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Catulle Mendès et la République des Lettres  

Catulle Mendès et la République des Lettres

Publié le par Alexandre Gefen

Le Centre de recherche sur les Modernités littéraires prévoir d’organiser à Bordeaux, dans le courant de l’année 2009, un colloque d’une journée et demie sur

Catulle Mendès et la République des Lettres

 

 A l’occasion du centenaire de la mort de Catulle Mendès (né à Bordeaux en 1841 et mort à Saint-Germain-en-Laye en 1909), il paraît nécessaire de se demander pourquoi le personnage est tombé dans un oubli quasi-total, alors que son influence littéraire fut considérable au XIXe siècle et au début du XXe. Écrivain hors norme et en dehors des modes, directeur de journal et chroniqueur (La Revue fantaisiste, La République des Lettres, La Vie populaire, Gil Blas, L’Écho de Paris, Le Journal…), poète et dramaturge, librettiste, Mendès produisit une œuvre importante et multiple, sans négliger aucun genre littéraire. Gendre de Théophile Gautier par son mariage avec sa fille Judith, et beau-père d’Henri Barbusse (Hélyenne, l’une des filles qu’il eut de sa maîtresse Augusta Holmès épousa en effet l’auteur du Feu), sa vie privée est un roman qu’aucun biographe n’a encore narré. Au centre des activités littéraires du Second Empire et de la Troisième République comme l’attestent ses échanges épistolaires, Mendès joua un rôle considérable dans la publication de la poésie parnassienne et symboliste (Mallarmé) et dans la diffusion de la littérature naturaliste (Zola, Maupassant, Huysmans), contribuant à découvrir et à « lancer » des écrivains très différents grâce à ses connaissances et à son pouvoir dans la presse. Il fut ainsi le catalyseur de plusieurs courants littéraires parfois opposés : Parnasse, Symbolisme, Naturalisme, Décadence...

Un numéro spécial de La Licorne (2005), actes d’une journée-colloque, a récemment exhumé le Mendès poète parnassien, dramaturge et introducteur de Wagner en France, mais aucun ouvrage de synthèse n’a été consacré au romancier. On privilégiera donc l’œuvre du prosateur (romancier, conteur, journaliste, épistolier), et ses relations avec Zola, les réalistes-naturalistes (Cladel...), en utilisant diverses approches critiques : histoire littéraire, sociocritique, poétique, littérature comparée... Ses romans aux thèmes controversés (inceste, prostitution…) et ses nouvelles (Les Monstres parisiens dont l’édition originale atteint des prix élevés chez les collectionneurs ou Les Boudoirs de verre) pourraient donner lieu à des analyses textuelles afin de faire ressortir les modalités formelles, génériques et thématiques d’une écriture qui s’inscrit dans un champ littéraire mais joue sur des intertextes divers (Hugo, Goncourt, Zola). Par ailleurs, il serait également intéressant de voir dans quelle mesure Mendès, dont les œuvres figurent parmi les plus vendues après celles de Zola jusqu’en 1905, a contribué à l’essor commercial d’éditeurs comme Dentu et Charpentier. Au moment où des petites maisons d’éditions font le pari de rééditer ses romans (Zo’Har, La Femme-enfant…), il faudrait rendre la place qu’il mérite à ce polygraphe, pivot de l’histoire littéraire du XIXe siècle.

 

 

Noëlle BENHAMOU et Jean-Pierre SAÏDAH

 

Le site Gallica de la BNF met à notre disposition un grand nombre des textes en prose de Mendès.

Contacts : Noelle.Benhamou@wanadoo.fr et jpsaidah@wanadoo.fr

 

  • Œuvres de Catulle Mendès rééditées depuis sa mort

 

- Le Chercheur de tares, roman contemporain (1898), p.251-483 dans Romans fin-de-siècle, éd. établie par Guy Ducrey, Paris, Robert Laffont, Bouquins, 1999.

- La Femme-enfant, roman contemporain (1891), éd. Dominique Laporte, Lyon, Editions Palimpseste, Coll. Singuliers, à paraître 2007.

- L’Homme tout nu, roman (1887), préf. Patrick Grainville, Paris, Halliers, coll. Le Grenier ; 3, 1980, IX-303 p. [reproduction en fac-similé de l’édition Havard]

- Incendies, Paris, Stalker, coll. Dumping, 2006, 44 p.

- La Maison de la Vieille, roman contemporain (1894), éd. préf. et notes de Jean-Jacques Lefrère, Michaël Pakenham, Jean-Didier Wagneur, Seyssel, Champ Vallon, Coll. Dix-neuvième, 2000, 605 p.

- Méphistophéla (1890), prés. Jean de Palacio, Paris, Séguier, Bibliothèque décadente, 1993, 585 p.

- Les Oiseaux bleus (1888), prés. Jean de Palacio, Paris, Séguier, Bibliothèque décadente, 1993, 283 p.

- Le Roi vierge (1881), préf. Hubert Juin, Sens, L’Obsidiane, 1986, 185 p.

- Zo’Har (1886), préf. Michèle Friang, Lyon, Editions Palimpseste, Coll. Singuliers, 2005, 280 p.

  • Bibliographie sélective :

Il n’existe pas d’ouvrages de synthèse sur l’œuvre de Mendès. Tout au plus, trouve-t-on quelques études sur son théâtre et sa musique dans des journaux ou revues, et des articles et contributions dans des revues ou des actes de colloque.

 

- Catulle Mendès : l'énigme d'une disparition, études réunies et présentées par Patrick Besnier, Sophie Lucet et Nathalie Prince, Rennes, Presses universitaires de Rennes, La Licorne ; 74, 2005, 169 p. ill.

Réunit les contributions à la journée d'études organisée au Mans le 26 septembre 2003 par le GRESIL et l'UFR de Lettres de l'Université du Maine. Contient une bibliographie de Catulle Mendès (p.161-165). Textes de Patrick Besnier, Colette Cosnier, Guy Ducrey, Jean-Pierre Goldenstein, Françoise Lucbert, Sophie Lucet, Yann Mortelette, Timothée Picard, Nathalie Prince, Wolfgang Sabler.

- Laporte (Dominique), « L’illusion référentielle de La Femme-enfant, roman contemporain (1891), de Catulle Mendès, ou la stéréotypie de l’écriture artiste », Excavatio, vol. XVII, n°1-2, 2002, p.189-202.

- Laporte (Dominique), « “Mais le père est là-bas, dans l’île” (T. de Banville) : l’enjeu de la “paternité” hugolienne chez Catulle Mendès », Dalhousie French Studies, n°69, hiver 2004, p.15-21.

- Laporte (Dominique), « Catulle Mendès (1841-1909) : “Tellement complet comme Byzantin…” Prolégomènes à une exhumation », Les Cahiers naturalistes, n°81, à paraître 2007.

- VAUTHIER (Eric), « Catulle Mendès, nouvelliste cruel de la Décadence », Anales de filología francesa, n°14, 2006, p.233-250.

- VIBERT (Bertrand), « Rire grand siècle et rire fin de siècle : Catulle Mendès lecteur de Charles Perrault », Recherches et travaux (Université de Grenoble), n°67, 2005, p.145-165.