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Colas Breugnon aujourd'hui. Centenaire de l'œuvre de Romain Rolland (Dijon)

Colas Breugnon aujourd'hui. Centenaire de l'œuvre de Romain Rolland (Dijon)

Publié le par Marc Escola (Source : association Romain Rolland)

« Colas Breugnon aujourd’hui »

Célébration du centenaire de la publication de l’œuvre de Romain Rolland (1919)

Colloque organisé par l’Association Romain Rolland et la mairie de Clamecy

avec le soutien de l’Université de Dijon

Samedi 12 octobre 2019 à Clamecy (salle Romain Rolland)

 

Président d’honneur : Professeur Bernard Duchatelet

Président du comité scientifique : Jean Lacoste

 

Comité scientifique :

Claire Basquin, Jean-François Bazin, Olivier Bonnerot, Guillaume Bridet, Didier Chiche Fernand Égea, Céline Grenaud, Yves Jeanneret, Jean Lacoste, Roland Lemoine, Christian Rey, Jean-Louis Tissier 

Coordination des manifestations : Martine Liégeois, présidente de l’Association Romain Rolland

Actes du colloque à paraître aux Éditions universitaires de Dijon sous la direction de Jean Lacoste et Guillaume Bridet.

 

Le Colas Breugnon  de Romain Rolland est une œuvre à redécouvrir et peut-être à réhabiliter : écrite en 1913, mais publiée quelques années plus tard, en 1919, dans un contexte bien différent, après les drames de la guerre, les polémiques,  et le prix Nobel de littérature, elle s’inscrit en outre dans l’histoire familiale, personnelle, de Romain Rolland lui-même, qu’il a évoquée dans le chapitre sur « L’arbre » de son autobiographie, Le Voyage intérieur (1942) et qui demande à être explicitée. Un travail préalable d’exploration de la documentation disponible (notamment à la Société scientifique et artistique de Clamecy) devrait permettre d’éclairer la genèse secrète de l’œuvre et sa large réception, en France et à l’étranger. L’étude des nombreuses traductions peut en particulier se révéler féconde.

Ce roman à la structure originale se présente comme un journal intime qui embrasse à la fois une année complète de la Chandeleur (février) à l’Épiphanie (janvier), et une vie entière avec ses joies et ses drames. Cette autobiographie fictive relève en partie d’un genre,  le roman historique, toujours populaire, notamment quand il se déroule au début du XVIIe siècle, sous Henri IV, Louis XIII, la Fronde et, à cet égard, Colas Breugnon a sa place dans l’imaginaire collectif de la France.  Une comparaison s’impose également avec d’autres œuvres contemporaines comme Nono (1910) et Le Vieux Garain (1913) de Gaston Roupnel, mais aussi avec l’autre roman de Clamecy, Mon oncle Benjamin de Claude Tillier (1843), lointain mais probable modèle du livre, et exemple d’irrévérence.

Un des traits frappants de Colas Breugnon – cette chronique de « libre gaieté gauloise » ‑ est l’invention de sa langue, qui exploite un certain parler rural et n’écarte pas les mots du dialecte nivernais, mais qui associe cette liberté linguistique retrouvée à une langue savante, très construite,  qui s’inspire largement de la culture littéraire de cette période, avec de multiples emprunts à Plutarque, traduit par Jacques Amyot, à Montaigne et surtout à Rabelais, dont le protagoniste partage le culte de la « dive bouteille » et de la bonne chère. C’est toute une culture orale, de proverbes, de comptines, de chants, de tournures, que Rolland, en historien du peuple, intègre à une langue de haute culture. L’étude approfondie de ces allusions et de ces références (engagée dès 1980 par le prof. Duchatelet) montrerait aussi à quel point l’œuvre se déploie volontairement dans un territoire bien identifié, dans un terroir, dans une petite patrie (Clamecy et les alentours), un enracinement en Bourgogne qui  soutient l’ambition intellectuelle et la portée politique du récit.

L’historien ne manquera pas de s’interroger sur la justesse de l’image que Rolland donne de la religion et de la « croyance » au début du XVIIe siècle, entre satire légèrement anticléricale – « la messe du curé » – et religiosité panthéiste, dionysiaque – « la messe des champs » –. D’une manière générale, ce roman se veut le roman de la liberté revendiquée, dans les domaines de la religion et de la politique, mais aussi de la littérature et de la culture : c’est le roman de l’esprit frondeur et de la confrontation séculaire entre le « peuple » et les puissants. Malgré la part faite à la guerre, à la violence, aux malheurs du temps, il se présente comme une anticipation ironique et presque enjouée de la Révolution française et de l’émancipation démocratique : « Nous n’avons plus de chefs. – Soyez-les ». Aussi est-ce peut-être la notion de carnavalesque, au sens de Michaël Bakhtine, qui apporte le bon éclairage sur cette œuvre.

Quelques problématiques

Le Colas Breugnon de 1919 est-il un roman « bourguignon », régionaliste, une construction historique, ou une œuvre à portée universelle, cosmopolite, philosophique ?

Comment le lire aujourd’hui par une combinaison d’approches (historique, linguistique, sociologique etc.) ?

Comment rendre compte de sa dimension esthétique, de sa langue, de son rythme, des références culturelles ? Pourquoi l’œuvre a-t-elle suscité nombre d’illustrations (plastiques, musicales). Quelle est la nature de son oralité ?

Comment s’établit le lien entre ce récit et la personnalité de Romain Rolland, quelle est la part de l’autobiographie dans la genèse de l’œuvre ?

Que penser de la satire sociale et religieuse ? D’une manière générale, existe-t-il un Colas Breugnon politique ? A l’heure de l’écologie et de la ruralité moderne, quelle est l’actualité du roman ?

Soumission

Les propositions d’environ 250 mots suivis d’une brève bibliographie sont à envoyer pour le 30 janvier 2019 à Jean Lacoste (jean.lacoste-cra@wanadoo.fr

Les contributeurs retenus en seront avisés : fin février 2019.