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Imaginaires de l’eau (Meknès)

Imaginaires de l’eau (Meknès)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mokhtar Belarbi)

L'université Moulay Ismaïl
La Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Meknès
Et Le Groupe de recherche Littérature et communication
De concert avec
l’U.R C.E.R.E.S,
L’Équipe Cultures Herméneutique et Transmission de
l’Institut Catholique de Toulouse

Organisent les 26 et 27 mars 2020 un colloque international sous le thème :

 « Imaginaires de l’eau »

 

« L’eau est la maîtresse du langage fluide, du langage sans heurt, du langage continu, continué du langage qui assouplit le rythme, qui donne une matière uniforme à des rythmes différents. Nous n’hésiterons donc pas à donner son plein sens à l’expression qui dit la qualité d’une poésie fluide et animée, d’une poésie qui coule de source. » BACHELARD, G. (1942), L’Eau et les Rêves, Librairie José Corti, p.209.

Argumentaire :

L’eau est au cœur de la vie.  Plus que cela, elle est à l’origine de la vie. L’homme, depuis sa création,   a entretenu des rapports indéfectibles avec cette matière.  L’eau, en effet,  a hanté l’imaginaire de l’homme dans toutes les civilisations et dans toutes les cultures. Source de vie, mais également moyen de destruction et de dévastation, l’eau a toujours suscité chez les humains des  sentiments multiples, voire même contradictoires.  Elle est associée à la création et à la vie. Elle est  liée à la transformation et à la métamorphose. Elle symbolise la fertilité et la fécondité. Elle est un don de Dieu, mais peut devenir un moyen de châtiment des plus destructeurs. Elle est un moyen de purification et d’évasion. Elle est le lien entre le monde matériel et le monde immatériel, le monde sensible et le monde merveilleux

En Grèce antique, et chez les philosophes, notamment  Démocrite, Empédocle, Héraclès,  Thalès  et Socrate,  l’eau est l’un des quatre éléments qui fondent l’univers. Thalès a même vu en cette matière le premier élément qui fonde toute chose. Cette théorie a été développée  et a été appliquée à d’autres disciplines, notamment,  la cosmologie, la biologie, la médecine et même en diététique chez Hippocrate, entre autres.

Dans la mythologie gréco-romaine,  un nombre considérable de  Dieux et de Déesses sont originaires des eaux. Ainsi, par exemple, Océan, qui représente l’eau qui entoure le monde a épousé Téthys, qui n’est autre que l’incarnation de la fécondité « féminine » de la mer. De cette union, sont nés les dieux fleuves et les Océanides qui représentent les ruisseaux et les sources. Poséidon (Neptune, chez les romains),  après la victoire des Olympiens, est déclaré souverain suprême des Mers, des Océans, des Fleuves, des Sources, des Lacs. Amphitrite, fille de Nérée et épouse de Poséidon, apparaît toujours,  en compagnie de plusieurs divinités marines,  sur son char marin.  Aphrodite (Vénus chez les romains), fille d’Ouranos et  déesse de l'amour et de la fécondité, est née de l’écume des flots. D’ailleurs cette dernière  a obtenu de Zeus l’immortalité pour son fils, Enée, qui s’est noyé dans le fleuve Numicus. Et la liste est longue.

Dans la tradition Judéo-Chrétienne, l’eau est présente avec force. Dans La Genèse (1,1) et  avant la création du monde, un esprit (de Dieu) s’est penché « au-dessus des eaux. » Dieu ordonne également « Que les eaux fourmillent d'un fourmillement d'êtres vivants.»

Les symboles de l’eau en tant qu’élément purificateur font florès dans le texte biblique. Moïse a dû laver son corps et ses vêtements pour recevoir la Loi divine. Dans le psaume 55 de la Vulgate, c'est « l’eau qui lave les péchés du monde ». Dans le Nouveau Testament, Saint Jean le Baptiste administre le baptême au Christ dans les eaux du fleuve Jourdain. D’ailleurs, les rites de purification par l'eau sont nombreux, en l’occurrence dans les cas de l’ablution, de l’aspersion ou de l’immersion.  Rappelons que le poisson était le symbole majeur du christianisme primitif: «Nous autres, petits poissons, comme notre Poisson, le Christ-Jésus, nous naissons dans l’eau et nous ne sommes sauvés qu’en demeurant dans l’eau», écrit Tertullien. L’eau n’est pas seulement liée aux rituels judéo-chrétiens ou aux histoires des prophètes emblématiques, notamment Moïse et Jésus-Christ, mais elle apparaît également dans le langage de ceux-ci sur un mode métaphorique.  Jésus dans le Nouveau Testament, par exemple, dit: « qui boira l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai devient en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle.»

Il faut noter, par ailleurs que dans la tradition judéo-chrétienne,  l’eau n’est pas seulement un élément qui permet à l’homme de se purifier et d’accéder à un rang des plus importants, mais elle est l’un des moyens par lesquels le châtiment de Dieu se réalise. C’est par l’eau que les mécréants ont été punis par Dieu au temps de Noé. C’est par elle également que le pharaon est noyé et le peuple d’Israël est sauvé.

Cette même symbolique de l’eau se retrouve chez les musulmans avec quelques différences bien entendu. En Islam, l’eau est à l’origine de la vie : « A partir de l'eau, Nous avons constitué toute chose vivante » déclare ainsi dieu dans la Sourate des Prophètes (v-30). Dieu a ainsi créé Adam de terre mouillée. Pour sauver Ismaïl et sa mère Agar, Dieu a fait surgir du sol, au milieu du désert, la source de zamzam. A l’instar de Moïse et de Jésus-Christ, qui ont fait des miracles avec l’eau, le prophète Mohamed a fait surgir d’entre ses doigts l’eau qui a servi pour désaltérer ses compagnons assoiffés. De même, si Moïse a vaincu son ennemi le pharaon près de l’eau, le prophète Mohamed a remporté sa première victoire près des puits de Badr. Lors de la résurrection, dans la Sunna, les corps ressusciteront grâce à une pluie régénératrice. Les fidèles croyants et avant d’accéder au Paradis boiront l’eau de la main même du prophète Mohamed pour ne plus avoir soif. En bas du Paradis coulent des rivières. Et là aussi la liste est longue.

Soulignons par ailleurs que l’eau a retenu également l’attention des artistes de tous les domaines et de toutes les époques. Il y a ceux, notamment les romantiques, qui ont consacré une partie importante de leur production  à décrire la beauté de cette matière, sa transparence, sa clarté, sa limpidité, son ruissellement, son scintillement, son clapotis, le sentiment de bien-être qu’elle procure, les rêveries qu’elle déclenche, etc.

D’autres,  surtout les poètes baroques, les symbolistes ou les réalisateurs des films-catastrophes, ont met l’accent sur son rapport avec la mélancolie, la mort, le suicide,  bref, ce que Gaston Bachelard a appelé les « rêveries funestes » ou ont mis en valeur sa force destructrice.

D’autres encore, ont insisté sur sa dimension symbolique et ont mis en valeur ses vertus  fécondante, purificatrice, métamorphosatrice, miraculeuse, régénératrice, merveilleuse, etc.

Gaston Bachelard, qui a consacré une part importante de sa réflexion à l’eau,  a bien vu qu’elle représente la substance fondamentale qui structure toutes les autres substances. « Elle assimile tant de substance s’exclame ce philosophe! Elle tire à elle tant d’essences ! Elle reçoit avec égale facilité les matières contraintes, le sucre et le sel. Elle s’imprègne de toutes les saveurs, de toutes les odeurs. On comprend donc que le phénomène de la dissolution de solides dans l’eau, soit un des principaux phénomènes de cette chimie naïve qui reste la chimie du sens commun et qui, avec peu de rêve, est la chimie des poètes. » (Bachelard, G. (1942), L’Eau et les Rêves, José Corti, p.110.)

Le colloque international que nous organisons se donne pour objectif de sonder l’imaginaire des cultures et des artistes afin d’en dégager les différentes représentations, symboliques s’entend, de l’eau. Aucune aire temporelle ou spatiale ne sera privilégiée.

L’objet de ce colloque pourra se décliner sous plusieurs axes, en l’occurrence :

-Imaginaires de l’eau et religions

-L’eau et le mythe

-Représentation de l’eau dans la littérature

-Représentation de l’eau dans les arts

-Eau et philosophie

-Eau et développement

*

Comité scientifique :

Bernadette Rey Mimoso-Ruiz - Rabiâa Aadel- Driss Ait Zemzami -Sadik Alaoui Madani -Mokhtar Belarbi-Imad Belghit -Driss Benlarbi-Atmane Bissani-Mohamed  El Bouazzaoui- Mohamed El Kandoussi-Hind Lahmami - Hassan Manouzi- Hassan Moustir- Mohamed Ouhadi- Ali Rahali-–Driss Ridouani- Mohamed Semlali

Comité d’organisation :

Driss Aït Zemzami- Rabiâa Aadel-Mokhtar Belarbi- Imad Belghit-Toufiq ElAjraoui- Mohamed El Bouâzzaoui- Abdelali Hebbaj- Hind Lahmami Hassan Manouzi-Mohamed Laouidat- Sadik Alaoui Madani- Driss Ridouani- Hassana Zbir -Nisrine ElAdouli- Mohammed Nabih- Mohamed Ouhadi

Délais :

Les résumés de communications (300 mots en format Word 12 interligne simple) et un court CV sont à envoyer avant le 25 février 2020  à l’adresse suivante : imaginairesdeleau@gmail.com.

Les réponses du comité scientifique seront communiquées avant le 05 mars 2020.

Date et lieu du colloque :

Le colloque se tiendra les 26 et 27 mars 2020 à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Meknès-Maroc.

NB. Les frais du transport et de  l’hébergement sont à la charge des participants.