Essai
Nouvelle parution
Claire de Ribaupierre, Le Roman généalogique. Claude Simon et Georges Perec

Claire de Ribaupierre, Le Roman généalogique. Claude Simon et Georges Perec

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)

Compte rendu publié dans Acta fabula (Printemps 2001, vol. 1, n°3) : Anne Simon, « Généalogie de la disparition »

 

Vient de paraître:

 

Claire de Ribaupierre, Le Roman généalogique. Claude Simon et Georges Perec,, Bruxelles, La Part de l'il, coll. "Théorie", 2002, 366 p. 32,20 Euros

Ce livre met en place la structure d'une double enquête:

Claude Simon et Georges Perec, dans La Route des Flandres, Les Géorgiques, LAcacia, W ou le souvenir d'enfance, La Vie mode d'emploi, questionnent leurs origines. Orphelins, ils font défiler sur la scène littéraire les parents disparus. Comme des détectives, ils scrutent les visages effacés des absents, repèrent des indices, recueillent des témoignages. Mais les souvenirs se confondent, les images se surimpriment. Alors la mémoire défaillante est soupçonnée : c'est l'archive photographique qui lui vient en aide, qui la supplée même parfois. Trace et preuve du passé, témoin d'une existence précédant la disparition, la photographie devient le moteur du récit, la source de l'écriture.

Lanalyse littéraire proposée ici use, elle aussi, du dispositif de l'enquête: elle tente de démêler les intrigues des textes tissés d'implicite, de recomposer les fragments d'une histoire familiale interrompue. Ce livre démonte les mécanismes de construction du roman généalogique: l'écrivain, en position de dernier-né, engendre, par l'écriture, une lignée d'ancêtres et de prédécesseurs aux parcours tragiques, grandioses, ou dérisoires. Létude met en évidence le rôle du lecteur et sa complicité avec le texte. Le lecteur, s'il s'engage dans la voie interprétative, risque fort de nen pas sortir indemne. Il endosse une certaine responsabilité dans le déroulement du récit; il partage un sentiment de culpabilité avec l'auteur qui, pour redonner vie aux disparus, les interpelle et réveille leurs corps fantômes, leur faisant jouer et rejouer encore leur agonie. Linterprétation génère donc une intranquillité, une hantise.