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Entre le cœur et le diaphragme. (D)écrire les émotions dans la littérature narrative et scientifique du Moyen Âge (Louvain)

Entre le cœur et le diaphragme. (D)écrire les émotions dans la littérature narrative et scientifique du Moyen Âge (Louvain)

Publié le par Marc Escola (Source : Mattia Cavagna)

Colloque international à l'Université catholique de Louvain (8-10 décembre 2016)

Entre le cœur et le diaphragme. (D)écrire les émotions dans la littérature narrative et scientifique du Moyen Âge 

 

La codification écrite des émotions a toujours reposé sur une sorte d’aporie qui, de nos jours, est loin d’être résolue, même si la technologie numérique semble avoir trouvé une ‘solution’ dans les emoji ou emotikons (selon qu’on choisisse l’étymologie japonaise ou grecque). En 2015, l’Oxford Dictionnary a decerné le titre de « Word of the year » au ‘petit visage avec larmes de joie’ (Face with Tears of Joy emoji : ). Au-delà de l’anecdote, la pratique qui nous pousse à utiliser un double système, voire un code sémiotique hybride, confirme qu’il existe un hiatus entre la parole écrite et les réactions, sentiments, émotions qu’elle est censée refléter ou décrire. 

L’histoire des émotions a connu un essor très important dans les dernières années comme en témoignent les nombreuses publications récentes ainsi que les projets de recherche en cours dans différentes universités d’Europe et des Etats-Unis – publications et projets embrassant l’histoire, la linguistique, l’anthropologie, la littérature. L’année 2015 a vu la publication de quatre importants ouvrages consacrés à l’histoire et l’écriture des émotions dans la tradition médiévale, notamment les volumes collectifs Emotions in Medieval Arthurian Literature et La expresión de las emociones en la lírica románica medieval, ainsi que les monographies Sensible Moyen Âge. Une histoire des émotions dans l’Occident médiéval et Fisiologia della passione. Poesia d’amore e medicina da Cavalcanti a Boccaccio.

Notre colloque a l’ambition de contribuer à la réflexion en lançant le pari de croiser les approches de l’écriture scientifique et de l’écriture narrative autour de cette grande problématique. Nous sommes surtout intéressés de comprendre dans quelle mesure la littérature médicale et la littérature narrative ont pu avoir des influences réciproques dans le traitement, la description, voire l’analyse des émotions. 

Voici quelques possibles pistes de recherche :

  • Les notions de mélancolie, ire, colère etc. entre tradition romanesque / allégorique et théorie des quatre humeurs
  • Les auteurs qui se situent au carrefour entre écriture narrative et écriture scientifique, comme Evrart de Conty, Matfre Ermengaud, Dante Alighieri et bien d’autres, jusqu’à l’aube de la Renaissance.  
  • Les traductions qui contribuent à enrichir le vocabulaire – de l’arabe ou du grec vers le latin et ensuite vers les langues vernaculaires – et à diffuser un savoir qui sera différemment assimilé par les écrivains, d’où la place que nous accordons au mot « diaphragme » dans notre intitulé (emprunté au grec par l’intermédiaire du latin, il est attesté pour la première fois dans le Commencement de la sapience des signes, traité didactique du juif andalou Abraham ibn Ezra, traduit en 1273 ou 1274 par Hagin le Juif ; ensuite dans la traduction de la Chirurgia d’Henri de Mondeville. D’après le Speculum naturale, XXVIII, 6, qui reprend le Pantegni traduit en latin par Constantin l’Africain, le diaphragme fait partie, comme le cœur, des membra spiritalia et joue un rôle déterminant dans la gestion de la chaleur naturelle du corps). 

Les communications pourront embrasser à la fois les langues romanes, le latin et la tradition gréco-arabe. L’un des principaux objectifs de cette rencontre est de stimuler le dialogue entre les romanistes et les spécialistes de l’histoire des sciences, notamment de la médicine.

 

Les communications auront une durée d’environ 20-30 minutes.

Les propositions de communication, contenant le nom et l’affiliation institutionnelle du conférencier, accompagnées d’un résumé d’une dizaine de lignes, sont à envoyer à Grégory Clesse (gregory.clesse@uclouvain.be) avant le 15 avril 2016