus subtile et complexe. La trace et l’empreinte semblent engager le corps plus que l’intellect, a contrario, la mémoire semble plus intangible, d’un ordre plus intellectuel ; elle n’en repose pas moins sur la capacité d’un individu à enregistrer de manière plus ou moins parfaite ou lacunaire des impressions qui ont partie liée au corps. Malgré les liens d’inimitié entre écriture et mémoire que Platon nous rappelle dans le Phèdre, la mémoire est indissociable du geste d’écriture dont la rature, la biffure, le brouillon, la récriture sont autant de traces. La trace est beaucoup moins formelle que l’empreinte puisque dans la trace il y a presque toujours blessure, enlèvement, agression, ce qu’il n’y a pas dans l’empreinte qui procède par apport de matière.[1] Ce rapport à la matière nous invite à considérer la nature de la trace et de l’empreinte : l’acte de mémoire est-il fortuit (mémoire éruption) ou le fruit d’un effort de remémoration (mémoire reconstruction) ? Dans l’un et l’autre cas, on pourra envisager la relation entre les trois termes sous l’angle de l’ omission, de l’oubli ou au contraire de l’exhaustivité. Si dans les deux cas (trace et empreinte) le corps est engagé, on pourra aborder la mémoire et son rapport à la blessure, à la douleur : l’œuvre commise est-elle réparation, suture, ou au contraire simple cicatrice, stigmate d’un vécu douloureux ? En d’autres termes quelle est la fonction de cette trace ou de cette empreinte ? L’empreinte proche de l’impression nous amène aussi à envisager les relations entre perception et sensation, car la mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective, qu’elle participe d’une reconstruction ou d’un phénomène d’éruption est une forme de perception impressionniste : elle partage avec l’impressionnisme un mode de fonctionnement par association d’idées et sélection. La mémoire est un mixte de sensations et d’images dont le lien se fait par similitude ou contiguïté, ainsi un souvenir en appelle un autre de même qu’un point d’un tableau impressionniste n’est jamais lisible indépendamment des autres.

Un des objectifs de ce colloque sera de repenser le lien entre la mémoire et ses différentes formes d’expression : La mémoire s’exprime de manière privilégiée dans les œuvres introspectives et intimistes telles que le mémoire, genre littéraire de l’entre-deux à la croisée des annales, du journal intime et de l’autobiographie qu’il conviendra de redéfinir. Mais la fiction peut tout aussi bien se faire vecteur de mémoire lorsqu’il s’agit d’évoquer des événements marquant de l’Histoire ou la mémoire d’une personnalité en particulier. Il s’agit alors pour l’écrivain de faire œuvre de mémoire, de laisser une trace pour ceux qui n’en sont pas/ plus capables, ou de laisser une trace de textes/ d’œuvres antérieures. A cet égard des contributions sur la reprise d’œuvres canoniques, la façon dont les textes gardent la mémoire d’autres textes et toute autre forme d’intertextualité seront bienvenues.

Enfin un dernier axe pourra être envisagé, celui de l’exploration du lien entre Mémoire et espace puisqu’il n’est point de mémoire collective qui ne se déroule dans un cadre spatial (Halbwachs). On pourra dans ce cadre évoquer le monument artistique ; littéraire ou réel et explorer les liens entre architecture et texte. L’œuvre de commémoration de quelque nature qu’elle soit est tenue de construire et de perpétuer une mémoire – à commencer peut-être par la sienne propre – selon le postulat que les ouvrages célèbres des grands auteurs sont des monuments plus durables que le marbre. En cela la trace et le monument s’opposent, puisque l’une résulte d’une déformation, d’une rupture, d’un dépôt toujours susceptible d’être effacé, tandis que l’autre signifie sa présence de manière massive et dans sa matérialité pleine : la trace est de l’ordre du résidu involontaire nous dit Jean-Luc Martine[2], ce qui n’est pas le cas du monument qui fige la présence dans une forme d’éternité. Il conviendra donc de dépasser l’opposition monument/trace pour voir comment la Mémoire s’incarne dans certains lieux privilégiés (on pense au mausolée, à l’épitaphe, au monument funéraire, à certains sites historiques préservés et à tout type de monument destiné à honorer la mémoire de certains événements, groupes sociaux ou personnalités marquants).

Il s’agira donc de s’intéresser aux diverses formes d’expression littéraires, sociologiques, philosophiques et artistiques de la mémoire, qu’elle soit collective, familiale ou individuelle dans les cultures anglosaxonnes et hispaniques. Langues du colloque , l’anglais, l’espagnol et le français.

 

Les propositions de communication (environ 300 mots) accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique sont à transmettre par voie électronique pour le 31 mai 2017 aux organisatrices.

Elisabeth Bouzonviller (elisabeth.bouzonviller@univ-st-etienne.fr)

Floriane Reviron-Piégay (floriane.reviron.piegay@univ-st-etienne.fr)

Emmanuelle Souvignet (emmanuelle.souvignet@univ-st-etienne.fr)

 

CELEC Centre D’Études sur les Littératures Etrangères et Comparées EA 3069, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, France.

 

International and interdisciplinary conference: “Memories, Marks and Imprints”

November 20-21, 2017

 

Université Jean Monnet, Saint- Etienne, France

 

Organized by : Elisabeth Bouzonviller, Floriane Reviron-Piégay and Emmanuelle Souvignet

 

 

Call for papers

 

Memory as the faculty to keep and recall past states of consciousness and what is associated with them cannot be distinguished from the numerous forms adopted by its expression. If, at first, “marks” and “imprints” can be perceived as synonymous, their interconnections are more subtle and complex. Marks and imprints seem to involve the body rather than the intellect, on the other hand, memories seem more intangible and pertain to a more intellectual sphere. Nevertheless, they rely on the individual’s capacity to register impressions related to the body, in a manner which is more or less perfect or flawed. Despite the enmity between memory and writing pointed out by Plato’s Phaedrus, memory cannot be dissociated from the writing process with its deletions, erasures, drafting and re-writing, which are so many marks of it. Marks are far less formal than prints since marks are almost always linked to some sort of injury, abduction, aggression, which is not the case for imprints which rely on the input of material (Jacques Clauzel)[3]. This material aspect of things requires that we should consider the very nature of marks and prints: is the memory act accidental (outbreak memory) or is it the result of a remembering effort (reconstructing memory)? In both cases, we shall consider the relationship between the three terms from the standpoint of omission, oblivion or, on the contrary, comprehensiveness. If, in both cases (marks and imprints), the body is involved, memory and its relationship with injury and pain shall be considered: is the created work a remedy, a suture, or, on the contrary, a simple scar, a stigma of the painful past? In other words, what is the role of this mark or imprint? Imprints, which are related to impression, also lead us to think of the links between perception and sensation as memory –whether individual or collective, whether the result of an outbreak or a reconstruction– is a form of impressionistic perception: it works, like impressionism, by association of ideas and selection. Memory mixes sensations and images linked by similarities and closeness, thus a memory calls forth another one, like a dot, in an impressionist painting, which cannot be read independently.

One of the goals of this conference will be to reconsider the link between memory and its various ways of being expressed: memory particularly expresses itself in introspective and intimate works like memoirs, an in-between literary genre at the crossroads of annals, diary, autobiography, which will need to be redefined. But fiction can also convey memory when it tries to evoke significant historical events. The writer’s task is then to pay tribute, to make a memorial, to leave marks for those unable to do it or to leave traces of previous texts or works. In this respect, presentations on the contemporary use of canonical works, the way some texts recall other texts, and any other forms of intertextuality, will be welcome.

Lastly, another aspect could be considered; the link between memory and space, since collective memory necessarily involves a spatial frame (Halbwachs). Thus, the artistic monument, whether literary or real, might be studied, together with the links between architecture and text. No matter what its nature is, the memorial work is supposed to build and perpetuate a memory –maybe one’s own first– if we assume that famous works by great writers are more enduring monuments than marble ones. In that respect, marks and monuments are different since the formers are the result of a distortion, a rupture, a deposit that can always be erased, whereas the latter assert their presence massively and materially; marks pertain to unintended residues Jean-Luc Martine says[4], which is not the case of monuments as they freeze presence in a sort of eternity. It will then be necessary to go beyond the monuments/marks dichotomy to see how memory is embodied in certain specific places (like mausoleums, epitaphs, funerary monuments, historical conservation sites, any type of monument designed to pay tribute to certain events, social groups or memorable figures).

The various literary, sociological, philosophical or artistic forms of expression of memory in Anglo-Saxon and Hispanic cultures will be the object of interest of this conference, whether they are collective, familial or individual.

 

Presentations will be in English, Spanish or French.

 

Abstract (about 300 words) and short autobiographical notices should be sent by May 31st 2017 to:

 

Elisabeth Bouzonviller (elisabeth.bouzonviller@univ-st-etienne.fr)

 

Floriane Reviron-Piégay (floriane.reviron.piegay@univ-st-etienne.fr)

 

Emmanuelle Souvignet (emmanuelle.souvignet@univ-st-etienne.fr)

 

 

CELEC Centre d’Etudes sur les Littératures Etrangères et Comparées EA 3069, Université Jean Monnet, Saint-Etienne

 

Coloquio internacional e interdisciplinario

« Memoria, huellas y marcas »

 

20-21 de noviembre de 2017

Universidad Jean Monnet, Saint-Etienne

Organizadoras : Elisabeth Bouzonviller, Floriane Reviron-Piégay y Emmanuelle Souvignet

 

 

CONVOCATORIA

 

 

La memoria como « facultad de conservar y de recordar estados de conciencia pasados y todo lo que resulta asociado con ellos » no se puede disociar de las múltiples formas que puede tomar su expresión. Si, a primera vista, « memoria », « huella » y « marca » pueden considerarse como sinónimos, en realidad la relación que une los diferentes términos es más sútil y compleja. La huella y la marca parecen comprometer el cuerpo más que el intelecto; al contrario, la memoria parece más intangible, de orden más intelectual. Sin embargo, la memoria se funda en la capacidad del individuo para grabar de modo más o menos perfecto o incompleto impresiones que van unidas con el cuerpo. A pesar de la relación de enemistad entre escritura y memoria que Platón recuerda en el Fedro, la memoria no se puede disociar del gesto de escribir, del que el tachar, el rayar y el borrar son tantas huellas. La huella es mucho menos formal que la marca ya que en la huella casi siempre hay herida, desaparición, agresión, lo que no hay en la marca que procede por aporte de materia (Jacques Clauzel). Esa relación a la materia nos incita a considerar la naturaleza de la huella y de la marca: ¿es fortuito el acto de memoria (memoria erupción) o es el fruto de un esfuerzo de rememoración (memoria reconstrucción)? En ambos casos, se podrá examinar la relación entre los tres términos desde el punto de vista de la omisión, del olvido o, por lo contrario, de la exhaustividad. Si, en ambos casos (huella y marca), interviene el cuerpo, podremos cuestionar la memoria y su relación con la herida, con el dolor : ¿es la obra reparación, sutura o por lo contrario mera cicatriz, estigma de un doloroso vivir? En otros términos, ¿cuál es el papel de esa huella o de esa marca? La marca, que implica una forma de impresión, nos permite también considerar las relaciones entre percepción y sensación, porque la memoria, que sea individual o colectiva, que participe de una reconstrucción o de un fenómeno de erupción, es una forma de percepción impresionista: comparte con el impresionismo un funcionamiento por asociaciones de ideas y por selección. La memoria es una mezcla de sensaciones e imágenes cuyo enlace se hace por similitud o contigüidad; así un recuerdo convoca otro tal como un punto en el lienzo impresionista nunca se puede leer sin los demás puntos.

 

Uno de los objetivos de este coloquio será reflexionar sobre el vínculo entre la memoria y sus diferentes formas de expresión. La memoria se privilegia en las obras introspectivas e intimistas como las memorias, género literario de « l’entre-deux », que se sitúa en la confluencia de los anales, del diario íntimo y de la autobiografía que habrá que volver a definir. Pero la ficción puede también hacerse vehículo de memoria cuando evoca acontecimientos destacados de la Historia o la memoria de una personalidad en particular. El escritor hace entonces obra de memoria, deja una huella para aquellos que ya no pueden hacerlo, o deja una huella de textos u obras anteriores. Por eso ponencias sobre la recuperación de obras canónicas, sobre la manera como los textos conservan la memoria de otros textos y sobre cualquier forma de intertextualidad serán oportunas.

 

Por fin, como último eje se podrán explorar los nexos entre Memoria y espacio ya que no hay memoria colectiva que no pase por un marco espacial (Halbwachs). En este sentido se podrá evocar el monumento artístico, literario o real y explorar las relaciones entre arquitectura y texto. Cualquiera que sea la obra de conmemoración, debe construir y perpetuar una memoria –empezando quizás por la suya propia–, si seguimos el postulado según el cual las obras famosas de los grandes autores son monumentos más duraderos que el mármol.  En eso se oponen la huella y el monumento, ya que la primera es el resultado de una deformación, de una ruptura, de un sedimento que siempre pueda borrarse mientras que el segundo marca su presencia de manera masiva y en su total materialidad: la huella es residuo involuntario, como dice Jean-Luc Martine, mientras que el monumento paraliza la presencia en una forma de eternidad.  Se necesitará pues superar la oposición monumento / huella para ver cómo la Memoria se encarna en ciertos lugares privilegiados (pensamos por ejemplo en el mausoleo, en el epitafio, en el monumento funerario, en algunos sitios históricos preservados o en cualquier tipo de monumento cuya meta es honrar la memoria de acontecimientos, grupos sociales o personalidades notables).

 

Por lo tanto trataremos de interesarnos por las diversas formas de expresión literarias, sociológicas, filosóficas y artísticas de la memoria, que sea colectiva, familiar o individual, en las culturas anglosajonas e hispánicas.

 

Idiomas privilegiados para las ponencias : el francés, el inglés y el español.

 

Las propuestas (más o menos 300 palabras), con una breve reseña bio-bibliográfica, se deben transmitir a las organizadoras por correo electrónico antes del 31 de mayo de 2017.

 

Elisabeth Bouzonviller (elisabeth.bouzonviller@univ-st-etienne.fr)

Floriane Reviron-Piégay (floriane.reviron.piegay@univ-st-etienne.fr)

Emmanuelle Souvignet (emmanuelle.souvignet@univ-st-etienne.fr)

 

 

 

 

 

 

[1] Voir Jacques Clauzel et Pierre Dhainaut, « L’Autre qui est l’hôte : regards sur une collaboration », Choses tues : le trait, la trace, l’empreinte, éd. Marie Jocqueviel-Bourjea, Montpellier : Presses Universitaires de la Méditerranée, 2004, p. 120.

[2] « Le Monument ou le tombeau du sens : les idées de monument et de trace dans le discours des dictionnaires de Richelet à l’Encyclopédie. », Le Monument, la trace, éd. Yinsu Vizcarra, Caen : PU de Caen, 2008, 21.

 

[3] « L’Autre qui est l’hôte : regards sur une collaboration », Jacques Clauzel, Pierre Dhainaut, Choses tues : le trait, la trace, l’empreinte, éd. Marie Jocqueviel-Bourjea, Montpellier : Presses Universitaires de la Méditerranée, 2004, p. 120.

[4] « Le Monument ou le tombeau du sens : les idées de monument et de trace dans le discours des dictionnaires de Richelet à l’Encyclopédie. », Le Monument, la trace, éd. Yinsu Vizcarra, Caen : PU de Caen, 2008, 21.